Tait, Peta, ‘Performing Ghosts, Emotions, and Sensory Environments’, in Stevens, Lara, Tait, Peta and Varney, Denise (dir.), Feminist Ecologies: Changing Environments in the Anthropocene, Londres, Palgrave Macmillan, 2017
→Marsh, Anne, Performance, Ritual, Document, Melbourne, Macmillan Publishers, 2014
→Marsh, Anne, ‘The “I” in the Gaze: aspects of the body and the self in performance works by Jill Orr’, in Jill Orr: Performance Documentation 1978-1988, Melbourne, The Australian Centre for Contemporary Art, 1989
The Promised Land Venice, Venice International Performance Art Week, Venise, décembre 2012
→Lunch with the Birds (photographies), The Beach, Heide Museum of Modern Art, Melbourne, 1994
→Bleeding Trees (performance), Sydney Biennale, Art Gallery of New South Wales & Powerhouse Museum, Sydney, avril – mai 1979
Performeuse australienne.
Les performances de Jill Orr sont à la fois poétiques et politiques, et se distinguent par leur intérêt constant pour les thématiques environnementales. L’artiste utilise l’impact sensoriel de son corps pour susciter une réaction viscérale aux dégâts infligés au paysage australien et, ce faisant, crée des images inoubliables annonciatrices de la préoccupation croissante de l’art contemporain pour la crise climatique ces dernières années. Initialement formée à la sculpture, J. Orr est une figure importante du mouvement naissant de la performance artistique en Australie dans les années 1970. Au cours des décennies suivantes, elle aborde à travers son style de mise en scène unique un vaste éventail de problématiques sociales, politiques et environnementales. Elle étudie également l’enseignement des arts plastiques et effectue des travaux de recherche de troisième cycle dans cette même discipline (RMIT University, Melbourne, 1994, PhD Monash University, Melbourne, 2012).
Avec des œuvres telles que Bleeding Trees [Arbres sanglants, 1979], J. Orr entame un cycle de performances physiquement exigeantes au cœur du paysage australien. Dans celles-ci, elle enfonce son corps contorsionné dans la terre ou l’attache à des arbres dans plusieurs sites de la région de Victoria. Ainsi, elle entre en dialogue avec, voire joue le rôle des arbres brisés ou abîmés par la négligence ou l’ingérence humaine. Plutôt que d’émettre une critique directe de la représentation des femmes dans l’histoire de l’art, ses images se servent de la vulnérabilité du corps nu comme d’une extension de la violence commise contre et dans l’environnement australien. L’artiste a qualifié cet usage du corps dans l’environnement de « baromètre émotionnel », comme une manière de traduire l’impact émotionnel de la dévastation environnementale à travers son incarnation physique. Ses œuvres sont des « performances pour la caméra », à savoir des œuvres in situ conçues en tant qu’images. Les clichés de la performance Bleeding Trees sont projetés lors d’une performance publique à l’occasion de la 3e Biennale de Sydney en 1979. Qu’elles soient présentées comme œuvres d’art à part entière ou accompagnées de performances, ces images dédoublent le corps de J. Orr dans le temps et l’espace. Œuvres publiques comme photographies sont traitées à la manière de performances minutieusement mises en scène et soigneusement structurées afin de recréer ce que l’artiste nomme « images imaginées ».
Les performances de J. Orr déploient souvent leur symbolisme à travers l’usage de costumes et d’accessoires. Dans la série Southern Cross to bear and behold [Croix du Sud à porter et à contempler, 2009], l’artiste, vêtue d’habits du XIXe siècle, traverse un lac salé sur les terres ancestrales du peuple Djurid Balug de la tribu des Wotjobaluk. Sa « protagoniste missionnaire » porte une croix enflammée dont l’éclat contraste avec l’étendue de sel blanc, comme une vision apocalyptique d’un présent australien marqué par son passé. Elle fait également référence à l’une de ses œuvres antérieures, Walking on Planet Earth [Marcher sur la planète Terre, 1989], dans laquelle, vêtue d’une robe de style colonial, elle brandit un parapluie enflammé. La répétition de cette action futile au cours de sa carrière suscite une analogie entre le colonialisme européen et la crise climatique. Ce choix hautement symbolique de matériaux comme le feu, la glace, la cendre, la terre et l’eau place le corps dans une situation de destruction ou de danger, mais aussi de transformation. Dans Antipodean Epic [Épopée des antipodes, 2015-2016], le corps humain s’est mué en un trio de créatures post-humaines parées de cosses de graines, qui deviennent ainsi les incarnations vivantes des angoisses que peuvent générer la pénurie alimentaire et la perte de la biodiversité. Ici, l’œuvre n’examine pas les conséquences des dégâts environnementaux, mais imagine plutôt l’avenir de notre rapport à la terre.
Les œuvres de J. Orr sont présentes dans plusieurs collections majeures, dont celles de la National Gallery of Australia. Elle a notamment effectué des performances publiques lors de la semaine inaugurale de la Biennale de Venise en 2012, ainsi qu’à la Bipolar Performance Art Meeting de Sopot, en Pologne, en 2014.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring