Rachel Kent (dir.), Sylvie Blocher. What is Missing, MCA, Sydney, 2010
→Ardenne Paul, Caillet Aline, Michaud Eric et al., Sylvie Blocher and Other Human Voices, ed Actes sud et Casino Luxembourg – forum d’art contemporain, 2002
What is Missing?, Museum of Contemporary Art, Sydney, 2011
→Le meilleur des mondes (du point de vue de la collection Mudam), Mudam, Luxembourg, 2010
→Wo/Men in Uniform, Regina Art Gallery, Canada, 2007
Artiste multimédia française.
Après une maîtrise d’arts plastiques et d’histoire de l’art à Strasbourg, Sylvie Blocher produit, au début des années 1980, avec l’écrivain Gérard Haller, des Spectacles pour rendre la vie présentable, entre performance et récits. Le dernier d’entre eux, Figuren (Festival d’Avignon, 1987), évoque l’extermination pendant la Seconde Guerre mondiale et la part imprésentable de la modernité. À la Biennale de Venise de 1988, elle est sélectionnée pour la section Aperto (Le Grand Atlas), et participe en 1991 à l’exposition 14 Contemporary Artists from France à Toronto. Sa dernière pièce construite, Déçue la mariée se rhabilla (1991), est un objet lumineux posé au sol, qu’elle décrit comme « plein d’une énergie électrique limitée, qu’on doit recharger chaque nuit, une œuvre contre toute idée d’éternité ». Voulant repenser « une modernité autoritaire sous l’angle de l’altérité » et opposer aux mécanismes de contrôle social et affectif une pratique de « décolonisation du moi », elle entreprend de rendre la parole « aux visages ».
En 1992, elle commence la série des Living Pictures, fondée sur « le partage de l’autorité de l’artiste » avec des personnes rencontrées par annonces, sans casting : les participants doivent s’adresser à un visage absent, de l’autre côté de l’objectif ; l’artiste, à leurs côtés, utilise des questions comme outil de travail, jusqu’à ce que l’une d’elles les arrache à eux-mêmes. Cette « pratique de l’abandon » met à nu des affects, hors contrôle (L’Annonce amoureuse, 1995 ; Men in Gold, 2007). Traquant la singularité des corps et, en particulier, le féminin dans le corps des hommes comme une sortie possible d’une communauté autoritaire (Le Jugement de Pâris, 1995), l’image met l’accent sur le dissensus et la responsabilité éthique et politique de l’art. S. Blocher est également cofondatrice du collectif Campement urbain, avec l’architecte François Daune.