Wanda Mihuleac obtient un diplôme d’art graphique à l’Institut des beaux-arts de Bucarest en 1970. Elle s’engage activement dans le milieu artistique de la ville en tant que commissaire d’expositions et artiste au cours des années 1970. Elle y organise des expositions telles que Le Corps humain (faculté de médecine et de pharmacie Carol-Davila, 1975), Espace-Objet et Espace-Miroir (faculté d’architecture Ion-Mincu, respectivement 1982 et 1986) et présente ses œuvres aux Biennales de Venise (1972), Paris (1982) et São Paulo (1987).
Son intérêt pour l’art visuel et textuel la rapproche de la philosophie et de la poésie, donnant lieu à des œuvres conceptuelles pluridisciplinaires qu’elle défend comme dans l’exposition collective The Writing organisée en 1980 avec des artistes, écrivains, musiciens, et pour ses 101 Livres-Ardoises au Théâtre de Liège, Belgique (2019), dont certains ont été publiés en 2001 aux éditions Transignum (Paris). Elle est l’une des premières artistes roumaines à expérimenter simultanément la photographie, la performance et la vidéo. Fascinée par le conceptualisme, elle crée des photographies tautologiques dans lesquelles elle analyse les matériaux utilisés en écrivant « eau » en gouttelettes d’eau, « terra » en terre, « reflex » en miroirs et « ombre » grâce à une projection d’ombres.

En 1983, avec d’autres artistes roumain·e·s, elle rejoint le projet écologique international créé par le groupe Messagio Terrae, qui consiste à échanger sous forme d’art postal avec d’autres artistes du monde en expédiant des échantillons de terre à travers les frontières. Le lien entre le corps et la terre est mis en avant dans les projets psycho-écologiques de l’artiste. Dans l’un d’entre eux, une mise en scène filmée en 35 mm intitulée Paysage-corps (1978), le corps de la danseuse Raluca Ianegic est couvert d’herbe et de mousse de sorte à l’intégrer dans le paysage.
Le projet psycho-éco-logique présenté à la Biennale de Paris en 1982, est une structure en spirale couverte de mousse et de plusieurs miroirs, et initialement conçue comme une installation mixte accompagnée d’une bande son créée par le compositeur expérimental Octavian Nemescu. Son but est d’exprimer le lien éternel entre nature et culture – thématique centrale dans la pratique artistique de W. Mihuleac.
En 1987 et 1988, un groupe d’artistes roumains se filment et mettent en commun leurs vidéos sous le titre House PARTy. W. Mihuleac met en scène son propre corps : assise, elle tient devant elle une plaque triangulaire sur laquelle elle inscrit le mot « ART » ; elle la recouvre avec les pans de sa veste argentée, puis la découvre. Lorsqu’elle ouvre la veste, la plaque reflète la lumière et révèle un corps lumineux plutôt qu’un corps de chair.

W. Mihuleac obtient une bourse du ministère français de la Culture pour résider douze mois à la Cité internationale des arts de Paris en 1988, puis étudie à l’université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne en 1993-1994. Elle s’installe ensuite définitivement en France et obtient la nationalité française. Elle continue d’y produire une œuvre conceptuelle et des projets d’art corporel, comme Modèle déposé (2002). La Cité internationale des arts l’invite à présenter cette performance dans laquelle elle met en scène une danseuse dévêtue afin de questionner la pertinence du nu féminin dans le processus de création artistique.