Whitelow, Guillermo, Raquel Forner, Buenos Aires, Centro Cultural Recoleta, 1998
→Romero Brest, Jorge, Raquel Forner: Pinturas serie de Las Lunas 1958-1962, Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes, 1962
→Dorival, Geo, Raquel Forner, Buenos Aires, Editorial Losada, 1942
Raquel Forner: Presagios e invenciones de la modernidad, MUNTREF, Museo de la Universidad Nacional de Tres de Febrero, Buenos Aires, octobre – décembre 2013
→Raquel Forner: Retrospectiva, Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires, octobre – novembre 1983
→Galería Müller, Buenos Aires, 1928
Artiste argentine d’avant-garde.
Raquel Forner découvre l’art à l’âge de 13 ans, à la faveur d’un voyage en famille en Espagne. En 1922, elle obtient le diplôme de professeure de dessin de l’Académie nationale des beaux-arts. Un an après sa première exposition personnelle à Buenos Aires (galerie Müller, 1928), elle part étudier en Europe. En France, elle rencontre les artistes argentins Antonio Berni (1905-1981), Horacio Butler (1897-1983), Juan Del Prete (1897-1987), Lino Erea Spilimbergo (1896-1964) et son futur époux le sculpteur Alfredo Bigatti (1898-1964). Avec H. Butler et J. Del Prete, elle participe à la Première exposition du groupe latino-américain de Paris, à la galerie Zak, en 1930 ; elle présente également ses œuvres à titre personnel dans de nombreux salons. Son travail de cette époque s’inscrit dans le cadre du Groupe de Paris, qui réunit des artistes argentins voyageant en Europe afin de perfectionner leur technique et fréquentant les ateliers d’André Lhote (1885-1962) et d’Othon Friesz (1879-1949), auprès duquel R. Forner étudie.
À son retour à Buenos Aires en 1932, elle fonde le Cours libre d’arts plastiques pour l’enseignement des arts, aux côtés d’Alfredo Guttero (1882-1932), Pedro Dominguez Neira (1894-1970) et A. Bigatti, sur le modèle français des ateliers libres. À partir des années 1930, ses peintures évoquent les horreurs de la guerre civile espagnole (1936-1939) et de la Seconde Guerre mondiale ; ces événements historiques imprègnent sa peinture d’un sentiment de désolation extrême. C’est alors qu’elle réalise les séries España [Espagne, 1937-1939] et El drama [Le Drame, 1939-1946], dont la forte expressivité traduit les drames et les émotions liés à la guerre. La figuration prédomine dans sa peinture intensément marquée par la réalité sociale ; la femme s’y voit conférer un rôle de premier plan comme sujet efficient de la guerre (la femme seule, la femme qui retient ses sentiments devant l’horreur). Le topos « ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler » revient à plusieurs reprises dans ses peintures.
En 1942, El drama lui vaut le premier prix de peinture du Salon national des beaux-arts ; l’année suivante, elle obtient le premier prix-acquisition pour Retablo del dolor [Retable de la douleur]. La carrière de R. Forner est prolifique. Elle participe à de nombreux salons, prix et expositions, et devient membre en 1951 de la Royal Society of Arts britannique. Après-guerre, l’artiste continue à travailler par séries dont : Las rocas [Les Rochers], commencée en 1947 ; Los estandartes [Les Bannières], Las banderías [Les Factions] et La farsa [La Mascarade], en 1948 ; El lago [Le Lac], en 1953 ; et Apocalipsis [Apocalypse], en 1955. C’est toutefois pour une œuvre de transition, El envío [L’Envoi], qu’elle reçoit le grand prix d’honneur du Salon national en 1956 – parmi les premières et rares femmes à obtenir cette récompense en Argentine.
À la fin des années 1950, R. Forner entame sa série Del espacio [De l’espace], autour des astres et du cosmos, et qu’on peut interpréter dans le contexte de la guerre froide et de la conquête spatiale ; elle ne cesse ensuite d’y revenir pendant toute sa carrière. En 1957, le MoMA, à New York, acquiert son œuvre Lunas [Lunes] ; en 1958, elle expose des pièces de la même série à la Biennale de Venise.
Le langage formel de ses œuvres du début des années 1960 se situe au carrefour de l’abstraction et de la figuration et convoque une palette de couleurs intenses, absente de ses séries précédentes. Cette dernière étape peut être rattachée aux œuvres émanant de la Nouvelle Figuration argentine. On peut mentionner, pour la même époque, la participation de R. Forner à la Biennale de São Paulo (Brésil) en 1961 et, en 1962, l’obtention du grand prix d’honneur de la Biennale américaine d’art, à Córdoba (Argentine). Raquel Forner traverse toute l’histoire de l’art argentin au XXe siècle.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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