Delimar Vlasta (dir.), Moja zemlja Štaglinec = My land Štaglinec: 2005-2015, Moja zemlja Štaflinec, 2015
→Bekić Irena, Cerovac Branko, Dobrović Zvonimir, Munivrana Martina, Vlasta Delimar: This is I: Retrospective exhibition 1979-2014, Zagreb, Musée d’art contemporain, 2014
→Martek Vlado, Špoljar Marijan, Šuvaković Miško, Vlasta Delimar: Monografija performans, Zagreb, Areagrafika, 2003
40 Years of Vlasta Delimar’s Artistic Love, Pavillon Meštrović – Maison des artistes croates, Zagreb, janvier – février 2020
→Vlasta Delimar: This is I. Retrospective Exhibition 1979-2014, Musée d’art contemporain, Zagreb, mai – août 2014
→woman is a woman is a woman, Galerija Miroslav Kraljević, Zagreb, mars 1997
Performeuse croate.
Vlasta Delimar achève ses études à l’école d’arts appliqués de Zagreb en 1977. Elle commence à travailler à la fin des années 1970 au sein d’un collectif néoconceptuel appelé Grupa šestorice autora, le Groupe des six artistes. Les thèmes des premières œuvres de V. Delimar – le corps féminin, l’autonomie et le concept de féminité – deviennent le cœur de sa recherche artistique. Sa performance Transformacija ličnosti [Transformation de la personnalité, 1980] prend la forme d’un faux défilé de mode au foyer étudiant (Studentski Centar) de Zagreb, qui est alors l’un des plus importants lieux alternatifs pour les artistes débutant·e·s. V. Delimar, seule mannequin du défilé, apparaît finalement entièrement dévêtue. Elle a souvent dit que le corps nu ne saurait tromper : il est le support fidèle de l’art. Il en va de même pour le plaisir sexuel et le puissant potentiel que celui-ci offre, comme on peut le voir dans la série de photographies en noir et blanc modifiées Vizualni orgazam [Orgasme visuel, 1981] qui représente l’artiste en pleine jouissance.
En 1993, le musée d’Art contemporain de Zagreb, institution centrale en Croatie, organise une exposition de l’artiste intitulée Moje siromaštvo [Ma pauvreté]. Dans les années de bouleversements sociaux qui suivent l’éclatement de la Yougoslavie, l’attention de V. Delimar se déplace. La série de performances Zrela žena [Femme mûre, 1997] sous-tend cette évolution ; dans l’une d’elles, l’artiste est assise dans une vitrine, les jambes écartées, à peler des légumes. En surjouant et en s’exposant, elle joue avec l’idée bienséante de la femme postsocialiste entre deux âges. Dans Šetnja kao lady Godiva [Promenade en Lady Godiva, 2001], V. Delimar, nue, monte un cheval blanc dans le centre de Zagreb sans autorisation officielle. Elle s’en prend ainsi à l’injustice subie par l’individu désireux de vivre selon ses propres règles, mais elle attaque aussi, par un geste anti-monument qui renverse l’iconographie traditionnelle, la statuaire publique représentant des cavaliers héroïques. Treba vjerovati muskarcima [Il faut faire confiance aux hommes, 2003] révèle que V. Delimar ne parle pas nécessairement depuis une position féministe, mais plutôt selon une logique narrative interne, qui prend comme point de départ sa propre expérience de femme. L’œuvre est constituée de panneaux représentant l’artiste debout dans l’herbe, la poitrine découverte, souriante et faisant un grand signe de la main. Sur le sol devant elle se trouvent des feuilles de papier, sur lesquelles est écrit à la main le titre de l’œuvre. Un groupe de féministes s’est senti obligé de réagir. Si l’interprétation d’elle-même que propose V. Delimar ne cadre pas toujours avec les luttes pour les droits des femmes, son art n’en porte pas moins un fort potentiel féministe.
À partir de 2005, elle a mené plusieurs années durant un projet multimédia international, Moja zemlja, Štaglinec [Ma terre, Štagline]. En 2009, accompagnée du célèbre artiste croate Antonio G. Lauer (né Tomislav Gotovac) et de son compagnon Milan Božić, V. Delimar marche à nouveau nue dans les rues de Zagreb pour Dva muškarca i jedna žena [Deux hommes et une femme]. Elle continue de réaliser des performances nues, où elle présente fièrement un corps vieillissant. The Right to an Orgasm at Over 60 [Le droit à l’orgasme après 60 ans, 2017] aborde les thèmes de la honte et de la répression sexuelle dans la vieillesse, dévoilant les concepts de corps contrôlés socialement et des femmes réduites à des pourvoyeuses de soins désexualisées.
Son travail est de plus en plus reconnu tant à l’international, au travers de nombreuses collaborations, qu’à l’échelle de son pays, qui a accueilli deux rétrospectives en 2014 et 2020.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring