Epstein, Ariela, Batia Lishansky, Tel Aviv, 1988
→Dagon, Yoav, Batia Lishansky, Herzliah, Herzliah Museum, 1982
Homage to Batia Lishansky, Artists House, Tel Aviv, mars – avril 1986
→Batia Lishansky, Lim Gallery, Tel Aviv, 1970 et 1977
→Batia Lishansky, Tel Aviv Museum of Art, Helena Rubinstein Pavilion, 1962
Sculptrice israélienne.
Batia Lishansky est lauréate du prix Israël de sculpture (1986), du prix d’art Dizengoff (1944, 1957) et du prix d’honneur décerné par la Ville de Tel Aviv (1983).
La vie de cette sculptrice, spécialisée dans les monuments commémoratifs et les portraits, reflète l’univers d’une artiste femme dont l’œuvre mêle vie privée et engagement pour le collectif idéologique auquel elle appartient, dans le contexte d’un siècle marqué par de nombreux bouleversements historiques. Son parcours personnel et le développement de sa pratique artistique offrent un regard sur l’attitude de la société israélienne naissante à l’égard des artistes et de leur rôle au sein de celle-ci.
En 1910, B. Lishansky émigre avec sa famille en Palestine ottomane. Les traumatismes vécus lors de son enfance en Ukraine ont fait d’elle une enfant introvertie et sensible. Elle a trois sœurs : Sarah, Tamar et Rachel (Rachel Yanait Ben-Zvi, l’une des cheffes de file du mouvement travailliste israélien et future épouse du deuxième président de l’État d’Israël, Yitzhak Ben-Zvi). Toutes sont des femmes indépendantes et pionnières qui apportent leur soutien à B. Lishansky au cours de sa carrière artistique singulière.
B. Lishansky étudie au lycée hébraïque de Jérusalem et à l’Académie Bezalel des arts et du design (1919). Elle quitte cette dernière en 1920 pour continuer ses études à l’Académie des beaux-arts de Rome, puis rejoint le groupe de pionniers du « Gdud HaAvoda » (bataillon du travail) et devient l’une des fondatrices du kibboutz Eïn-Harod (1921). Mais en 1923, son désir de se rapprocher à nouveau du monde de l’art la pousse à quitter le kibboutz et à retourner en Europe pour étudier la sculpture à l’école d’arts appliqués de Berlin. Elle s’installe ensuite à Paris en 1925 pour compléter ses études à l’École des beaux-arts. Elle y découvre les œuvres d’Auguste Rodin (1840-1917), qui influenceront profondément sa pratique, et participe pour la première fois à des expositions collectives. Durant cette période, elle poursuit sa pratique du dessin, à laquelle elle s’adonne en parallèle de la sculpture. En 1929, elle retourne en Israël et s’installe à Tel Aviv, où elle vivra jusqu’à sa mort en 1992. Elle y travaille dans un atelier exigu aménagé dans son appartement modeste de la rue Nahum. Aujourd’hui, seul un petit écriteau installé à l’entrée du bâtiment par la municipalité de Tel Aviv commémore la longue carrière de l’artiste au sein de la ville.
Sa première sculpture monumentale – et sans doute la plus célèbre d’entre elles – est son monument Travail et défense (1937) au kibboutz Houlda. Les êtres humains constituent toujours les éléments centraux de ses œuvres, que ce soit dans ses portraits, qui saisissent l’essence d’une figure, ou dans ses mémoriaux, où les individus sont réunis sous la forme d’un collectif puissant et symbolique. Dans ses compositions libres, les idées et les émotions sont exprimées à travers les postures et gestes du corps humain. Ses monuments, portraits et miniatures traduisent les tourments d’une artiste totale, d’une créatrice et d’une lesbienne contrainte de définir son identité de genre dans une société qui valorisent alors l’unité, le socialisme et le mouvement travailliste.
B. Lishansky entretient des liens profonds marqués par un soutien mutuel avec ses sœurs et sa mère, ainsi que des liaisons complexes et passionnées avec d’autres créatrices, notamment la peintre Anna Neumann (1906-1955), qui sera sa compagne durant de nombreuses années. Dans les dernières années de sa vie, elle est soutenue dans son travail par son étudiante et amie Ariella Epstein, qui administre ses biens et entretient sa mémoire après sa mort. De son vivant, B. Lishansky lègue quelques sculptures et portraits au musée Beït Hashomer du kibboutz Kfar-Guiladi. En 2020, le musée inaugure une reconstitution de son atelier, où figurent notamment des modèles et dessins préparatoires de ses œuvres. Ses archives personnelles sont conservées à l’institut de recherche sur le mouvement travailliste Pinhas Lavon à Tel Aviv.
Partenariat avec Artis
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022