Devika Daulet-Singh, Folding House, cat. exp., New Delhi, Gallery Espace Art (janvier – février 2014) Gallery Espace Art, New Delhi, India, 2014
→Allegra Pesenti, Zarina:Paper like Skin, cat. exp., Hammer Museum, Los Angeles (septembre – décembre 2012), The Solomon R. Guggenheim Museum, New York (janvier – avril 2013), Art Institut of Chicago (juin – septembre 2013), Los Angeles, Hammer museum, 2012
→Véronique Jaeger, Zarina Hashmi: Noor, cat. exp., galerie Jaeger Bucher, Paris (mars-mai 2011), Paris, Galerie Jaeger Bucher, 2011
Plasticienne indienne.
Zarina grandit au sein du milieu culturel et intellectuel de l’université musulmane d’Aligarh, ce qui influencera sa sensibilité artistique, nourrie par la lecture des livres d’histoire de son père et les liens forts développés entre les femmes au sein de la zenana. Elle se forme à la gravure durant son mariage avec un officier du service diplomatique indien. Elle apprend d’abord la gravure sur bois à Bangkok, puis les techniques expérimentales de l’encre et de la taille douce à l’Atelier 17, un atelier parisien cosmopolite tenu par Stanley William Hayter (1901-1988). Zarina est surtout connue pour avoir réalisé des séries de gravures et de xylogravures qui traduisent le sentiment d’aliénation lié à la migration, à l’éloignement géographique et à l’exil. Cela s’exprime dans des œuvres comme Travels with Rani (2008), dans laquelle un schéma en pointillé de toutes les villes et gares qu’elle traverse avec sa famille forme la cartographie mentale d’un sous-continent à part entière, et Dividing Line (2001), une xylogravure en noir et blanc où un sillon très épais marque la ligne Radcliffe, qui servit à fixer les frontières entre le Pakistan et l’Inde, l’artiste rendant compte ainsi, par un procédé d’une simplicité minimaliste, de la violence et du pouvoir qui a imposé la division. La cartographie et les lignes de démarcation, particulièrement en vue aérienne, s’avèrent d’une grande importance dans sa manière d’appréhender le monde moderne et le nouvel ordre global, faits de libertés inédites et de profonds clivages. Elle cite souvent les vers du « poète de l’exil » palestinien Mahmoud Darwich ou la poésie progressiste d’Adrienne Rich, qui entretiennent une certaine affinité avec ses expériences de vie.
Zarina s’essaie aussi aux techniques de fabrication du papier et teste les limites du médium en se formant auprès d’artisans experts en Inde. Ainsi, elle moule et perce le papier pour créer des formes sculpturales à l’apparence de pierre et de terre tassée ou cuite (I Whispered to the Earth [1979], Wall II [1979], Fence [1980] et Pool I [1980]). Son départ de Delhi pour les États-Unis dans les années 1970 lui procure une liberté à la fois personnelle et artistique, mais la confronte également à de nombreuses années de souffrance silencieuse. À l’issue d’une longue période d’itinérance, entre son apprentissage au Japon, les visites à sa famille et à ses amis en Inde et au Pakistan, son enseignement en Californie et le cercle artistique cosmopolite qu’elle fréquente à New York, elle finit par s’installer dans son atelier de Manhattan, tout en continuant d’exposer en Asie du Sud. Elle s’allie aux réseaux féministes postcoloniaux et coorganise Dialectics of Isolation: An Exhibition of Third World Women Artists in the United States avec l’artiste cubaine Ana Mendieta (1948-1985) à l’A.I.R. Gallery à New York en 1980.
Zarina bénéficie d’une rétrospective itinérante, Paper Like Skin, qui se tient notamment au Hammer Museum à Los Angeles en 2012, ainsi qu’au Solomon R. Guggenheim Museum à New York et à l’Art Institute of Chicago en 2013. Ses œuvres sur papier, gravures, collages et sculptures en pâte à papier et métal sont conservées au sein de prestigieuses institutions, notamment à la Tate Modern à Londres, au Metropolitan Museum of Art, au Museum of Modern Art, au Whitney Museum et au Solomon R. Guggenheim Museum à New York. Elles font également partie de collections particulières et ont en outre été présentées au cours de ces dernières années à l’Ishara Art Foundation à Dubai (2019) et au Kiran Nadar Museum of Art de New Delhi (2020).