Liao Chengzhi, Selected Paintings by He Xiangning, Zhongguo Shuju, 1997
→Chen Shan, Chronicle Biography of He Xiangning, Guangxi People’s Publishing House, 2016
Rétrospective, He Xiangning Art Museum, Shenzen, 27 juin – 7 octobre 2018
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He Xiangning art exhibition, Guangzhou Museum of Art, Guangzhou, du 20 septembre – 7 octobre 2012
Révolutionnaire, politicienne, activiste féministe et peintre chinoise.
Née dans une famille aisée, He Xiangning a, dès son plus jeune âge, la volonté de s’affranchir de son milieu et de certaines coutumes de l’époque, tel le bandage des pieds, tenu pour un symbole de beauté dans la culture chinoise. Elle obtient de son père l’autorisation d’étudier, pendant un temps, comme ses frères dans une école privée.
Mariée en 1897 à Liao Zhongkai – l’un des futurs leaders du Kuomintang, parti nationaliste chinois –, H. Xiangning le rejoint et s’installe à Tokyo en 1903. À son arrivée, elle s’inscrit rapidement à la Japan Women’s University et devient l’une des premières Chinoises à faire des études au Japon. Rapidement, tous deux rencontrent le révolutionnaire chinois Sun Yat-sen – considéré comme « le père de la Chine moderne » – et figurent dès lors parmi les premiers membres du Tongmenghui, mouvement révolutionnaire anti-impérialiste créé en août 1905.
Bien qu’elle nourrisse une passion pour l’art depuis l’adolescence, ce sont les prémices de sa carrière politique qui sont à l’origine de son activité artistique. Comprenant qu’il est nécessaire que quelqu’un participe à la conception des emblèmes et drapeaux révolutionnaires, elle s’inscrit, en 1909, à la Hongo Women’s School of Fine Arts à Tokyo. Elle y apprend notamment l’art de la peinture animalière avec l’artiste japonais Tanaka Raishō, fameux peintre de style traditionnel nihonga.
De retour en Chine en 1916, le couple s’installe à Shanghai pour promouvoir la cause révolutionnaire. H. Xiangning est notamment nommée ministre des Droits des femmes dans le gouvernement nationaliste de S. Yat-sen et organise le premier rassemblement de la Journée internationale des femmes en Chine, le 8 mars 1924.
Dès lors, le style pictural de H. Xiangning est influencé par l’école de Lingnan, l’un des courants modernes de peinture chinoise, fondée par les artistes de renom, tels Chen Shuren et Gao Jianfu dont elle suit les cours. Elle garde un ancrage solide dans la culture chinoise, avec l’utilisation de couleurs délicates, et à la fois adopte les coups de pinceau méticuleux caractéristiques de la peinture japonaise. Ainsi, ses œuvres résultent d’un savant mélange, issu des techniques occidentales et de la peinture traditionnelle à l’encre, qui témoigne de son engagement dans un art profondément nouveau. Si ses sujets de prédilection sont les fleurs (Chrysanthèmes, 1913), les animaux et les paysages (Paysage, 1929), les travaux de H. Xiangning ne peuvent être uniquement définis comme décoratifs. Le motif du prunier en fleur, récurrent dans son iconographie (Red Plum Blossoms, 1953), symbolise avant tout dans la culture chinoise le courage, la pureté et l’intégrité. De la même manière, quand elle choisit de représenter un tigre ou un lion – tantôt en action (Tigre, 1910 et Tigre, 1935), tantôt contemplatif (Lion, 1914) –, la figure de l’animal incarne d’abord le patriotisme de l’artiste et plus largement celui des révolutionnaires chinois.
Grâce à son implication dans l’édification de la nation et à sa capacité à fusionner son art avec son idéologie politique, H. Xiangning se distingue des autres artistes femmes de son époque. Aujourd’hui, ses œuvres s’inscrivent aussi bien dans l’histoire de l’art chinois que dans l’histoire de la révolution nationale et traduisent en premier lieu l’amour profond d’une artiste envers son pays. Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, elle occupe de nombreux postes au sein du gouvernement et est élue, en 1960, présidente de l’Association des artistes chinois·e·s. En 1995 est fondé le He Xiangning Art Museum dans la ville de Shenzhen. Inauguré en 1997, il est le premier musée national chinois à porter le nom d’un·e artiste. Il abrite également la plus importante collection d’art moderne du pays, après celle du National Art Museum of China. Depuis 2003, cette institution organise de nombreuses expositions de ses peintures dans différents musées chinois. En 2017, l’art de H. Xiangning est célébré à l’Ueno Royal Museum et à la Joshibi University of Art and Design à Tokyo. Enfin, en 2018, afin de fêter le cent quarantième anniversaire de sa naissance, une rétrospective majeure est consacrée à la vie et à l’œuvre de l’artiste.