Morris Lynda (dir.), Alexis Hunter: Radical Feminism in the 1970s, Norwich, Norwich Gallery, 2006
→Eastmond Elizabeth et Johnston Alexa, Alexis Hunter: Fears/Dreams/Desires, Auckland, Auckland City Art Gallery, 1989
→Lippard Lucy et Richards Margaret, Alexis Hunter: Photographic Narrative Sequences, Londres, Edward Totah Gallery, 1981
Alexis Hunter: Radical Feminism in the 1970s, Norwich Gallery, 2006
→Alexis Hunter: Fears/Dreams/Desires, Auckland City Art Gallery, 1989
→Approaches to Fear, Institute of Contemporary Arts, Londres, 1978
Photographe et peintre néo-zélandaise.
Alexis Hunter sort diplômée de l’Elam School of Fine Arts de l’University of Auckland en 1969. Elle s’installe à Londres en 1972, mais retourne fréquemment en Nouvelle-Zélande, son pays natal, pour y exposer. Dans les années 1970, A. Hunter est à l’avant-garde du mouvement des femmes artistes en Grande-Bretagne et fréquente des collectifs d’artistes féministes, notamment le Women’s Workshop of the Artists’ Union et la Women’s Free Arts Alliance. Elle est très vite reconnue pour ses récits photographiques ouvertement féministes, qui figurent généralement des mains de femme, parfaitement manucurées (souvent les siennes), occupées à diverses tâches. Elle met volontairement en contraste le style glamour de la photographie publicitaire avec des images troublantes de destruction, de crasse et de danger. Dans Approach to Fear XIII: Pain – Destruction of Cause (1977), une femme met le feu à une chaussure à talon argentée et, dans Approach to Fear II: Taboo – Demystify (1976), ses mains caressent et sondent des pièces de moteur, se salissant de plus en plus au fur et à mesure de son exploration. Dialogue with a Rapist (1978) s’inspire d’une discussion où elle parvient à dissuader un homme noir de la violer en lui faisant remarquer que ses actes pourraient infliger un préjudice politique à sa communauté. Des années plus tard, la prise de conscience accrue du racisme permet de mettre en lumière les aspects problématiques de l’œuvre, notamment dans un compte rendu de l’exposition collective Taking Matters into Our Own Hands publié dans la revue Frieze en avril 2013.
Au fil du temps, A. Hunter associe davantage le dessin, la peinture et la photocopie couleur dans ses récits photographiques, avant de se tourner à nouveau vers la peinture au début des années 1980. Plutôt qu’essayer d’« éduquer » le public aux questions féministes, elle ressent le besoin d’exprimer quelque chose de plus profond et de plus personnel. Contrairement à ses premiers tableaux, qui décrivaient la vie de l’époque dans une veine réaliste, ces nouvelles œuvres se rapprochent davantage du néo-expressionnisme dans leur style et dans leur exploration des émotions, tout en restant sous-tendues par la pensée féministe de leur autrice. Dans la série An Artist Looking for Her Muse (1982) et dans d’autres œuvres similaires, la femme nue n’est pas la muse mais l’artiste ; la muse est une figure démoniaque et priapique qui, selon A. Hunter, représente l’animus, la bestialité et la subversion. La relation entre les deux entités est dépeinte comme tendue, mouvante et complexe. Des séries telles que Passionate Instincts (années 1980) ou Conflicts of the Psyche (années 1980), qui montrent des animaux sauvages et fantastiques souvent aux prises les uns avec les autres, font également appel aux concepts des forces opposées du psychisme. Ce sont des métaphores du conflit qui anime nos pensées, nos sentiments, nos désirs contradictoires, ainsi que, comme le dit l’artiste, de la « contradiction psychologique du monde moderne », qui mène aux guerres et à la destruction de l’environnement. A. Hunter traite aussi ces sujets dans une série de tableaux paysagers évoquant des lieux de pouvoir et de mémoire. Elle revient plus tard à la photographie pour couvrir notamment des manifestations de femmes iraniennes et les performances des stuckistes, un groupe d’artistes radicaux·ales.
A. Hunter épouse Baxter Mitchell en 1986. Le couple est propriétaire du Falcon, un pub du nord de Londres qui soutient la scène musicale alternative. L’artiste meurt de maladie neurodégénérative en 2014, à l’âge de 65 ans. Parmi ses expositions individuelles, citons notamment Approaches to Fear à l’Institute of Contemporary Arts de Londres en 1978 et Alexis Hunter. Fears/Dreams/Desires: A Survey Exhibition, 1976-1988 à l’Auckland City Art Gallery en 1989. Ses œuvres font partie de prestigieuses collections publiques, parmi lesquelles celles de la Tate Modern à Londres, du Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa à Wellington, de l’Auckland Art Gallery Toi o Tāmaki et de la Scottish National Gallery of Modern Art à Édimbourg.
Publication réalisée en partenariat avec Contemporary HUM et le soutien de Creative New Zealand.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions