Goodman, Jonathan, « Cai Jin: Return to the Source », Brooklyn Rail, juillet – août 2013
→Wei, Lilly, « Cai Jin », Art in America, 31 octobre 2013
→Archer, Carol, « Womanly Blooms: Cai Jin’s Beauty Banana Plant Paintings », n.paradoxa, Londres, KT Press, 2012
Cai Jin in Hanart’s Botanical Garden, Hanart TZ Gallery, Hong Kong, 28 novembre 2020 – 2 novembre 2021
→Cai Jin: Return to the Source, Chambers Fine Art, New York, 17 avril – 24 mai 2014
→Beauty Banana Series: The Art of Cai Jin, Goedhuis Contemporary, Londres, New York, 2003
Plasticienne chinoise.
Cai Jin (蔡锦) vit et travaille à Beijing. En 1986, elle entame des études en beaux-arts à l’Université normale de l’Anhui, à Wuhu, où elle étudie l’art européen de la fin du XIXe siècle. Elle cite les maîtres modernes tels que Vincent van Gogh (1853-1890) comme premières sources d’inspiration. Diplômée en 1989, elle part à Beijing pour étudier la peinture à l’Académie centrale des beaux-arts de Chine. Cai J. arrive en ville à la suite de la fameuse exposition China/Avant Garde, première grande rétrospective d’art contemporain, qui s’est tenue au musée d’Art national de Chine. Durant les deux années qu’elle passe à Beijing, elle découvre nombre d’artistes et de pratiques expérimentales et radicales. Après qu’elle a reçu son diplôme en 1991, son œuvre commence à apparaître dans plusieurs expositions notables, comme China’s New Art, Post-89 (1993, Hong Kong) et Mao Goes Pop : China Post-1989 (1993, Sydney, musée d’Art contemporain d’Australie). Ses tableaux attirent l’attention, d’autant que Cai J. est l’une des rares femmes dans un milieu de l’art dominé par les hommes. Par la suite, elle expose dans des événements dédiés aux femmes, dont Nǚxìng yú huā [Femmes et Fleurs, 1997, Beijing], organisée par Liao Wen, conservatrice féministe pionnière, et Breakthrough : Work By Contemporary Chinese Women Artists (2013, Brunswick, Bowdoin College). Par ailleurs, l’esthétique féministe de son œuvre a été abondamment commentée et l’artiste, quand on l’en presse, corrobore cette analyse.
L’instinctivité est un trait bien connu de Cai J., puisqu’elle met toujours en valeur le processus créatif – le rendu des coups de pinceau et le sentiment de la peinture qui en émerge –, ainsi qu’une palette éclatante, voire fluorescente, reconnaissable entre toutes. Elle considère les expressions gestuelles et le travail de marquage comme des composantes capitales de ses tableaux. La notion de hasard y joue également un rôle, puisque Cai J. ne planifie généralement pas son travail et s’essaie à une approche plus expérimentale de la peinture.
En 1995, Cai J. se met à peindre directement sur des objets du quotidien – des matelas, des canapés et des selles de vélo –, d’abord dans un effort apparemment radical d’en faire à la fois des accessoires et des sculptures. Plus tard, ce sont des baignoires, des coussins et des housses de couette ainsi que des chaussures pour femmes, qu’elle trouve dans des magasins d’occasion pendant ses années new-yorkaises (1997-2007). Elle en badigeonne la surface de tons sang-de-bœuf variés, plaçant parfois les chaussures sur ou dans une baignoire contenant des housses de couette imbibées de peinture rouge foncé. Les installations qui en résultent véhiculent une certaine intranquillité, comme si le spectateur ou la spectatrice était témoin d’un incident traumatique impliquant un corps absent.
Cependant, Cai J. est surtout connue pour sa série de tableaux, étalés sur plus de vingt ans, qui convergent vers l’image de la banane plantain. La série Měirénjiāo [Banane de beauté] commence en 1991 ; depuis, l’artiste a réalisé plus de quatre cents grandes toiles. Ces œuvres jubilatoires, surréalistes et densément peintes dans des tons rouges et roses représentent une série de feuilles mûres et tombantes qu’elle a vues lors d’une visite dans sa ville natale de Tunxi. Ces fruits charnus, mûrs, en spirale, et leurs étuis feuillus évoquent pour elle la sexualité féminine, mais aussi la décomposition et la mortalité. Ce genre de composition, avec sa répétition des cycles de la nature, se poursuit quand l’artiste change de sujet de prédilection en 2008 avec sa série Fēngjǐng [Paysages]. Ces œuvres semblent moins contrôlées, tant dans leur technique que dans leur sujet : une myriade de formes flottantes, organiques, bactériennes et cellulaires, évoquant des graines éparpillées, de la flore et des masses cotonneuses comme des nuages.
En 2016, Cai J. reçoit le prix de créativité du Zhu Naizheng Art Prize. Aujourd’hui, elle partage son temps entre sa pratique artistique et l’enseignement à l’Académie des beaux-arts de Tientsin.