Billie Zangewa, In my Solitude, 2018, collage de soie, 150 x 111 cm, Courtesy Templon, Paris – Bruxelles, © Billie Zangewa. Photo : Jurie Potgieter
Ce colloque se tient dans le cadre d’un partenariat avec la Saison Africa2020, une manifestation panafricaine et pluridisciplinaire qui a lieu en France de décembre 2020 à la mi-juillet 2021. Il est organisé par l’association AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, en coopération avec l’École du Louvre.
Réunissant des chercheur·se·s d’horizons variés, ce colloque a pour objectif de mettre en avant la recherche consacrée aux artistes femmes africaines et d’intégrer celles-ci aux récits fondateurs de l’histoire de l’art. Ces dernières décennies, bien que l’Europe et les États-Unis aient montré une volonté de produire des histoires de l’art mondiales, celles-ci ne laissent que peu de place à la participation de spécialistes venu·e·s d’autres pays, notamment celles et ceux du continent africain. En parallèle de ces initiatives, nous remarquons une augmentation inédite du nombre de recherches et d’écrits sur l’art africain moderne et contemporain, ainsi que l’apparition, ces dernières années, d’importantes monographies sur des artistes, collectifs et mouvements de divers pays. Pourtant, ces publications n’incluent que très peu de femmes, alors même que celles-ci jouent un rôle crucial dans la construction de ces histoires. Ce colloque proposera une plateforme de réflexion qui permettra aux spécialistes établi·e·s et émergent·e·s non seulement d’évaluer et de réexaminer les histoires existantes et les archives, mais aussi d’en mettre à jour de nouvelles qui rendent compte de l’importance de la place des artistes femmes d’hier et d’aujourd’hui. Nous nous demanderons comment l’histoire de l’art moderne et contemporain a-t-elle été écrite en Afrique ? Quelles histoires, techniques, identités ou quels genres avons-nous oubliés ou négligés ? Quels nouveaux récits devons-nous prendre en compte si nous voulons écrire des histoires de l’art plus complètes à l’avenir ?
Les interventions proposées examineront quatre axes différents, quatre types de « récits » qui permettront de créer un cadre de réflexion.
Il sera traduit simultanément en français et en anglais.
Le colloque se déroulera en ligne du 13 au 16 avril 2021, sur quatre après-midis de 14h à 18h, heure de Paris (UTC+2).
14h00 | Mot d’accueil de Claire Barbillon (directrice de l’École du Louvre)
14h10 | Introduction par Camille Morineau (directrice et co-fondatrice d’AWARE)
14h25 | Introduction par N’Goné Fall (commissaire générale de la Saison Africa2020)
14h40 | Introduction de la session
14h45 | Sule Ameh James (Tshwane University of Technology, Pretoria, Afrique du Sud) – Analyse critique des œuvres d’art de deux artistes nigérianes modernes : Afi Ekong et Clara Ugbodaga-Ngu
Il s’agit ici d’analyser trois œuvres sélectionnées de deux artistes nigérianes, Afi Ekong et Clara Ugbodaga-Ngu, dont la contribution significative au développement de l’art moderne nigérian passe encore inaperçue dans les récits officiels.
15h20 | Nancy Dantas (MoMA, États-Unis) – Bertina Lopes : Une moderniste (et panafricaniste) en armes
Cette étude propose une réévaluation de la moderniste mozambicaine Bertina Lopes (Maputo 1924 – Rome 2012) à partir de portraits de l’artiste dans son atelier. Elle met en évidence ses politiques anticoloniales, panafricaines et féministes, ainsi que l’espace de l’atelier comme une scène qu’elle a utilisée pour diffuser et performer son identité moderniste.
15h55 | Julia Rensing (Universität Basel, Suisse) – Contester l’archive : Renégociations du passé colonial par les artistes namibiennes
En se concentrant sur deux artistes namibiennes, Tuli Mekondjo et Vitjitua Ndjiharine, cette intervention offre un regard sur les expériences et luttes de celles et ceux qui ont été opprimé.e.s et discriminé.e.s par les régimes coloniaux et patriarcaux, et montre comment les artistes femmes se sont servi des archives coloniales pour fouiller les récits de femmes de la Namibie colonisée comme un moyen de re-dire, ré-imaginer, renégocier les récits oubliés.
16h30 | Questions-réponses
14h00 | Introduction de la séance
14h05 | Gladys Kalichini (Rhodes University, Afrique du Sud) – Archives en conflit : Réimaginer et visualiser les récits sociopolitiques des combattantes pour la liberté en Zambie et au Zimbabwe
Partant d’une observation de la sous-représentation des femmes, négligées de l’histoire nationale et de la mémoire collective en Zambie et au Zimbabwe, cette intervention se concentre sur l’effacement des archives. La suppression du récit historique et du récit féminin est analysée à travers l’étude des combattantes pour la liberté des deux pays.
14h40 |Martha Kazungu (MARKK Museum, Allemagne) – Njabala : vers l’activation des pluralités de la féminité ougandaise en tant qu’espace de résistance
Cette intervention présente des archives produites par et sur les femmes ougandaises, à partir de visites de studios, entretiens, articles et expositions.
15h15 | Ruth Belinga (Université de Dschang, Cameroun) – Analyse esthétique et socio-anthropologique de l’art de sept femmes camerounaises sur trois générations
Cette étude s’appuie sur l’exemple de sept artistes femmes camerounaises, Were Were Liking, Marceline Fouda, Justine Gaga, Ginette Daleu, Kristine Tsala, Gabriella Badjeck, et Aurélie Djiena, des artistes de trois générations différentes se positionnant contre la marginalisation de l’art des femmes.
15h50 | Questions-réponses
14h00 | Introduction de la séance
14h05 | Maha Tazi (Concordia University, Canada) – La désobéissance créative des femmes et la poursuite de la révolution (de genre) dans le Maroc post-printemps arabe (2011-2019) : Poésie slam et RAPtivisme
À travers les prismes de la poésie et du slam, cette intervention propose une étude de l’aspect lyrique et rhétorique des arts de la rue. Si ces genres ont déjà été considérés, par une abondante littérature académique, comme jouant un rôle majeur dans les expressions révolutionnaires de la jeunesse arabe, des années 1990 au Printemps Arabe, cette littérature-là n’a que rarement considéré les artistes femmes. En analysant les productions de femmes marocaines, la recherche de Maha Tazi vise à apporter un aspect féministe à la littérature sur l’insurrection créative caractérisant les Printemps Arabes.
14h40 | Felicia Nitsche (Universität Bayreuth, Allemagne) – Réinscrire Antoinette Lubaki dans l’histoire de l’art congolais
Cette intervention propose une analyse du travail de l’artiste aquarelliste Antoinette Lubaki, dont l’œuvre a été négligée dès les années 1920, alors même qu’elle était l’une des pionnières de l’art moderne congolais, tandis que ses contemporains masculins étaient, eux, loués. Il s’agit donc à travers cet exposé de réhabiliter son œuvre et les récits perdus qui l’entourent.
15h15 | Portia Malatjie (University of Cape Town’s Michaelis School of Fine Art, Afrique du Sud) – Pratiques sonores et spirituelles africaines : Stratégies pour une révolution
Cette intervention étudie la relation entre le travail spirituel des femmes noires et le militantisme. Portia Malatjie examine comment les femmes noires et leur travail spirituel ont initié ou soutenu des révolutions, et comment ces rencontres révolutionnaires sont représentées dans la pratique artistique africaine contemporaine. Elle utilise les registres spirituels et sonores pour analyser le travail des artistes noires Lukhanyiso Skosana, Sethembile Msezane, Buhlebezwe Siwani et Bronwyn Katz.
15h50 | Questions-réponses
14h00 | Introduction of the session
14h05 | Alice Korkor Ebeheakey représentant Alice Ebeheakey, Dorothy Amenuke, Bernard Akoi-Jackson (Kwame Nkrumah University of Science and Technology, Ghana) – Briser les limites et les frontières : Défaire les stéréotypes avec les stéréotypes. Le cas de l’art contemporain d’Afrique.
Cette intervention se concentre sur les artistes, les critiques, et les conservateurs et conservatrices qui ont milité pour la pulvérisation et l’annulation des notions de frontières qui confinaient les artistes dans un « ethos ésotérique », observant les artistes femmes contemporaines dont les pratiques problématisent l’africanité et défient les idéologies stéréotypées sur l’Afrique, l’art, et les femmes dans l’art.
14h40 | Perrin Lathrop représentant Perrin Lathrop & Ndidi Dike Princeton University, États-Unis) – Femmes modernes : Archiver le modernisme africain
Cette étude interroge les archives et l’histoire de la Fondation Harmon, l’un des principaux mécènes de l’art moderne africain en Amérique, à travers The Politics of Selection, une nouvelle installation de collage d’archives de Ndidi Dike qui étudie la présence et l’absence matérielles des femmes dans l’histoire du modernisme africain et de la modernité.
15h15 | Amandine Nana (ENS Ulm et Université Paris 1, France) – Clara Etso Ugbodaga-Ngu et Miranda Burney-Nicol : Fragments de trajectoires de plasticiennes africaines entre Paris et Londres au temps des décolonisations, au prisme du Musée Vivant
Cette communication analyse la présence de deux artistes africaines (Clara Etso Ugbodaga-Ngu, artiste nigériane, et Miranda Burney-Nicol, artiste sierra-léonaise) dans une revue culturelle française. Cette étude de cas sera l’occasion d’explorer les réseaux transnationaux d’idées au sein desquels ces femmes s’affirment en Europe de l’après-guerre aux premiers temps des Indépendances.
15h50 | Questions-réponses
Saison Africa2020 :
N’Goné Fall, commissaire générale d’Africa2020
AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions :
Camille Morineau, co-fondatrice et directrice de AWARE ; Anaïs Roesch, chargée du développement international ; Matylda Taszycka, responsable des programmes scientifiques ; Marie Chênel, responsable des programmes scientifiques par intérim ; Justine Lacombe, stagiaire ; Rose Laedlein-Greilsammer, stagiaire
Personnalités extérieures :
Eva Barois De Caevel, commissaire d’expositions indépendante ; Nadira Laggoune, directrice du musée national public d’Art moderne et contemporain d’Alger ; Peju Layiwola, artiste, fondatrice de la Women and Youth Art Foundation et Vice Présidente de l’Arts Council of the African Studies Association ; Nkule Mabaso, commissaire d’expositions indépendante ; Nontobeko Ntombela, commissaire d’exposition et professeure à la Wits School of Arts ; Karen Milbourne, conservatrice en chef, National Museum of African Art, Smithsonian Institution ; Chika Okeke-Agulu, professeur d’histoire de l’art, département d’art et d’archéologie / département des études africaines-américaines, Princeton University ; Senam Okudzeto, artiste et éducatrice, fondatrice de l’ONG ghanéenne Art in Social Structures ; Fatou Sarr Sow, sociologue, directrice du Gender and Family Institute of the Cheikh Anta Diop University à Dakar ; Rachida Triki, professeure d’histoire de l’art et d’esthétique, Université de Tunis