Exposition personnelle, Modern Art Gallery Taichung, Taiwan, 1990
→Exposition personnelle, China Art Gallery, Beijing, 1990
→Exposition personnelle, Lung Men Art Gallery, Taipei, 1989
Plasticienne chinoise.
Lu Qing (路青) postule à seize ans à l’école secondaire de l’Académie centrale des beaux-arts de Chine à Beijing pour étudier l’art. Bien que son père et sa mère soient artistes eux-mêmes, ils auraient tenté de la dissuader de s’engager dans cette carrière après les ravages de la Révolution culturelle de Mao. Pas découragée pour autant et désireuse de se consacrer à sa propre créativité, Lu Qing passe les huit années suivantes à se rebeller contre ce qu’elle perçoit comme un système d’éducation artistique dépassé. En 1984, elle étudie à l’Académie centrale des beaux-arts de Chine et présente sa première exposition personnelle en 1988 à Taipei, un après sa remise de diplôme ; suivront trois autres expositions à Taïwan, en 1990 et 1993. Elle expose également au musée d’Art national de Chine, à Beijing, et commence ainsi à se bâtir une réputation locale et internationale.
Tout au long des années 1980 et jusqu’au début des années 1990, les artistes chinois·e·s remettent constamment en question les normes artistiques : souvent, elles et ils créent des œuvres provocatrices ou réalisent des performances et happenings extravagants dans leurs appartements ou ceux de leur cercle amical. Durant cette période, Lu Qing ne se reconnaît pas vraiment dans ces formes d’expression artistique très explicites et préfère se consacrer à ses centres d’intérêt propres. En 1994, un quartier pour créatrices et créateurs se forme autour d’un groupe artistique expérimental à Caochangdi, un arrondissement au nord-est de Beijing. Aux côtés d’artistes, d’architectes, d’éditrices et d’éditeurs, Ai Weiwei (1957-), qui est rentré des États-Unis en 1993, commence à implanter des ateliers, des studios et des galeries dans le quartier. Lu Qing fait la connaissance d’Ai, puis l’épouse et s’installe avec lui dans ce village urbain. De son côté, elle travaille plutôt avec un cercle d’intimes et consacre son temps à la création et à la réalisation d’art depuis chez elle, employant toutes sortes de matériaux, de gravures sur bois représentant des paysages avec des bâtiments emblématiques jusqu’à des motifs en quadrillage sur papier, dans les tons ocre, gris et verts. Les pièces qu’elle réalise vont de petits carrés jusqu’à de grands draps pouvant emplir toute une salle.
En 2000, Lu Qing se lance avec une grande discipline dans un projet, ou « exercice », qui, vingt ans plus tard, est toujours au centre de sa pratique. Chaque début d’année, elle achète une mesure d’étoffe de soie longueurs différentes. Le rouleau est plié en petits carrés de même taille, qu’elle remplit à l’encre, créant ainsi une grille symétrique à la coloration naturelle. Au fil des mois, le rouleau de soie est en partie étendu sur des tréteaux et progressivement déroulé et étiré sur sa longueur tandis que l’artiste le peint petit à petit, avec l’extrémité parfois ramenée sur d’autres tréteaux, parfois déroulée directement au sol, ce qui ne va pas sans rappeler un rouleau de peinture chinoise. Il arrive que Lu Qing ne peigne pas sur le tissu pendant des jours ; une année, il est même resté immaculé. D’autres jours, le tissu est recouvert de marques. Pour Lu Qing, l’ajout de traces sur la surface de soie revient à consigner des incidents ou des relevés de sa vie quotidienne. De son point de vue, ce processus rythmique, presque méditatif, n’a rien à voir avec une déclaration sociopolitique ni avec une intention artistique particulière, mais elle reconnaît que ces motifs représentent des activités et des moments qui, bien souvent, ne dépendent pas d’elle.
Lu Qing a participé à plusieurs expositions collectives importantes en Europe, telles que L’Invitation à la Chine (1999) à la Biennale d’Issy (France), Between Art and Politics : China’s Women Artists (2001) au Kvindemuseet à Aarhus (Danemark) et New Zone – Chinese Art (2003) à la galerie nationale d’art Zachęta à Varsovie (Pologne). L’œuvre de Lu Qing est présente au sein de la M+ Sigg Collection à Hong Kong.
« 我不认为我的所为是艺术的,实际上在更多情况下,
它使我忘记了艺术是什么。
在做之前我无法解释。
在做之后我无需解释。
画即是画本身。
路青 »
[Je n’ai pas l’impression de faire de l’art.
Très souvent d’ailleurs, j’oublie ce qu’est l’art.
Je ne peux pas l’expliquer avant de l’avoir fait.
Je n’ai plus besoin de l’expliquer après.
Peindre, c’est peindre en soit.]