Marcoci Roxana (dir.), Sanja Iveković: Sweet Violence, cat. expo., Museum of Modern Art, New York (18 décembre 2011 – 26 mars 2012), New York, Museum of Modern Art, 2011
→Lunghi Enrico & Pejić Bojana (dir.), Sanja Iveković: Lady Rosa of Luxembourg, cat. expo., musée d’Art moderne Grand-Duc Jean, Luxembourg (2 juin – 23 septembre 2012), Luxembourg, Mudam, 2012
Sanja Iveković, General Alert, Göteborgs Konsthall, Göteborg, 3 février – 9 avril 2007
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Sanja Iveković: Unknown Heroine, South London Gallery & Calvert 22, Londres, 14 décembre 2012 – 24 février 2013
Plasticienne croate.
Sanja Iveković est l’une des figures clés pour comprendre la reconfiguration des rôles et des genres dans l’art d’aujourd’hui. Elle a été l’une des premières, sur la scène yougoslave (puis croate), à adopter un point de vue féministe dans sa pratique artistique. Depuis 1989, elle traite, toujours dans cette perspective, de l’effondrement du régime communiste et des conséquences du triomphe capitaliste et de l’économie de marché sur les conditions de vie, en particulier celles des femmes, et les violences auxquelles elles sont soumises. Elle a étudié à l’Académie des beaux-arts de Zagreb, entre 1968 et 1971. Elle fait partie d’une génération d’artistes qui a émergé après 1968, dans les pays de l’Est européen, intervenant dans des champs aussi diversifiés que la vidéo, le film, les installations, les performances, les actions, la photographie (privée et officielle) ou bien le collage – les séries Double Life (1975) et Bitter Life (1975-1976) rassemblent des images publicitaires juxtaposées à des clichés personnels. Son travail, éminemment critique, est axé sur la politique des images et du corps. Dans sa performance fondamentale Triangle (1979), elle simule une masturbation sur son balcon, au cours de la visite officielle de Tito dans la ville de Zagreb, jusqu’au moment où un policier sonne à sa porte. Cette initiative a pavé le chemin de la contestation pour nombre de créateurs face à l’appareil idéologique, qui ont récupéré l’espace public avec le postulat « le personnel est politique ».
L’artiste a également analysé les stéréotypes de genre, tels qu’ils apparaissent à la télévision (General Alert: Soap Opera, 1995) ou dans les magazines (Paper Women, 1976-1977). À partir des années 1980, S. Iveković a porté son attention sur les enjeux de la démocratie et de la politique, en exposant les mécanismes de construction de la mémoire collective et de l’amnésie (Personal Cuts, « Coupures personnelles », 1982). Les projets réalisés autour des années 2000 (Gen XX, 1997-2001 ; The Nada Dimić File, 2000-2002) sont consacrés aux femmes de la résistance croate pendant la guerre contre le nazisme, celles dont les noms sont aujourd’hui oubliés. Son œuvre a fait l’objet de plusieurs rétrospectives ; elle a aussi participé aux Xe et XIe Biennales d’Istanbul (2007, 2009), à la documenta 11 (2002), 12 (2007) et 13 (2012) de Kassel et à Manifesta 2 (1998) au Luxembourg.