Arcangeli, Ilaria, dans Ilaria Miarelli Mariani, Raffaella Morselli (dir.), et Ilaria Arcangeli, Roma Pittrice. Artiste al lavoro tra XVI e XIX secolo [Peintre romaine. Artistes féminines au travail entre le XVIe et le XIXe siècle], cat. exp., Museo di Roma – Palazzo Braschi, Rome [24 octobre 2024 – 4 mars 2025] Rome, Officina Libraria, 2024, pp. 371–372
→Bocchi, Gianluca, dans Anna Maria Bava, Gioia Mori, Alain Tapié (dir.), Le Signore dell’Arte. Storie di donne tra ‘500 e ‘600 [Les Dames de l’Art : Histoires de femmes entre les XVIe et XVIIe siècles], cat. exp., Palazzo Reale, Milan [2 mars – 25 juillet 2021], Milan, Skira, 2021, pp. 228–229, 322–323, n. 3.63
→Crispo, Alberto, “Pietro Paolo Cennini e la bottega degli Stanchi”, Parma per l’arte, new ser. 19, 2013, pp. 63–70
Le Signore dell’Arte. Storie di donne tra ‘500 e ‘600 [Les Dames de l’Art : Histoires de femmes entre les XVIe et XVIIe siècles], Palazzo Reale, Milan, 2 mars – 25 juillet 2021
→Roma Pittrice. Artiste al lavoro tra XVI e XIX secolo [Peintre romaine. Artistes féminines au travail entre le XVIe et le XIXe siècle], Museo di Roma, Palazzo Braschi, Rome, 24 octobre 2024 – 4 mars 2025
Peintre de natures mortes italienne.
Après être restée des siècles durant ignorée de l’histoire de l’art, Anna Stanchi est aujourd’hui identifiée comme un membre de la famille Stanchi, réputée au XVIIe siècle pour ses natures mortes luxuriantes. Ce n’est qu’au XXIe siècle que la peintre sort de l’obscurité, lorsqu’apparaissent sur le marché de l’art deux tableaux signés et datés : Tulipes, iris, jonquilles, œillets, jacinthes et autres fleurs (1643) vendu par Sotheby’s à Amsterdam en 2007 (et aujourd’hui conservé au Middlebury College Museum of Art) ; Vénus et Cupidon entourés d’un bouquet de fleurs (vers 1647), par Christie’s à Paris en 2010 (maintenant dans une collection privée). La redécouverte de ces œuvres permet de redonner enfin à A. Stanchi sa place dans une tradition artistique dominée par les hommes.
La parenté de l’artiste avec les frères Stanchi – Giovanni, Niccolò and Angelo –, mieux connus, est rapidement établie. De nouvelles recherches en archives révèlent qu’A. Stanchi est probablement née vers 1611, ce qui fait d’elle la cadette de la fratrie. À partir de 1641, elle vit avec ses trois frères Via Paolina, dans le centre de Rome, aux côtés de son époux, Claude Pionier (dates inconnues), artiste français méconnu.
Bien qu’elle ne soit jamais explicitement qualifiée de « peintre » dans les registres de la paroisse – ce qui reflète les biais de genre de son époque –, le recensement de 1644 liste tous les membres du foyer, dont A. Stanchi, comme « peintres ». Cette subtilité est signifiante et suggère qu’elle est considérée comme une contributrice active de l’atelier familial.
La preuve la plus flagrante de son activité artistique réside dans ses tableaux signés, sur lesquels elle inscrit la mention « Rome » et les dates 1643 et 1647. Ces signatures sont plus que de simples marques d’auctorialité : elles sont des affirmations de son identité, par lesquelles la peintre revendique sa place légitime au sein de l’atelier, où règne la collaboration, ce qui a longtemps conduit à attribuer plus volontiers à ses frères les œuvres produites. Comme le démontre la recherche, la famille Stanchi collabore de manière étroite et fréquente, ce qui complexifie l’identification des contributions individuelles. La faible différence d’âge entre A. et G. Stanchi – qui est généralement qualifié de chef d’atelier – ainsi que leur longue cohabitation et la qualité exceptionnelle des deux peintures signées d’A. Stanchi éclairent d’un nouveau jour les dynamiques de l’atelier. La peintre pourrait-elle avoir joué un rôle plus central que ce que l’on pensait jusqu’ici ?
Les inventaires d’éminentes collections romaines attribuent souvent les natures mortes de fleurs à G. Stanchi ou, de manière générique, à un « Stanchi » masculin. Un exemple échappe toutefois à cette règle : dans l’inventaire Chigi, une œuvre est attribuée à « la Stanchi » – cet indice nous laisse penser que la peintre pourrait avoir mis la main à davantage de pièces. On ne peut pas encore déterminer si elle a travaillé exclusivement à des compositions florales ou si elle s’est aventurée vers d’autres sujets, mais il est hautement plausible qu’elle ait contribué à plusieurs tableaux actuellement attribués à ses frères. Par exemple, il semble très probable qu’elle soit l’autrice de la Guirlande au Christ parmi les docteurs (Anhaltische Gemäldegalerie, Dessau) : la manière lâche dont les fleurs sont entremêlées rappelle le fragment de guirlande de 1643, et les deux lys dans la partie centrale haute ainsi que la bordure de perles entourant la scène sont identiques à ceux du tableau de 1647.
La guirlande datée de 1647, conservée en collection privée, est présentée pour la première fois depuis la vente à Milan en 2020, lors de l’exposition Le Signore dell’arte. Storie di donne tra ‘500 e ‘600 [Les Dames de l’Art : Histoires de femmes entre les XVIe et XVIIe siècles], puis en 2024 à Rome, au Palazzo Braschi, dans le cadre de l’exposition Roma pittrice. Artiste al lavoro tra XVI e XIX secolo [Peintre romaine. Artistes féminines au travail entre le XVIe et le XIXe siècle]. Ces deux événements font connaître au grand public l’art délicat d’A. Stanchi.
En collaboration avec le Museo di Roma – Palazzo Braschi dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025