Anne Rivière (dir.), Sculptur’elles, les sculpteurs femmes du XVIIIe siècle à nos jours, cat. exp., musée des Années trente, Boulogne-Billancourt (2011), Paris, Somogy, 2011
→Anne Rivière, Dictionnaire des sculptrices, Paris, Mare & Martin, 2017
→Claire Boisseroles, Stéphane Ferrand & Amélie Simier (dir.), Transmission-transgression, maîtres et élèves dans l’atelier : Rodin, Bourdelle, Giacometti, Richier…, cat. exp., musée Bourdelle, Paris (3 octobre 2018-2 février 2019), Paris, Paris Musées, 2018
Sculptrice et dessinatrice roumaine.
Irina Codreanu (Irène Codréano ou Irène Codreanu) est née à la fin du XIXe siècle à Bucarest, en Roumanie. De 1915 à 1918, elle suit une première formation artistique à l’Academia de Belle-Arte de Bucarest auprès des peintres Dimitrie Serafim (1862-1931), Ipolit Strâmbu (1871-1934) et Cecilia Cuțescu-Storck (1879-1969). En 1919, elle se rend à Paris pour continuer ses études ; sa sœur, la danseuse Lizica Codreanu, l’y rejoint quelque temps plus tard. I. Codreanu assiste aux cours de sculpture dispensés par Antoine Bourdelle (1861-1929) à l’académie de la Grande Chaumière jusqu’en 1924. Elle apparaît sur des photographies de groupe aux côtés d’autres élèves d’A. Bourdelle, parmi lesquel·le·s Margaret Cossaceanu-Lavrillier (1893-1980), Athanase Apartis (1899-1972) et Alberto Giacometti (1901-1966). De 1922 à 1928, elle fréquente l’atelier de Constantin Brancusi (1876-1957) et devient son assistante. Comme en témoignent des photographies, durant cette période les deux sœurs sont présentes dans l’atelier du sculpteur roumain, celui-ci faisant poser L. Codreanu dans un costume qu’il a créé. Introduite dans les cercles de Montparnasse et membre de la communauté artistique roumaine de la scène parisienne, la sculptrice collabore aux revues d’avant-garde roumaines Contimporanul et Integral.
En plus de la sculpture, I. Codreanu s’adonne au dessin, au pastel, à l’aquarelle, autant de pratiques visibles dans son exposition personnelle organisée en 1926 à Paris. Cette même année, elle sculpte un portrait de l’artiste égyptienne Daria Gamsaragan (1902-1986), emblématique de la synthèse qu’elle opère à cette époque entre la sculpture d’A. Bourdelle et celle de C. Brancusi. En 1937, elle figure dans une exposition collective à Berlin, aux côtés d’autres artistes roumain·e·s tel·le·s que C. Brancusi et M. Cossaceanu-Lavrillier. Elle se spécialise dans les portraits et prend part aux salons parisiens : au Salon d’automne de 1921 à 1945, au Salon des indépendants en 1922 et au Salon des Tuileries de 1923 à 1948. Elle s’intéresse aussi aux recherches sur le torse et le nu féminin. Elle réalise des têtes polies en bronze, pierre et polyester, à la fin de sa vie, dans un style qui a été rapproché de celui de C. Brancusi, mais expérimente également des formes dynamiques, comme dans la Sirène de 1928. Elle expose à Bucarest en 1937, et des rétrospectives de son travail y sont organisées en 1968 et 1975, puis en 1976 au Muzeul Național de Artă al României qui conserve un grand nombre de ses œuvres. I. Codreanu apparaît également dans des expositions d’artistes femmes, à Bucarest en 1939, à Paris et à Cologne en 1970. À partir de 1945 et jusqu’en 1965, elle envoie régulièrement des dessins et sculptures aux expositions de l’Union des femmes peintres et sculpteurs à Paris. Elle reçoit la médaille d’argent de la Ville de Paris en 1968 et devient officière des Arts et des Lettres en 1977.