Pospiszyl, Tomáš, Jakalová, Zuzana, Eva Kmentová, cat. exp., House of the Arts, Brno, (23 août – 19 novembre 2023), Brno, Host, 2023
→Vachtová, Ludmila (dir.), Teď. Práce Evy Kmentové, Prague, Arbor Vitae, 2006
→Klimešová, Marie, Eva Kmentová, cat. exp., Severočeská galerie výtvarného umění, Litoměřice (juillet – septembre 2003), Západočeská galerie, Pilsen (octobre –novembre 2003), Muzeum Kamp, Prague (Janvier – février 2004), Litoměřice, Severočeská galerie výtvarného umění, 2003
Eva Kmentová, House of the Arts, Brno, 23 août – 19 novembre 2023
→Eva Kmentová. Deník díla, Mánes, Prague, 5 décembre 2006 – 27 janvier 2007
→Eva Kmentová. Výběr z životního díla, Prague City Gallery, Prague, 28 novembre 1989 – 14 janvier 1990
Sculptrice tchèque.
Eva Kmentová est la fille de l’artiste František Kment (1895-1977) et étudie la sculpture auprès de Josef Wagner (1901-1957), à l’École des arts appliqués de Prague. Elle y rencontre son mari, Olbram Zoubek (1926-2017), ainsi que des sculptrices célèbres, parmi lesquelles Věra Janoušková (1922-2010) et Zdena Fibichová (1933-1991), et est diplômée en 1951.
À ses débuts, son œuvre sculpté est étroitement mêlé à celui de O. Zoubek, avec lequel elle collabore dans le cadre de nombreuses commandes publiques d’architecture dans les années 1950 et 1960. On compte ainsi des mosaïques, des reliefs, des panneaux décoratifs pour des édifices publics et des cours de récréation, ainsi que de prestigieuses commandes pour les bureaux de Czechoslovak Airlines (à Berlin, Belgrade, Dakar et Singapour) et pour des ambassades (à Sofia, Stockholm, Londres et Washington). À partir du milieu des années 1960, son travail gagne en indépendance. Par le biais de l’abstraction organique, elle s’éloigne progressivement du réalisme pour se rapprocher d’une expression personnelle. Les empreintes de son corps et de ceux des membres de sa famille et d’amis proches caractérisent principalement son art. Elle passe également plus de temps à dessiner et à travailler avec le papier, qu’elle utilise pour créer des objets tridimensionnels aux formes vulvaires (Velká štěrbina [Grande fente], 1975), dont peu ont survécu.
L’œuvre de E. Kmentová se voit souvent qualifiée par les termes d’intime, vulnérable, fragile et éphémère. Elle travaille avec du béton, des mélanges de ciment et divers types de métaux mais, dans les années 1960, son matériau de prédilection est le plâtre, dans lequel elle moule des fragments de corps humains – doigts, lèvres, pieds et mains. Ses œuvres sont souvent en nuances de blanc et de gris, bien que dans les années 1960, sous l’influence du Nouveau Réalisme, elle s’essaye au bleu et à l’or. Ses artefacts, moulages de corps humains sont souvent porteurs de sentiments, autant que témoins de la présence ou de l’absence humaine, ce que l’on trouve dans son travail sur les objets quotidiens (Prostěradlo [Drap], 1969). Lors d’une exposition éphémère à la galerie Václav Špála, chant du cygne de la libéralisation politique de la scène artistique tchécoslovaque, E. Kmentová expose les moulages de ses propres pas (Stopy [Traces], 1970). Placés au sol, ils guident le public – qui les emporte après l’événement – à travers l’espace de la galerie. Ces traces de pas, qui s’arrêtent brutalement dans la vitrine du rez-de-chaussée, face à la rue, sont, comme nombre d’autres œuvres, l’expression d’un sentiment et d’une situation existentiels. Pour E. Kmentová, cependant, son art est aussi un moyen de développer la conscience de soi et de s’émanciper. C’est ainsi que l’on peut comprendre Lidské vejce (Œuf humain, 1968). Il s’agit d’une empreinte du corps de l’artiste en position accroupie, enserrant ses jambes, dans un grand moule de forme ovoïde ; elle évoque une renaissance.
La carrière de E. Kmentová est écourtée, d’abord pour des raisons politiques, liées à l’occupation soviétique en 1968, qui interrompt la phase d’exposition accrue de l’art tchécoslovaque à l’étranger des années 1960, puis en raison d’une grave maladie du foie, dont l’artiste meurt à l’âge de 52 ans. Bien que son travail soit reconnu dans son pays après 1945, il n’est pas largement connu à l’étranger. Toutefois, ses dessins font partie des collections du Centre Pompidou.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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