Ushioda, Tokuko, Mai hazubando [Mon Mari], Yamanashi, torch press, 2022
→Ushioda, Tokuko, Hon no keshiki / BIBLIOTHECA, Tokyo, Genki Shobō, 2017
→Ushioda, Tokuko, Reizōko / ICE BOX, Tokyo, BeeBooks, 1996
Azumino Photo Annual 2023, Tokuko Ushioda : Eien no lessun [Leçon d’éternité], Yokohama Civic Art Gallery Azumino, Yokohama, 28 janvier–26 février 2023
→Reizōko / ICE BOX, Tokyo Design Center, Tokyo, 1992
→Hohoemi no tejō [Sourires menottés], Salon Nikon de Shinjuku, Tokyo, 12–18 octobre 1976
Photographe japonaise.
Tokuko Ushioda s’inscrit à l’École de design Kuwasawa en 1960, dont elle sort diplômée en 1963, en spécialité photographie, section décoration intérieure. Pendant ses études, elle se forme auprès de Yasuhiro Ishimoto (1921-2012) et de Kiyoji Ōtsuji (1923-2001), et côtoie Yutaka Takanashi (né en 1935), Takao Niikura (né en 1939), Fusako Kodama (née en 1945), Shigeo Gochō (1946-1983), Masao Sekiguchi (né en 1946), Yoshitaka Saji (1946-2020), ou encore Kazuto Miura (né en 1946).
Entre 1966 et 1978, elle est assistante, puis chargée de cours à l’École de design Kuwasawa et à l’Université des arts plastiques de Tokyo, cette dernière la priant également de réaliser les archives photographiques de sa collection de textiles design. En 1975, elle se met à son compte et présente sa première exposition de photographies Hohoemi no tejō [Sourires menottés] au Salon Nikon de Shinjuku (Tokyo) en 1976. Tout en continuant son travail d’assistante, elle publie sa première série de photos intitulée Machi e [Dans la ville] (au moment de sa publication, le titre était Hohoemi no tejō), représentant des spectacles de rue dans les quartiers de Shinjuku ou Asakusa, ou encore des vues extérieures de Ginza – des instantanés de vie dans les rues de Tokyo, reflétant le regard observateur de T. Ushioda. Il faut sans doute y voir en filigrane le point de départ des tableaux de « la société de son temps », qu’elle développe par la suite sous la forme de natures mortes.
En 1978 naît sa fille Maho, dont le père est le photographe Shinzō Shimao (né en 1948), qu’elle épouse la même année. Pendant sept ans, de la fin 1978 à 1985, ils vivront à trois dans une pièce unique de 15 tatamis (environ 25 m2) à l’étage d’un bâtiment historique de style occidental (l’ancienne résidence de Yukio Ozaki, figure politique de la première moitié du xxe siècle) dans le quartier de Gōtokuji (arrondissement de Setagaya). Avec son Bronica S2, elle se met à photographier l’intérieur du réfrigérateur d’occasion suédois qu’elle utilise alors, comme un archivage de son quotidien, puis à partir de 1981, elle poursuit cette quête avec son œil aiguisé en enregistrant en images l’intérieur et l’extérieur de réfrigérateurs de divers foyers, ce qui aboutit en 1996 à la publication de l’album Reizōko/ICE BOX chez BeeBooks. En 2022, près de quarante ans après avoir vécu dans cette maison occidentale, elle publie un autre album de photographies, Mai hazubando [Mon Mari] (torch press), qui rassemble des œuvres inédites retraçant son quotidien d’alors, avec son conjoint et sa fille encore enfant.
À compter de 1995, elle s’attaque à son projet de Hon no keshiki / BIBLIOTHECA, qui appréhende le livre comme un objet. C’est ainsi qu’elle photographie d’abord pendant près de six mois juste avant sa démolition le bâtiment situé dans le quartier de Hongō san-chōme de la maison d’édition Misuzu Shobō, qui y a son siège de 1948 à 1996, cela qui donne lieu à l’album Misuzu Shobō kyū shaoku [L’Ancien siège de Misuzu Shobō, Genki Shobō, 2016]. Elle immortalise ensuite l’atelier de son maître K. Ōtsuji après son décès grâce à la coopération de sa veuve Seiko Ōtsuji, dans Sensei no atorie [L’Atelier de mon professeur, Usimaoda, 2017], et termine cette première trilogie avec Hon no keshiki / BIBLIOTHECA (Usimaoda, 2017), qui prend pour sujet des bibliothèques universitaires, la Bibliothèque nationale de la Diète, des bouquinistes ou encore des ateliers d’écrivains. Ses plus récentes publications sur la même thématique sont Bibliobibuli (Bon Book, 2024) et Kaishū mae, Maekawa Kunio sekkei Kanagawa kenritsu toshokan [Avant rénovation : la Bibliothèque départementale de Kanagawa, par l’architecte Kunio Maekawa, Sarutahiko Coffee et bibliothèque départementale de Kanagawa, 2024]. Ce projet de longue haleine autour du livre constitue un pilier de l’œuvre de T. Ushioda.
En 2018, son travail est récompensé par le 37e Prix Ken-Domon, le Prix de la Société japonaise de photographie et le 34e Prix des artistes japonais, décerné par Higashikawa, Ville de la photographie. En 2019, elle reçoit le Prix spécial Kuwasawa, et en 2022 une mention spéciale du jury au Prix du livre Paris Photo-Aperture, pour Mai hazubando.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Traces du futur : femmes photographes du Japon »
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