Duguet Marie, Fujiko Nakaya : Brouillard, Paris, Anarchive, 2012
Moss Garden. Fog Garden #07172, Le Vent des Forêts, Fresnes-au-Mont, 2011
→Fujiko Nakaya, Veil, Glass House, New Canaan-Conn, 2014
→Fujiko Nakaya, Cloud Installation #07240, Standing Cloud, domaine de Chaumont-sur-Loire, 2018
Plasticienne japonaise.
Fujiko Nakaya est formée à la High School of Japan Women’s University de Tokyo puis au sein de la Northwestern University d’Evanston dans l’Illinois (États-Unis) et commence sa carrière comme peintre. Sa première exposition personnelle a lieu à la Tokyo Gallery en 1962. En 1966, elle donne une autre direction à son travail : elle rejoint le groupe Experiments in Art and Technology (EAT), fondé par Billy Klüver – celui-ci la conseillera par la suite dans le développement technique de son œuvre –, qui réunit ingénieurs et artistes, puis elle devient, en 1969, la représentante de l’EAT à Tokyo. À l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka en 1970 et de la construction du pavillon Pepsi, F. Nakaya réalise un brouillard artificiel (Fog Sculpture #47773) qui enveloppe l’extérieur du bâtiment : c’est sa première sculpture de brouillard. L’artiste déploie dès lors des environnements immersifs et instables qui en font une des pionnières dans ce domaine, tout en se consacrant parallèlement au médium vidéo.
Dans ces environnements artificiels élaborés à partir d’une installation technique qui diffuse, par un système de buses, des milliers de gouttes d’eau, l’artiste cherche à reproduire l’effet d’un brouillard naturel. Dans cette perspective, F. Nakaya utilise les dynamiques liées à l’air et au vent afin que son travail soit le plus proche possible des processus naturels. À partir des années 1970, ces environnements, toujours en extérieur et perpétuellement changeants, sont envisagés par l’artiste comme des œuvres dont nous devons vivre pleinement l’expérience. Ces brouillards deviennent aussi des lieux partagés dans le cadre de nombreuses collaborations. Tel est le cas avec David Tudor en 1974 – Fog Environment for David Tudor Concert (Project) – sur l’île de Knavelskär en Suède, avec Trisha Brown en 1980 pour la chorégraphie Opal Loop au cours de laquelle elle produit son premier brouillard d’intérieur, que traversent les danseurs, ou encore, la même année, avec Bill Viola, où dans la vallée de la rivière Ojika, au Japon, elle crée une sculpture de brouillard (Fog Sculpture/Performance #47690) pendant que lui improvise un concert. Le numéro associé au titre correspond toujours au code international de la station météo où l’œuvre prend place.
Depuis plus de quarante ans, F. Nakaya développe une recherche sur l’impermanence de l’œuvre et conçoit ses environnements/sculptures de brouillard en fonction des données physiques du lieu et des conditions atmosphériques. Cette « conversation avec le vent », selon ses beaux mots, est une manière de proposer une œuvre dont l’image varie constamment et de se laisser surprendre par ses changements infinis. En France, son travail est rarement montré. C’est le projet Vent des forêts, dans la Meuse, qui l’a invitée pour la première fois en 2011. F. Nakaya a réalisé à Nicey-sur-Aire un brouillard temporaire (Moss Garden. Fog Garden #07172) qui depuis est réactivé chaque printemps et transforme ce fragment de paysage, qui est alors aménagé comme un jardin japonais. On a pu également voir son travail lors de l’exposition Dynamo (Paris, Grand Palais, 2013), pour laquelle F. Nakaya a installé un brouillard temporaire dans le bassin des nymphes devant l’entrée du Grand Palais.