Edelson Mary Beth, Watkin Mel, Mary Beth Edelson, Washington, Washington Project for the Arts, 1989
→Edelson Mary Beth, Firsthand : Photographs by Mary Beth Edelson, New York, Seven Cycles, 1993
→The Art of Mary Beth Edelson, cat. expo., Gettysburg College, Gettysburg (septembre – octobre 2000), New York, Seven Cycles, 2002
Mary Beth Edelson: The Devil Giving Birth to the Patriarchy, David Lewis, New York, 2 février – 12 mars 2017
→Mary Beth Edelson: Nobody Messes with her, Kunsthalle Münster, Münster, 15 décembre 2018 – 10 mars 2019
Photographe états-unienne.
L’œuvre de Mary Beth Edelson est profondément marquée par le Feminist Art Movement, très actif aux États-Unis dans les années 1970, dont les membres – artistes féministes – fondent de nouvelles écoles, ouvrent des galeries alternatives sous forme de coopératives, lancent de nouveaux magazines et militent contre la faible représentation féminine dans les musées et autres lieux d’exposition. Riche des expériences et des luttes de ce mouvement, son travail est difficile à décrire tant il est protéiforme. En quête de l’histoire perdue des femmes, la photographe s’appuie sur une iconographie aussi diverse que les mythes celtiques, l’histoire de l’art européen, les films de Hollywood, les rituels chamaniques, la spiritualité religieuse, et utilise la plupart des médiums à sa disposition : sculpture, peinture, photographie, affiches, livres, estampes, collages, installations et performances. Elle s’inscrit en 1947 au cours du samedi à l’Art Institute de Chicago. Très tôt, elle milite au sein du Mouvement des droits civiques en faveur de l’abolition de la ségrégation raciale. En 1958, elle poursuit ses études à l’université de New York, obtient son Master of Fine Arts en 1959, puis enseigne au Montclair State College (New Jersey). Après son mariage avec un avocat, elle s’installe à Indianapolis, où elle fonde la Talbot Gallery. Choquée par les comportements sexistes de son entourage, elle prononce son premier discours féministe en 1968 à l’Herron Art Museum. Elle part ensuite pour Washington, où, professeure à la School of Art, elle expose régulièrement ses œuvres à la Henri Gallery.
À la suite d’un mouvement de protestation des artistes féminines, provoqué par l’absence de femmes à la Corcoran Biennial de Washington en 1971, la Corcoran Gallery of Art lui demande d’organiser, l’année suivante, la première conférence sur les femmes et l’art, « Art Women in Visual Arts », ainsi qu’une série de séminaires sur le sujet. C’est à cette période qu’elle réalise une affiche qui deviendra célèbre : Some Living Women Artists/Last Supper (1972) : détournant la célèbre Cène de Léonard de Vinci, elle utilise la technique du photomontage pour remplacer les têtes du Christ et des apôtres par des portraits d’illustres artistes féminines ; ainsi, Georgia O’Keeffe incarne le Christ ; Lee Krasner, Louise Bourgeois, Yoko Ono, elle-même, entre autres, des apôtres. L’œuvre est bordée d’une frise composée de plus de 50 photographies d’artistes contemporaines vivantes. Outre sa volonté d’identifier et de commémorer ses aînées américaines, elle proteste également contre l’éviction des femmes par la religion chrétienne, notamment des postes de direction. Publiée dans maintes revues, distribuée dans de nombreux lieux d’art féministe, cette affiche est devenue une véritable icône. De retour à New York en 1975, la photographe est immédiatement invitée à participer à la première exposition de la galerie associative A. I. R. (Artists in Residence), créée à SoHo en 1972 par des femmes artistes à l’intention de leurs consœurs. Depuis 1970, M. B. Edelson étudie les mythes, les rituels, les symboles féminins et s’intéresse à la psychanalyse de Jung. Ces recherches l’amènent, aux côtés d’Ana Mendieta et de Hannah Wilke, à mettre en valeur l’imagerie des déesses, de la Grande Mère et des figures telles que Sheela-Na-Gig et Baubô, qu’elle met en relation avec les mythes féminins contemporains : en 1977, elle fait un pèlerinage sur le site préhistorique de la grotte de Grapçeva, sur l’île Hvar en Croatie, où elle se livre à des cérémonies sacrées invoquant la déesse Énergie. Les photomontages des rituels qu’elle réalise à cette occasion cherchent à rendre compte du pouvoir de la spiritualité prépatriarcale. Au cours des années 1990, elle s’attaque à l’image stéréotypée des femmes fatales du cinéma hollywoodien – Mae West (1893-1980), Judy Garland, Marlene Dietrich, Marilyn Monroe –, transformant le caractère glamour de ces séductrices en féministes radicales, brandissant des armes à feu. Pendant ses trente ans de création artistique féministe, M. B. Edelson s’est attachée à réécrire les codes artistiques pour y inclure, à partir de son propre engagement et de ses propres expériences, celle de toutes les femmes dans l’histoire, la religion, la culture et la politique.