Poklečki Stošić, Jasminka (dir.), Nasta Rojc. Kritička retrospektiva [Nasta Rojc. La Rétrospective critique], cat. exp., Art Pavilion, Zagreb (15 avril 2014 – 1er juin 2014), Zagreb, Umjetnički paviljon u Zagrebu, 2014
→Kolešnik, Ljilja, « Autoportreti Naste Rojc: stvaranje predodžbe naglašenog rodnog identiteta u hrvatskoj umjetnosti ranog modernizma » [Les autoportraits de Nasta Rojc : façonner l’image sexualisée de la femme dans l’art croate des débuts du modernisme], Radovi Instituta za povijest umjetnosti, no 24, 2000, p. 187-204
→Petravić Klaić, Đurđa, Nasta Rojc: Retrospektivna izložba, cat. exp., Art Pavilion, Zagreb (19 décembre 1996 – 2 février 1997), Zagreb, Umjetnički paviljon u Zagrebu, 1996
Nasta Rojc. Kritička retrospektiva [Nasta Rojc. Critical retrospective], Art Pavilion in Zagreb, 15 avril 2014 – 1er juin 2014
→Nasta Rojc: Retrospektivna izložba, Art Pavilion, Zagreb, 19 décembre 1996 – 2 février 1997
→Nasta Rojc, Gieves Art Gallery, Londres, juin 1926
Peintre croate.
Nasta Rojc naît dans une famille aisée. Son père, Milan Rojc, avocat et homme politique, est d’abord réticent à soutenir le choix de sa fille de suivre une carrière artistique. Elle parvient néanmoins à le convaincre et commence par prendre des leçons de peinture à Zagreb auprès d’Oton Iveković (1869-1939) avant de se former dans les écoles d’art pour femmes de Vienne (Kunstschule für Frauen und Mädchen) et de Munich (Frauen Akademie). En 1909, elle épouse un ami, le peintre Branko Šenoa (1879-1939), dans le cadre d’un mariage de convenance. Le couple ne divorcera jamais, malgré le fait que N. Rojc vive avec sa compagne, Alexandrine Onslow – officière de l’armée britannique –, depuis les années 1920 jusqu’à la mort de celle-ci en 1950.
L’artiste accorde beaucoup d’importance à son indépendance financière, sujet qu’elle aborde souvent dans ses lettres et dans ses écrits autobiographiques, comme Sjene, svijetlo, mrak [Ombres, lumières, ténèbres] – qui inspirera plus tard un roman graphique intitulé Ja, borac [Moi, combattante, 2018] de Ana Mušćet et Leonida Kovač. De ce fait, les paysages et les portraits sont particulièrement importants dans son œuvre, car ils constituent les formes d’art pour lesquelles le marché est le plus étendu. Son intérêt poussé pour la psychologie permet à l’artiste de perfectionner ses représentations des sentiments et des vies intérieures de ses modèles, mais elle crée aussi une fascinante série de nus exprimant une forme de trop-plein émotionnel. Elle s’attache aussi à d’autres genres, dont les scènes urbaines, les marines, les allégories et les natures mortes. De manière générale, l’influence des courants artistiques modernes sur son travail est très subtile, bien que N. Rojc fasse preuve d’une conception très personnelle de ceux-ci. Ses œuvres à la touche la plus contemporaine sont des autoportraits, dans lesquels elle exprime les différentes couches de son identité libérée des conventions, comme dans Autoportret s kistom [Autoportrait à la brosse, 1910], Autoportret u lovačkom odjelu [Autoportrait en tenue de chasse, 1912] et Simbolistički autoportret [Autoportrait symboliste, 1914]. Dans toutes ces œuvres, l’artiste se confronte aux conventions genrées de l’époque. Elle joue avec des aspects de son identité alors majoritairement considérés comme peu convenables pour une femme, jusqu’à représenter son propre visage sous des traits masculins, au regard perçant et assuré, dans Simbolistički autoportret.
L’œuvre de N. Rojc est bien connue de son vivant et elle expose beaucoup avant la Seconde Guerre mondiale. Elle cofonde en 1927 le Klub likovnih umjetnic de Zagreb, un club pour les artistes femmes, le premier de ce genre dans le pays. Ce club organise de nombreuses expositions, jusqu’au déclenchement de la guerre, qui interrompt ses activités. En 1943, N. Rojc est emprisonnée pour suspicion de collusion avec les partisans, mais elle est finalement relâchée faute de preuves. Après la guerre, elle vit dans la pauvreté et son art tombe dans l’oubli. Elle est redécouverte dans les années 1990 par des universitaires offrant des relectures de son œuvre informées par le féminisme et les études de genre, et mettant ainsi en avant son statut de pionnière de la modernité. Cet intérêt renouvelé pour l’artiste a débouché sur deux expositions rétrospectives de son œuvre au Art Pavilion de Zagreb (en 1996-1997 et en 2014), ainsi que sur de nouvelles recherches sur son œuvre et à la découverte de peintures supplémentaires dans des collections particulières.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023