Inkster Dean, Valérie Jouve, Paris, Hazan, 2002
→Poivert Michel (dir.), Jouve Valérie, Valérie Jouve, cat. expo., Centre national de la photographie, Arles (4 mars – 20 avril 1998), Arles, Actes Sud, 1998
→Bajac Quentin (dir.), Valérie Jouve : en attente, cat. expo., Centre Pompidou, Paris (23 juin – 13 septembre 2010), Paris, Centre Pompidou, 2010
Valérie Jouve : Corps en résistance, Jeu de paume, Paris, 2 juin – 27 septembre 2015
→Valérie Jouve, Centre national de la photographie, Arles, 4 mars – 20 avril 1998
→Valérie Jouve, Centre Pompidou, Paris, 23 juin – 13 septembre 2010
Photographe et vidéaste française.
Arrivée sur le devant de la scène artistique en 1995 avec des personnages posant dans un environnement urbain, Valérie Jouve poursuit un travail exigeant sur le thème de la ville, terrain qu’elle qualifie d’« extraordinaire ». Après avoir découvert la photographie lors de ses études de sociologie, elle se forme à l’école photographique d’Arles. Elle utilise habituellement une lourde chambre photographique, passe beaucoup de temps avec ses « personnages » et ne prend que peu d’images, qu’elle présente en grand format, à échelle réelle, pour créer un face-à-face avec le spectateur. Parmi ses influences, l’artiste mentionne Richard Avedon, Eugène Atget, August Sander et Diane Arbus, représentants de la tradition documentaire et portraitistes originaux. À son propos, Michel Poivert écrit : « Les gestes sont retenus, les attitudes ne correspondent guère à une typologie expressive mais plutôt à un entre-deux. » Ses personnages sont théâtralisés ; tous les éléments du décor, les figures et la composition montrent l’écart entre « conscience collective et individuelle », comme l’explique la photographe dans un entretien en 1997. La question de l’espace est centrale : passants et façades de Paris, de Marseille ou de New York, embouteillages, sorties de bureau et pauses-cigarettes sur le trottoir sont autant d’occasions de mises en séries de clichés contemporains pour celle qui cherche à « déambuler dans [son] époque ». Au cœur du rapprochement contemporain de la photographie et des sciences humaines, l’artiste oriente ses mises en scène de l’homme urbain vers la sociologie et l’anthropologie. Son travail photographique montre, plus qu’il ne dénonce, l’aliénation urbaine : la description et la distance priment. Comme cette nouvelle génération de photographes, qui témoigne d’un spectaculaire retour au documentaire, comme Rineke Dijkstra ou Andrea Keen – qui a exposé avec elle au Centre national de la photographie en 1998 –, l’artiste utilise l’image photographique comme un moyen d’investigation des sociétés urbaines.
Ses premières images – Sans titre no 5 (1991), une femme noire en train de crier ; Sans titre no 23 (1996), une femme de profil, en mouvement, bouche ouverte – sont des images jouées. Les mouvements, presque abstraits, cherchent à atteindre l’universalité. La photographe n’hésite pas à recourir à la retouche virtuelle, en détourant des photographies des passants par exemple, pour éliminer les éléments qui brouillent la composition d’une scène et mettre en valeur son personnage principal. En s’intéressant aux logements collectifs, aux autoroutes en construction et aux zones commerciales et pavillonnaires périurbaines, elle est parfois perçue comme une photographe de la « banlieue », mais elle se détache de cette image avec ses œuvres plus récentes. Elle a ainsi réalisé un important travail sur les villes et les territoires arabes, notamment palestiniens (En attente, Centre Pompidou, 2010). Dans Résonances (2012), elle donne à lire des extraits du journal tenu au cours de ses voyages et résidences depuis 2008. Également vidéaste, elle présente avec Grand littoral (2003) un film documentaire – malgré la mise en scène évidente – centré sur un territoire situé autour d’un supermarché, en bordure de Marseille. En 2006, elle réalise Le temps travaille et Time Is Working Around Rotterdam qui montre une traversée du territoire hollandais sur le tracé du TGV. Sorte de road movies contemporains, ses films, sans paroles ni récits, cherchent, comme ses photographies, à créer des compositions visuelles touchant à l’abstrait. Représenté par la galerie Anne de Villepoix à Paris, le travail documentaire qu’elle poursuit, tant en vidéo qu’en photographie, renouvelle la photographie de paysage et d’architecture en interrogeant les postures contemporaines et les comportements urbains.