Verley Jean-Luc (dir.), Survival Art, cat. expo., musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris (12 février – 16 mars 1975), Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 1975
Survival Art : Hessie ARC 2, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 12 février – 16 mars 1975
→Hessie : Silence, BF15, Lyon, 8 avril – 28 mai 2016
Plasticienne franco-jamaïcaine.
De cette artiste cultivant le mystère et l’anonymat, nous savons qu’elle a vécu un temps à New York et qu’elle s’est mariée avec le peintre Dado (Miodrag Djuric). Se méfiant des discours, Hessie préfère laisser parler ses œuvres pour elle. Elle choisit une pratique artistique anonyme, la broderie. Utilisant des matériaux ordinaires (lin, coton, aiguilles, boutons), elle renverse la hiérarchie des arts. Longtemps déconsidérés, les travaux d’aiguille conquièrent l’espace sacré de la toile, symbole d’une histoire de l’art écrite par les hommes. Ainsi, elle fait partie de ces « Nouvelles Pénélopes » – dixit la critique d’art Aline Dallier – qui s’approprient un langage proprement féminin pour le subvertir. Dans un jeu de figuration et d’abstraction, de pleins et de vides, elle élabore un vocabulaire d’une grande complexité, contrevenant aussi à l’image de la broderie comme étant une pratique simpliste et archaïque.
Dans une dominance de vide, les boucles s’enchaînent et s’enchâssent, donnant naissance à une flore semblable à des nénuphars (Végétation, 1978). À l’inverse, dans Sans titre (1978), les symboles mystérieux emplissent la toile dans une répétition aliénante jusqu’à saturation. Ces formes primaires semblent flotter, se déplacer, comme en mutation perpétuelle. De ce langage codé mais libre, affranchi du poids de l’histoire, de ces fils tissés, se dégage une certaine tension, comme si quelque chose de vital était en jeu, de l’ordre de la survie. Survival Art : c’est ainsi que l’artiste qualifie ses œuvres et sous ce titre qu’elle les expose à l’Arc en 1975 puis à Combative Acts, Profiles and Voices d’A. Dallier en 1976 à New York. Malgré l’intérêt que lui porte le collectionneur Daniel Cordier ainsi que son indéniable contribution à la révolution des arts textiles, Hessie reste une artiste marginale.