Zoulikha Bouabdellah, Les hommes de la plage, 2016, vidéo, installation sur 4 écrans, ed 1/3, © Droits réservés
Livrer une œuvre qui sera le support d’un dialogue. C’est ce qu’entreprend Zoulikha Bouabdellah dans son exposition Lettre d’amour à un homme arabe présentée à la galerie Mathias Coullaud à Paris. L’artiste née en 1977 à Moscou, vit et travaille au Maroc après avoir habité de longues années en France. Ce parcours international imprègne profondément son œuvre plurifocale.
Zoulikha Bouabdellah, Chasteté de Joseph (9), 2016, encre de chine sur papier, 100 x 73 cm, © Droits réservés © Photo : Louis Delbaere
Vue de l’exposition Lettre d’amour à un homme arabe à la galerie Mathias Coullaud, © Droits réservés
La pluralité de questionnements et de points de vue coïncident avec une pluralité de médiums employés. Les mots d’une lettre écrite par l’artiste frappent immédiatement en entrant dans l’espace d’exposition, mais c’est aussi le son qui accueille le visiteur et le dirige vers Les hommes de la plage, 2016.
Cette œuvre composée de quatre vidéos diffusant des mouvements ralentis d’hommes réunis sur une plage de Casablanca, semble, à première vue porter sur la beauté et la poésie du geste. Cependant des interrogations quant au message que l’artiste souhaite véhiculer surgissent à l’écoute de la partition sonore saturée qui lui est apposée1. Le dispositif de monstration des vidéos participe également à cette sensation d’étouffement. Les vidéos présentées en symétrie, donne l’impression que la plage sur laquelle les hommes évoluent est un îlot, coincé entre deux océans. En enfermant ces hommes dans cet espace sans issue, l’artiste questionne la liberté de l’homme arabe aujourd’hui mais elle questionne aussi celle de la femme, du désir qu’elle éprouve pour lui et de la possibilité qu’il lui est offerte de l’exprimer.
Zoulikha Bouabdellah, Les hommes de la plage, 2016, vidéo, installation sur 4 écrans, ed 1/3, © Droits réservés
Ainsi cette installation filmique entre en dialogue direct avec les œuvres « dentelées » à l’encre de Chine qui sont exposées à leurs côtés et dont les motifs s’inspirent de l’épisode de la chasteté de Joseph2 durant lequel Joseph se refuse à la femme de Putiphar. La forme donnée aux différentes interventions dans l’exposition, ainsi que les sujets de fond que l’artiste aborde se complètent afin, comme cette dentelle, de révéler et magnifier les thématiques qui habitent sont travail : la liberté, le désir, l’amour, la place et l’engagement de la femme mais aussi celle de l’homme.
À la Galerie Mathias Coullaud, à Paris, du 04 novembre au 22 décembre 2016.