Trinh T. Minh-ha, The Twofold Commitment, New York, Primary Information, 2023
→Trinh T. Minh-ha, When the Moon Waxes Red : Representation, Gender and Cultural Politics, Londres et New York, Routledge, 1991
→Trinh T. Minh-ha, Woman, Native, Other : Writing Postcoloniality and Feminism, Bloomington, Indiana University Press, 1989. La traduction française de ce recueil est parue chez B42 en 2022.
Trinh T. Minh-ha. Films, NTU Centre for Contemporary Art Singapore, Singapour, 17 octobre 2020 – 28 février 2021
→O cinema de Trinh T. Minh-ha, Caixa Cultural Rio de Janeiro, Rio de Janeiro, 20 octobre – 1 novembre 2015
→Trinh T. Minh-ha, la Sécession, Vienne, 7 mars – 22 avril 2001
Cinéaste, compositrice et écrivaine vietnamienne, états-unienne et française.
Traversant les sociétés et les cultures, le travail visuel, sonore, littéraire et théorique de Trinh T. Minh-ha interroge sans relâche les façons de se mettre et de mettre en relation.
Trinh T. Minh-ha grandit dans un Vietnam ravagé par la guerre, avant de quitter le pays en 1970 pour étudier aux États-Unis et en France. Sa formation est pluriculturelle et orientée vers la composition musicale, l’ethnomusicologie et la littérature francophone. Elle coïncide avec une expérience directe du colonialisme, du conflit armé et du déplacement, et façonne durablement sa pratique artistique et théorique.
Trinh T. Minh-ha compose plusieurs pièces musicales pendant ses dernières années d’études. Entre 1977 et 1980, elle mène des recherches de terrain au Mali, au Sénégal et en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) tout en enseignant l’analyse et la théorie musicales à Dakar. C’est là qu’elle développe un intérêt pour l’architecture vernaculaire et le cinéma ethnographique.
Après avoir réalisé quelques courts métrages silencieux aujourd’hui disparus, Trinh T. Minh-ha achève son premier moyen métrage, Reassemblage (1982), à partir de bandes enregistrées avec des communautés bassari, peule, diola, mandingue, sarakolé et sérère au Sénégal. Le film établit les « relations de multiplicité » comme principe éthique et esthétique fondateur de sa pratique, à travers une approche corrélationnelle de l’image, du son et du texte, le refus de s’en tenir à une perspective unique sur les cultures, les histoires et les sociétés, et l’engagement à accorder du temps et de l’espace à la fois aux personnes filmées et aux personnes spectatrices.
Délibérément non omniscients, les moyens et longs métrages réalisés par Trinh T. Minh-ha au cours des quatre décennies suivantes ont recours à des bandes récentes et des bandes d’archives enregistrées au Bénin, en Chine, au Japon, au Mali, en Mauritanie, au Sénégal, au Togo, aux États-Unis, en Haute-Volta et au Vietnam. Comme Reassemblage, Naked Spaces : Living Is Round (1985), Surname Viet Given Name Nam (1989), Shoot for the Contents (1991), A Tale of Love (1995), The Fourth Dimension (2001), Night Passage (2004) et Forgetting Vietnam (2015) sont des essais cinématographiques réunissant des formes que l’on associe habituellement au cinéma documentaire, de fiction ou expérimental. À travers des voix qui parlent « tout près » et parfois vacillantes, les films permettent un décentrement du sujet et une discussion critique avec l’anthropologie visuelle ainsi qu’avec la pensée féministe et postcoloniale.
Dans les années 1990 et 2000, Trinh T. Minh-ha étend sa pratique multisensorielle aux installations et réalise les courts métrages The Desert Is Watching (2003), Bodies of the Desert (2005) et Old Land New Waters (2007), qui sont d’abord présentés sous cette forme, puis comme des œuvres indépendantes.
La conception sonore de son long métrage What About China ? (2022) fait se superposer des voix, des incantations, des chants populaires et de la musique instrumentale à des séquences vidéo afin d’explorer la notion polysémique d’« harmonie » en la mettant en rapport avec les constructions hakkas circulaires d’habitation en communauté et les maisons ganlan sur pilotis en Chine.
Trinh T. Minh-ha a publié de nombreux essais littéraires, articles, entretiens, déclarations de principe, scénarios et poèmes. Son travail a été présenté dans des expositions collectives d’envergure, dont la biennale du Whitney (1987, 1993 et 2022) et la documenta (2002), et à l’occasion de rétrospectives à la Sécession (2001), au Caixa Cultural Rio de Janeiro (2015) et au NTU Centre for Contemporary Art Singapore (2020). Elle a reçu un prix du Women’s Caucus for Art pour l’ensemble de sa carrière en 2012.