Carroll, Khadija von Zinnenburg, James Boyce, Brigita Ozolins, Fugitive History : the Art of Julie Gough, Crawley, UWA Publishing, 2018
→Ryan, Judith, « Disquiet and Resistance in the Art of Julie Gough », Artlink, vol. 33, n° 2, June 2013, p. 72-76
→Gough, Julie, « Messages Received and Lately Understood », Australian and New Zealand Journal of Art, vol. 2, 2001, p. 155-162
Tense Past: Julie Gough, Tasmanian Museum and Art Gallery, Hobart, 7 juin-3 novembre 2019
→The Lost World, Part 1 and Part 2. Part 1 : Contemporary Art Studios Tasmania, Hobart, 24 avril – 26 mai 2013 ; Part 2 : Cambridge University Museum of Anthropology and Archaeology, Cambridge and Contemporary Art Tasmania, Hobart, 23 octobre – 30 novembre 2013
→Rivers Run, Cairns Regional Gallery, 5 février – 14 mars 2010 ; Devonport Regional Gallery, septembre 2011
Vidéaste et créatrice d’installations et d’œuvres in situ australienne.
L’Australie de Julie Gough est hantée par la violence de la colonisation. Dans ses vidéos, ses installations ou ses réalisations in situ, les éléments historiques officiels qui documentent cette brutalité sont juxtaposés à la banalité et à la vie quotidienne dans des œuvres poétiques qui mettent en relief l’impact d’un colonialisme qui reste d’actualité.
J. Gough vit à Lutruwita (Tasmanie) depuis 1993 et la plupart de ses œuvres sont centrées sur l’histoire particulière de cette partie troublée de l’Australie. Par sa mère, c’est une Trawlwoolway, et sa famille constitue une part essentielle de sa volonté de refaçonner les récits officiels de la colonisation de la Tasmanie, en particulier ce qui touche à la vie de son ancêtre Woretemoeteyenner, fille du chef aborigène Mannalargenna. C’est dans ce contexte-là que J. Gough se centre sur les peuples aborigènes qui ont été dépossédés (tels que Woretemoeteyenner), comme une riposte à l’effacement des vies des peuples autochtones de Tasmanie. Outre son histoire familiale, l’art, l’écriture et l’activité liée au commissariat d’expositions de J. Gough s’appuient sur des recherches universitaires. Elle est titulaire d’un doctorat de l’université de Tasmanie et d’une maîtrise du Goldsmiths College de Londres, ainsi que de licences en arts visuels, préhistoire et littérature anglaise.
J. Gough nous oblige à nous confronter au passé en nous faisant prendre connaissance de documents historiques tels que des journaux intimes et des données chiffrées de massacres ayant eu lieu à l’époque contemporaine en Australie. Dans Missing or Dead (2019), elle présente cent quatre-vingt-cinq affiches montrant des enfants aborigènes « disparus » ou « morts » dans les arbres de Queens Domain, un parc public de Hobart, chaque affiche reprenant un cas tiré des archives de la colonie entre 1800 et 1850. Certaines affiches contiennent des détails macabres et explicites de cette violence et, lorsque le public passe entre chaque affiche de ce mémorial éphémère, l’effet de masse lié au nombre de ces enfants fait partie intégrante de l’expérience physique ressentie à la vue de l’œuvre et du site.
Lorsqu’elle expose en galerie, des objets remplacent les corps absents de l’histoire. Des branches d’arbre à thé légèrement courbées et taillées comme des lances sont regroupées à l’intérieur du cadre d’une chaise, chacune portant le nom d’un enfant volé dans Some Tasmanian Aboriginal Children Living with Non-Aboriginal People Before 1840 (2008). Des stéréotypes aborigènes matérialisés sous la forme d’objets éphémères kitsch sont réalisés en cire et suspendus comme des têtes de trophée sous la forme de l’Union Jack dans Imperial Leather (1994), parodiant la marque anglaise de savon du même nom, populaire en Australie. Ses œuvres ont un côté étrange qui imprègnent des objets inanimés de la vie du passé.
Bien que la recherche historique sous-tende sa pratique, son travail s’adresse à ses contemporains. Dans Observance (2012), une vidéo cachée montre des randonneurs traversant le bush autour du pays ancestral de J. Gough, Tebrikunna (aujourd’hui Cape Portland), dans le nord-est de la Tasmanie, leur traversée du paysage étant entrecoupée de mots clés tels que « mousquet » et « poudre à canon », en anglais et en trawlwoolway. Les spectateurs sont ainsi obligatoirement confrontés à l’appropriation continue des terres aborigènes par les colons et à la manière dont la domination du paysage et de la langue perpétue la violence historique.
Avec plus de vingt expositions personnelles réalisées au cours de sa carrière, l’importance de J. Gough dans l’art contemporain australien a été saluée par une rétrospective majeure au Tasmanian Museum and Art Gallery en 2019. Ses œuvres font partie des collections de grandes institutions telles que la National Gallery of Victoria et la National Gallery of Australia.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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