Jann Haworth, But Honey, will it go with the couch?, 2015, plastique et tissus cousus et peints, 92 x 77 cm
Alors que le nom de Warhol raisonne partout dès que l’on parle de Pop Art ; comme en témoignent les deux expositions de la rentrée 2015 à Paris1 et Metz2 ; un axe original et méconnu de cette période est abordé par certaines institutions : celui des artistes féminines longtemps méprisées et cantonnées dans des seconds rôles.
C’est le cas de la galerie du Centre à Paris, qui, tout comme les récentes expositions Pop Impact : Women Artists à Namur et The World Goes Pop à la Tate Modern de Londres3, s’attache à montrer une pratique féministe du Pop Art jusque là passée sous silence, en exposant l’œuvre de l’artiste américaine Jann Haworth (née en 1942 à Hollywood), pionnière de l’art pop britannique4.
De Lady Standard alors réalisée dans des matériaux dits « traditionnels » (peinture sur bois) et dénigrés, à la création de ses sculptures en tissu dites « molles » en 1962, en passant par la pochette de l’album Sergeant Pepper des Beatles et par les costumes réalisés pour l’opéra-rock des Who, l’exposition Œuvres de 1961 à aujourd’hui fait état de la production de l’artiste tout au long de sa vie.
Jann Haworth, French Silver Charm Bracelet, 1997-2007, satin, tissus variés, et ouate, 2 x 2,50 m
Jann Haworth, Who is afraid of uncle Walt, 2013, vinyle et acrylique sur toile, 125 x 80 cm
L’œuvre de Jann Haworth témoigne ainsi de l’inventivité plastique dont ont fait preuve les artistes femmes ; repoussées hors des domaines de la peinture et de la sculpture ; à travers l’utilisation de matériaux inattendus tels que le calicot, le satin, la fourrure synthétique, ou encore le plexiglas. Alors pionnière de l’art textile dès les années 1960, l’artiste a contribué par son travail à l’élargissement des métiers d’art à la création artistique et la suppression de la frontière entre beaux-arts et artisanat.
Cette confrontation entre les sculptures en tissu de ses débuts et des réalisations plus récentes – comme ses collages sur châssis ou encore ses assemblages de toiles – permet de rendre compte du renouvellement plastique dont l’artiste a fait preuve. Restant toujours toutefois très ironique, ses œuvres incarnent alors en quelque sorte le manifeste d’un discours féministe sur l’art.