Itohan Osayimwese, « Invisible Woman: Reclaiming Josephine Ifueko Osayimwese Omigie in the History of the Zaria Art Society and Postcolonial Modernism in Nigeria », African Arts 52, no. 2, 2019, p. 66-79
→Zaria Art School (1955-1990): Catalogue of an Exhibition by Students and Lecturers of the Department of Fine Art and Industrial Design, cat. d’exp., Ahmadu Bello University, Zaria (mai – juin 1990), Lagos, Repro Crafts Limited, 1990
→Josephine Osayimwese, « Adire Cloth », Egghead: Ahmadu Bello University Fine Art Department Magazine, juin 1963, p. 6-7
Plasticienne nigériane.
Josephine Ifueko Omigie (née Osayimwese) est la première femme à entrer à la plus ancienne école d’art moderne du Nigeria, le Nigerian College of Arts, Science and Technology (l’actuelle Ahmadu Bello University à Zaria). Elle fait ses études secondaires à Ede, centre historique de l’art yoruba de l’adire, une technique de teinture avec réserve au manioc et à l’indigo, qui bénéficie d’un regain d’intérêt dans l’art et la culture yoruba moderne. À la fin des années 1950, J. I. Omigie et ses camarades de classe font des sorties scolaires au cours desquelles il·elle·s visitent l’atelier de l’artiste Susanne Wenger (1915-2009), qui s’est installée dans la région, s’est convertie à la religion yoruba et développe alors une pratique mêlant canons esthétiques yoruba et éléments de surréalisme et d’abstraction européens. En 1958, J. I. Omigie s’inscrit dans la section d’arts plastiques de l’université de Zaria, où elle obtient une licence en arts et un diplôme de professeure d’arts plastiques. La même année, un groupe d’étudiants fonde la Zaria Art Society dans l’intention de formuler un nouveau vocabulaire de l’art nigérian, à la frontière du modernisme et de la tradition. J. I. Omigie est alors déjà bien au fait de ces idées grâce à son immersion dans l’atmosphère dynamique de l’Ede des années 1950. Il semblerait qu’elle ait rejoint la Zaria Art Society en 1959 – elle sera la seule femme à en être membre. Ainsi, elle fait partie des cercles d’artistes que l’ex-mari de S. Wenger, un éditeur et critique allemand, rencontre lorsqu’il visite l’établissement en 1960 et promeut le travail audacieux de certain·e·s des élèves. Au cours des années 1960 et 1970, J. I. Omigie enseigne l’art à l’Edo College de Benin City, au Lagos City College, au Yaba College of Technology et au Queen’s College de Lagos, avant d’être nommée vice-principale, puis principale du Federal Government Girls’ College à Benin City. Elle parvient néanmoins à conserver une modeste pratique artistique et à présenter ses œuvres. Des recherches sont actuellement en cours pour identifier ces expositions.
J. I. Omigie fait partie de la première classe d’étudiant·e·s de la section d’arts plastiques de l’université de Zaria à bénéficier d’une spécialisation en design textile. Sa pratique, fortement influencée par l’adire yoruba, s’axe donc principalement sur le travail du tissu. L’une de ses tentures murales, datée de 1970 et réalisée à l’aide de cette technique, montre deux femmes : l’une assise, de profil, et l’autre dans la pose consacrée de la femme nigériane portant une calebasse sur la tête. À l’opposé de tout réalisme, les membres des femmes s’allongent en ramifications qui se mêlent aux multiples lignes, points, motifs festonnés et triangles qui occupent toute la surface de l’œuvre. On trouve des motifs similaires dans bon nombre de pièces vestimentaires (boubous et dashikis) créées par J. I. Omigie. Sa palette de couleurs privilégiant l’indigo, le blanc et les rouges, ainsi que son vocabulaire de formes primaires et géométriques, évoque clairement les tissus adire. Cependant, sa volonté d’éviter toute allusion directe à la culture yoruba ou à toute autre mythologie ethnique témoigne de son désir d’identifier un nouveau langage artistique, à la fois moderne et nigérian. Outre son travail textile, l’œuvre de J. I. Omigie compte également plusieurs céramiques signées datant des années 1950. Tout au long de sa vie, l’artiste a conservé d’étroits liens professionnels et amicaux avec ses ancien·ne·s camarades d’école, les membres de la Zaria Art Society et les célèbres artistes nigérians Solomon Irein Wangboje (1930-1998) et Bruce Onobrakpeya (né en 1932).
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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