Běla Kolářová, Photographies 1956-1964, Alfortville, Revue K, 1989
→Běla Kolářová, Objets et assemblages = Objekty a asambláze, Alfortville/Prague, Revue K/Torst, 1993
Běla Kolářová, Egon Schiele Art Centrum, Český Krumlov, 20 septembre 2003 – 2 mai 2004
→Běla Kolářová, Raven Row, Londres, 31 janvier – 7 avril 2013
Plasticienne tchèque.
Bĕla Kolářová crée, avec son mari Jiri Kolář, une œuvre expérimentale qui s’articule autour du langage et de la forme, de la structure de l’objet et de la géométrie. Marqué par l’ironie dadaïste et le constructivisme, son travail est protéiforme : photographie, assemblage, installation, dessin. Au cours des années 1950-1960, elle explore des mécanismes photographiques traditionnels, en mettant au point des négatifs artificiels ; elle n’utilise ni caméra ni appareil, mais seulement la chambre noire. Là où la lumière dessine, l’artiste assemble et colle les objets de son choix. Elle se détourne rapidement de l’idée de représenter la réalité de manière objective. Aussi, pour exprimer plus directement ses réflexions, elle invente de nouvelles techniques et fonde son travail sur l’observation scrupuleuse d’objets en les détournant de leur fonction. Au milieu des années 1960, elle réalise ses premiers assemblages, où des objets banals, extraits du quotidien et du monde féminin, sont fixés à même la toile : la série Hair (1964) ; Lipstick Sampler (1965) ; Sharp Circle (1967). La dissolution des éléments concentriques d’Untitled (1968-1972) témoigne par la suite de la radicalité de son œuvre, qui devient de plus en plus abstraite et structurelle : pour la toile Variations: Two Triangles (1968), elle déconstruit et assemble des formes répétitives pour créer un ensemble informel, proche de l’expressionnisme lyrique.
Elle est l’une des artistes tchèques les plus représentatives de l’abstraction géométrique. À la même époque, elle opère des « déréalisations » : en modifiant ses anciennes photographies, elle propose une nouvelle série, se rapprochant parfois de l’esthétique des photocollages. Elle est proche du groupe Křižovatka (« intersection »), fondé en 1964, qui propose une approche singulière de la réalité, libérée de l’existentialisme. De 1980 à 1999, la plasticienne, ainsi que son mari, s’installe à Paris. Elle accorde alors un rôle fondamental à ses assemblages, utilisant toujours des objets féminins, comme dans Rouleaux de cheveux bruns (1980). Son travail récent témoigne des réflexions menées sur l’espace et la perception, tel Untitled (2005), trois plaques de verre incrustées de motifs, installées dans l’espace. Jusqu’à la fin de sa vie, B. Kolářová a multiplié les expérimentations pour révéler de nouveaux moyens d’expression, entre abstraction et réalité.