B. Yochelson; B. Abbot, Berenice Abbott : changing New York, New York, New Press, The museum of the city of New York, 1997
→H. O’Neal, B. Hermann, Berenice Abbott : photographe américaine, Paris, Sers, 1982
→G. Morel, S. Miller, T. Weissman, Berenice Abbott (1898-1991), photographies, cat. expo, Jeu de Paume, Paris; Musée des Beaux-arts de l’Ontario, Toronto, (21 février – 29 avril 2012; 23 mai – 19 août 2012), Paris, Hazan, Jeu de Paume; Toronto (CA), Ryerson image centre, 2012
New York Photographs by Berenice Abbott, Museum of the city of New-York ; Museum of Fine arts, Springfield; Jerome Stavola Gallery (Hartford); Fine arts Guild, Cambridge, janvier – avril 1935
→Changing New-York, Museum of the City of New York; Teachers College Library; New York State Museum; Federal Art Gallery; Lawrenceville School; Lawrence Township; Photo League Gallery; New York State Employment Service; Walton High School; octobre 1937 – décembre 1939
→Berenice Abbott, The Museum of Modern Art, New-York, 10 décembre 1970 – 28 février 1939
Photographe états-unienne.
Après de brèves études à l’université de l’Ohio, Berenice (ou Bernice) Abbott se rend à New York et intègre les milieux artistiques de Greenwich Village. Elle part à Paris en 1921 pour étudier la sculpture et se forme ensuite auprès du photographe Man Ray avant d’ouvrir son propre studio en 1926. À l’aide de cadrages serrés et avec une ferme volonté de dépouillement, elle photographie la bohème artistique et intellectuelle parisienne, et participe à plusieurs expositions modernistes à Paris, à New York ou à Stuttgart. En 1929, elle retourne à New York, où elle ouvre un nouvel atelier. À la même époque, elle diffuse auprès des galeristes et des éditeurs les images de documentation urbaine d’Eugène Atget, dont elle a acheté une partie importante du fonds à sa mort. Elle-même entreprend de représenter les transformations urbaines contemporaines selon des principes méthodiques similaires à ceux d’E. Atget. Suite à une commande, elle réalise une série sur les édifices architecturaux de l’ère victorienne de la cité, qui est publiée dans un guide et exposée au Museum of the City of New York. En 1935, elle reçoit le soutien du Federal Art Project, fonds de soutien aux arts visuels inscrit dans le cadre de la Works Progress Administration, vaste programme fédéral de relance décidé par le gouvernement Roosevelt dans la continuité du New Deal. Le projet de l’artiste demeure identique : saisir le changement permanent d’une ville en perpétuelle mutation. Mêlant les anciens immeubles et commerces aux éléments modernes, les images marient tours et gratte-ciel gigantesques à des édifices moins imposants du passé. Les vitrines et les marchandises empilées côtoient des bâtiments entiers ou des fragments d’architectures, de ponts ou de bateaux. Par cette série, la photographe s’inscrit dans la vague documentaire des années 1930 : envisagée à l’origine comme une œuvre à visée artistique distincte des travaux de photographes simplement soucieux de documentation, Changing New York assumera au fil du temps sa vocation d’archives.
Tout en réalisant seule les prises de vue, la photographe s’entoure d’une équipe de chercheurs chargés de rassembler de nombreuses informations annexes liées aux images, qui dressent des cartes et décrivent les bâtiments, expliquent le fonctionnement des commerces, rassemblent coupures de presse et entretiens. Dans un but de conservation historique, elle fournit des épreuves réalisées en chambre noire pour un rendu maximal des détails et privilégie les plans larges tout en demeurant attachée à la saisie des contrastes architecturaux les plus frappants. Changing New York est lancé la même année que la campagne photographique de la Farm Security Administration (FSA) – successeur de la Resettlement Administration –, pour laquelle travaille en particulier la photographe Dorothea Lange. Les deux projets, l’un urbain, l’autre rural, sont regardés comme complémentaires, ce qui freine l’ambition de B. Abbott qui aurait désiré étendre son projet à l’ensemble du territoire américain. Les deux ensembles sont présentés de concert en 1938 lors de la première exposition photographique internationale du Grand Central Palace à New York. Pensée et saluée comme une démarche artistique personnelle, la contribution de l’artiste à Changing New York se poursuit jusqu’en 1939. Le résultat est une série de 302 images, augmentée des données rassemblées par les chercheurs. Une partie est exposée au Museum of the City of New York en 1937, avant d’être finalement rassemblée dans un ouvrage en 1939, proposé sous forme d’un guide et destiné aux visiteurs de la Foire internationale de New York (1939-1940). La photographe travaille ensuite pour le Physical Science Study Committee du Massachusetts Institute of Technology (MIT), pour illustrer les principes de la mécanique et de la lumière. En 1960, le Smithsonian Institute de Washington organise une exposition itinérante de ses photographies, intitulée Image of Physics ; plusieurs ouvrages réunissant ses images scientifiques seront publiés : Magnet (1964), Motion (1965) et The Attractive Universe: Gravity and the Shape of Space (1969). Les photographies abstraites réalisées dans le cadre de ces études révèlent des qualités formelles séduisantes, faites de découvertes et de surprises visuelles. La photographe a enseigné en outre à la New York School for Social Research (1934-1958) et publié deux manuels, A Guide to Better Photography (1941) et The View Camera Made Simple (1948). Dans les années 1950, elle met au point différents brevets, inventions et procédés photographiques. Toutes ces activités visent à mettre en place une pédagogie universelle de l’image.