Nuria Jetter (dir.), Anna Dorothea Therbusch in Berlin und Brandenburg. Werke, Technik, Kontext [Anna Dorothea Therbusch à Berlin et dans le Brandebourg. œuvres, technologie, contexte], Petersberg, Michael Imhof Verlag, 2024.
→Christina Lindeman, The Art of Anna Dorothea Therbusch (1721-1782), Amsterdam, AUP, 2024.
→Katharina Küster-Heise, Anna Dorothea Therbusch, geb. Lisiewska (1721-1782) : Eine Malerin der Aufklärung. Leben und Werk [Anna Dorothea Therbusch, née Lisiewska (1721-1782) : peintre des Lumières. Vie et travail], thèse de doctorat, Universität Heidelberg, 2008
Anna Dorothea Therbusch. Eine Berliner Künstlerin der Aufklärungszeit [Anna Dorothea Therbusch. Une artiste berlinoise du siècle des Lumières], Gemäldegalerie der Staalichen Museen zu Berlin, Berlin, 3 décembre 2021-10 avril 2022
→Der freie Blick. Anna Dorothea Therbusch und Ludovike Simanowiz : Zwei Porträtmalerinnen des 18. Jahrhunderts [La vue dégagée. Anna Dorothea Therbusch et Ludovike Simanowiz : Deux portraitistes du XVIIIe siècle], Städtisches Museum Ludwigsburg, Ludwigsburg, 17 novembre 2002-19 janvier 2003
→Anna Dorothea Therbusch (1721-1782). Ausstellung zum 250. Geburtstag im Kulturhaus Hans Marchwitza [Anna Dorothea Therbusch (1721-1782). Exposition pour le 250e anniversaire au centre culturel Hans Marchwitza], Kulturhaus Hans Marchwitza, Potsdam, 27 juin-25 juillet 1971
Peintre allemande.
Anna Dorothea Therbusch est l’une des peintres allemandes les plus importantes du XVIIIe siècle. Sa production, qui comprend plus de deux cent cinquante œuvres, est majoritairement constituée de portraits, mais aussi de tableaux d’histoire. Son talent lui a permis de devenir peintre de cour de l’Électeur palatin de Mannheim et membre des Académies de Stuttgart, de Bologne, de Paris et de Vienne.
Née à Berlin, A. D. Therbusch est la septième de neuf enfants. Elle a pour mère Maria Elisabeth Kahlow et pour père Georg Lisiewsky (1674-1750), portraitiste issu d’une famille polonaise réfugiée en Allemagne en raison de sa religion piétiste. La jeune fille se forme dans l’atelier de son père, mais sa sœur aînée, Barbara Rosina Lisiewska (connue par la suite sous le nom de Barbara Rosina de Gasc, 1713-1783), contribue probablement elle aussi à son éducation artistique. Bénéficiant des liens étroits de son père avec la famille royale prussienne, A. D. Therbusch jouit d’un accès privilégié aux collections royales, où elle étudie les maîtres néerlandais du XVIIe siècle et les peintres français rococo, tels Jean-Antoine Watteau (1684-1721) et Nicolas Lancret (1690-1743).
Dans les années 1740, A. D. Therbusch est établie comme artiste grâce à sa formation rigoureuse, au réseau étendu de sa famille et aux commandes qu’elle a reçues dès ses débuts. Toutefois, elle épouse en 1742 Ernst Friedrich Therbusch, issu d’une famille d’aubergistes, ce qui fait dévier sa trajectoire professionnelle. Probablement en raison d’une grossesse imprévue, ce mariage suspend sa carrière. Au cours des vingt années suivantes, elle donne naissance à cinq enfants et ne peut consacrer qu’un temps limité à la peinture.
A. D. Therbusch reprend sa carrière comme artiste professionnelle en 1761, à l’âge de quarante ans. Son style continue de se développer. De 1761 à 1764, elle travaille à la cour de Stuttgart et à celle de Mannheim, où elle reçoit d’importantes commandes. Les tableaux de cette période qui nous sont parvenus témoignent de son style distinctif et mature. Ses œuvres combinent une grande attention portée aux textures à une touche large, presque impétueuse. Elle devient célèbre pour son usage marqué des tons rouge et rose, en particulier dans le rendu des carnations. Ses portraits de personnalités de haut rang se caractérisent par leur réalisme dans la manière de représenter l’apparence et la personnalité de ses sujets.
De 1766 à 1768, A. D. Therbusch passe deux années à Paris et devient l’une des rares femmes, qui plus est étrangères, admises à la prestigieuse Académie royale de peinture et de sculpture. Elle reçoit d’abord le soutien de Denis Diderot, mais s’éloigne ensuite de lui. Elle rencontre aussi l’ambassadeur russe, le prince Dimitri Alexeïevitch Galitzine, qui achète plusieurs de ses œuvres.
Après son retour à Berlin en 1770, elle commence à signer ses œuvres « peintre du Roy de France », bien qu’elle n’ait aucune position officielle à la cour. Son œuvre compte des peintures d’histoire mythologique commandées par le roi Frédéric II de Prusse (Stiftung Preußische Schlösser und Gärten Berlin-Brandenburg) et plusieurs portraits de la famille royale prussienne, une commande majeure de Catherine II, aujourd’hui conservée au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Elle crée aussi des œuvres en collaboration avec son frère, Christoph Friedrich Reinhold Lisiewsky (1725-1794), qui ne portent que la signature de A. D. Therbusch. Grâce à son style unique et à sa carrière internationale, elle devient, au sein de la famille d’artistes Lisiewsky, celle qui obtient la plus grande célébrité et le plus grand succès.
Son iconique Selbstbildnis [Autoportrait], qui la représente en artiste lettrée, avec un monocle (Gemäldegalerie Berlin), est l’un des plus importants autoportraits de l’époque moderne. Créé en 1782, ce tableau laissé inachevé est considéré comme la dernière œuvre réalisée avant la mort de l’artiste, à l’âge de soixante et un ans.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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