Place aux artistes

PROJECTION EN LIGNE : MURMURES DE DISEUSES
01.11.2023 | Union Quoi? International·e
PROJECTION EN LIGNE : MURMURES DE DISEUSES - AWARE

Dear Kim Sisters in 1959 / Language / So Many Love Stories © Union Quoi? International·e

Le week-end des 16 et 17 septembre 2023, AWARE a accueilli le collectif Union Quoi? International·e à la Villa Vassilieff pour un événement intitulé « Murmures de diseuses », à l’occasion des Journées Européennes du p.matrimoine. L’intervention s’appliquait à activer l’espace d’AWARE en prolongeant ses vocations de centre de documentation, de recherche et de médiation à travers des ateliers ouverts questionnant la transmission matrilinéaire. Un programme de quatre court-métrages était projeté en continu au rez-de-chaussée, tous réalisés par des membres d’Union Quoi? International·e. Trois d’entre-eux vous sont proposés afin d’étendre, en ligne, cette toile d’araignée.

Ce programme est disponible pour une durée d’un mois (du 2 novembre au 2 décembre), à l’exception du premier film qui est permanent.

Les films sont introduits par Camille Simon Baudry, membre de Union Quoi? Internationale·e et autrice du premier film.

 

« Puisse mon histoire être belle et se dérouler comme un long fil… »
Leslie Marmon Silko telle que citée par Trinh T. Minh-ha dans Femme, Indigène, Autre, p.190 (Éditions B42)

 

PROJECTION EN LIGNE : MURMURES DE DISEUSES - AWARE Artistes femmes / women artists

So Many Love Stories © Camille Simon Baudry, 2023

SO MANY LOVE STORIES · Camille Simon Baudry · 7 min · 2023 · Anglais avec sous-titres FR ou EN activables

Des vagues, puis le silence, et le son de ta voix. Les premiers mots que j’ai croisés de Theresa Hak Kyung Cha étaient probablement ceux repris par Trinh T. Minh-ha dans son livre Woman, Native, Other (Femme, Indigène, Autre). C’était au printemps de cette année. Mais mon histoire avec Cha est plus ancienne. On ne choisit pas de se lier, ni d’être traversé·e par l’œuvre de quelqu’une·e. Il y a de cela deux ans peut-être, lorsque Yeongseo, qui fait la voix de ce film, m’a fait comprendre l’importance de Cha Hak Kyung, il y avait déjà ce « vent qui passe à travers notre chair » : le sentiment profond, sans doute assez sororal, solidaire, que quelque chose se passait. On ne choisit pas ses mères. On les éprouve, on les reconnaît. Le si peu de choses que je savais de Cha et de son travail me parcourait déjà d’une intensité aiguë, non pas car c’était un « choc » de faire sa rencontre, de découvrir son travail, mais parce que c’était un « choc » de constater combien ce peu de choses suffisait à comprendre tant et tant de kilomètres d’histoires communes et privées : tous les temps d’écritures, de veille, àla lueur d’une lampe, les soirées de douleurs, la détermination… Dans Minor Feelings, Cathy Park Hong évoque bien la vérité ou le caractère authentique et direct de l’écriture de Cha, sa façon de se saisir des langues, pour en contourner les modalités, déconstruire le fantasme de l’anglais parfait et construire sa propre mythologie. Elle parlait aussi des circonstances de la mort de Cha, dont la violence, non qualifiée, non reconnue, constitue encore aujourd’hui une plaie ouverte dans l’imaginaire des femmes asio-américaines, et de leurs filles. J’ai voulu faire un film qui permette à cet héritage de respirer, un bouche-à-bouche, comme celui fait par Cha tout en récitant les voyelles coréennes dans son vidéopoème Mouth to Mouth, d’entre les brumes de la statique d’un téléviseur, avant que ne surgisse le son de l’eau. Dans l’un des extraits de Femme, Indigène, Autre que nous avons choisi pour introduire Murmures de diseuses, ces mots de Trinh T. Minh-ha précèdent un extrait de Dictée, le livre iconique de Cha Hak Kyung : « Écouter attentivement, c’est préserver. Mais préserver, c’est brûler, car comprendre c’est créer. » Pour montrer à quelqu’un·e qu’on l’a écouté·e, que nous l’avons compris·e, il faut répondre, et pour répondre, il faut dire autre chose, quelque chose qui soit intimement impacté par notre échange : l’expression, sans doute périphérique mais éminemment vive, du monde sensible que nous partageons. C’est ainsi que j’ai conçu mon film.

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