
Hélène Bertin & Romain Bodart, la montée de sève & les réveils éteints, vidéo 4’47’’, couleur, son © Photo : Hélène Bertin
l’église est à nouveau au milieu du village
 les félins rôdent sur les longues traînées d’asphalte
 assis sur les pas de porte et les escaliers les bipèdes se parlent
 nos oreilles oient une gamine, elle apprend à semer les comestibles
 elle va et vient au lavoir, accompagnée d’un chantepleure
 un chat court après l’eau basculée
 l’enfant décide de lui créer
 un pédiluve
 nous tournons bride vers l’atelier pour pétrir les pâtes
 les spirituelles et nourricières
 les mains veilleuses chaperonnent la rigidité et la levée
 leurs trajets coutumiers dessinent des figures comestibles
 ou
 immangeables
 notre vitesse résiduelle alentit après les ressacs
 nous sommes saouls
 d’immobilisme & de sommeil
Hélène Bertin & Romain Bodart, la montée de sève & les réveils éteints, vidéo 4’47’’, couleur, son
 
 LES ANCHES LIBRES
  
 28.04.2020

Hélène Bertin & Romain Bodart, les anches libres, 2020, vidéo 4’20 », couleur, son, © Photo : Hélène Bertin
l’enfumoir les tranquillise
 nous volons la sueur étrange aux hyménoptères
 elle est claire dans le bain marie
 et devient ampoule de coton
 le corps gras fume
 nos narines hument le pétrichor
 coule la pluie des fontaines et déborde sur les adventices
 les hélix lèchent le sol
 les doigts griffent la terre pour transplanter
 nous franchissons la route
 la soufflerie a l’oeil clos
 elle inspire et expire
 les doigts façonnent le chant du vent
 au revers de l’agneau le vaisseau de 230 ans se gonfle
 et
 siffle à altitude des oiseaux
 à rebours
 les mains jouent des cantilènes
Hélène Bertin & Romain Bodart, les anches libres, 2020, vidéo 4’20 », couleur, son
 
 ACCOSTAGE
  
 26.05.2020

Hélène Bertin & Romain Bodart, accostage, 2020, vidéo 4’20 », couleur, son, © Photo : Hélène Bertin
voisins des flammes
 nous tenons un souvenir mutique
 lâché
 le cerf volant suit la brise
 sans cordage
 il longe le mistral
 par les cordes frottées nous  le cherchons
 après l’accalmie
 nous construisons un radeau ad hoc  pour les courants subsidents
 un parachute pour s’abaisser
 atteindre un point de contact
 et
 assister au monde
 les pieds se posent à terre
 sous la paroi se rivette l’image
 celle d’un relief chantant et odorifère
 mélancolique d’une intimité perdue
Hélène Bertin & Romain Bodart, les anches libres, 2020, vidéo 4’05 », couleur, son
Hélène Bertin (1989) a étudié dans trois établissements aux pédagogies différenciées : le lycée Frédéric-Mistral à Avignon en section arts appliqués, l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon où elle cofonde le collectif Plafond, puis l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy dont elle sera diplômée en 2013. Cette même année, parallèlement à son DNSEP, elle commence des recherches autour du travail de Valentine Schlegel qui transforment peu à peu mais résolument sa vision de l’art. Elle sera à l’origine de l’édition Je dors, je travaille qui révolutionnera le regard sur cette artiste. Sa pratique oscille de la sculpture au workshop et à la recherche, une démarche volontairement bâtarde qui la positionne entre artiste, curatrice et historienne. Elle travaille à Paris et à Cucuron où elle déploie des invitations pour travailler avec ses hôtes, Hélène Bertin développe son art en lien avec autrui (artistes, associations, artisans, familles…). Ses sculptures et projets ont été présentés au sein d’espaces alternatifs (Pauline Perplexe, DOC) et d’institutions publiques (CAC Brétigny, CRAC Occitanie) ou privées (Fondation Ricard, Lafayette Anticipations). Hélène Bertin est lauréate du Prix AWARE 2019.