Bowles John P., Adrian Piper : Race, Gender and Embodiment, Durham, Duke University Press, 2011
→Nicol M. (dir.), Adrian Piper : textes d’œuvres et essais, cat. expo., Institut d’art contemporain, Villeurbanne (31 janvier – 25 mai 2003), Villeurbanne, Institut d’art contemporain, 2003
→Berger Maurice (dir.), Adrian Piper : A retrospective : 1965-2000, cat. expo., Fine Arts Gallery UMBC, Baltimore (1999-2000), New York, Art Publishers, 1999
Adrian Piper – since 1965, MACBA, Barcelone, 17 octobre 2003 – 18 janvier 2004
→Adrian Piper: A Retrospective, 1965-2000, Fine Arts Gallery UMBC, Baltimore, 22 octobre 1999 – 15 janvier 2000
→Adrian Piper : textes d’oeuvres et essais, Institut d’art contemporain, Villeurbanne, 31 janvier – 25 mai 2003
Artiste conceptuelle, performeuse et philosophe états-unienne.
Née dans une famille afro-américaine de la classe ouvrière, Adrian Margaret Smith Piper grandit à Harlem mais fréquente de bonnes écoles grâce à des bourses. Dès l’obtention de son diplôme de la prestigieuse School of Visual Arts à New York en 1969, elle se revendique de l’art conceptuel – mouvement artistique accordant une prééminence aux idées portées par une œuvre. Son travail se distingue cependant par sa dimension politique très forte : à partir de 1970, les questions de race et de genre sont au cœur de son travail, qui rend compte de son expérience de femme noire et de ses tentatives pour être reconnue et acceptée comme telle. Beaucoup de ses textes et vidéos interpellent directement le spectateur ou le lecteur et l’invitent à prendre position. Dans ses Political Self-Portraits 1-3 (1978-1980), elle opère une relecture de sa jeunesse en termes d’appartenance et d’exclusion : la peau plutôt claire et les cheveux lisses, elle n’est pas perçue comme « suffisamment noire » à Harlem, mais demeure l’une des seules Afro-Américaines dans les différentes écoles qu’elle fréquente, où elle affronte un racisme qui, pour être latent, ne la blesse pas moins. L’artiste est surtout connue pour ses actions dans les rues new-yorkaises : ainsi, dans sa série Catalysis (1970-1971), habillée de vêtements sentant très mauvais, elle s’assied dans le métro ou s’installe dans une librairie pour provoquer une réaction intense, autant physiologique que psychologique, dépassant ainsi la réaction intellectuelle généralement visée par l’art conceptuel.
Ses explorations la portent vers l’étude de la philosophie, notamment à Harvard, où elle obtient une thèse en philosophie morale en 1981 sous la direction de John Rawls. Après avoir enseigné à Harvard et à Georgetown, entre autres, elle devient, en 1987, le premier professeur afro-américain titulaire d’une chaire de philosophie aux États-Unis. Cependant, ayant découvert à l’occasion d’un voyage qu’elle est inscrite sur la liste officielle des « voyageurs suspects » du pays, elle refuse, depuis 2005, de retourner aux États-Unis. Elle perd donc son poste de professeure au Wellesley College et vit désormais à Berlin, où elle a fondé l’Adrian Piper Research Archive, qui rassemble différents documents sur sa triple pratique (art, philosophie, yoga). Elle a rédigé de nombreux articles et plusieurs ouvrages de philosophie, notamment sur Hegel, Kant, la philosophie politique et la xénophobie.