Buthina Abu Milhem: A Lamenatation of Threads and Pins, cat. exp., Umm al-Fahem Art Gallery, Umm al-Fahem (30 juin – 17 octobre 2018), Umm al-Fahem, A-Sabar Association / Umm al-Fahem Art Gallery, 2018
→Wizansky, Noga, « Invoking Palestinian Embroidery Tradition Only to Unsettle It », Hyperallergic, 13 décembre 2018
→Buthina Abu Milhem: The Needle Vanquishes the Sewer, cat. exp., Umm al-Fahem Art Gallery, Umm al-Fahem (2005), Umm al-Fahem, Umm al-Fahem Art Gallery, 2005
Buthina Abu Milhem: A Lamentation of Threads and Pins, Umm al-Fahem Art Gallery, 30 juin – 17 octobre 2018
→Contrapuntal Lines: Rania Matar and Buthina Abu Milhem, Tufts University Art Galleries, Boston, 18 septembre – 21 décembre 2008
→Buthina Abu Milhem: The Needle Vanquishes the Sewer, Peace Center, Bethléem, 2004; The Umm al-Fahem Art Gallery, March-April, 2005
Artiste textile palestinienne.
Buthina Abu Milhem associe l’art textile et la broderie pour créer des œuvres profondément ancrées dans l’histoire de la broderie palestinienne, qui offrent une documentation précise sur sa culture et le lien intime qu’elle entretient avec le territoire.
B. Abu Milhem fait d’abord carrière en tant qu’enseignante en école maternelle jusque dans les années 1990. C’est à cette époque qu’elle commence à s’intéresser à l’art et à prendre des cours de peinture auprès de l’artiste Farid Abu Shakra (né en 1963). De 1991 à 1995, elle poursuit ses études artistiques au centre d’art Na’amat d’Ar’ara, où elle deviendra à son tour professeure d’art. Elle continue dans le même temps à travailler en école maternelle et au centre d’art tenu par l’association Altfel Al-Arabi à Ar’ara, qui forme les enseignants en maternelle.
L’année 2005 marque une étape importante dans la carrière de B. Abu Milhem, avec sa première exposition individuelle, The Needle Vanquishes the Tailor, à la galerie Umm al-Fahem, organisée par F. Abu Shakra. L’exposition se compose de trois robes confectionnées à l’aide de morceaux de robes traditionnelles ayant appartenu à sa grand-mère, que l’artiste a piquées d’épingles et d’aiguilles et brodées de fils noirs, verts et rouges. L’artiste utilise la broderie comme elle se servirait de pinceaux, de couleurs ou du dessin, traduisant ainsi son angoisse face à la perte de sa culture et de son identité.
B. Abu Milhem puise dans plusieurs types de broderies palestiniennes issues de diverses régions. Ses robes, ainsi dépourvues de leur rôle d’habit et transformées en œuvres d’art, plongent le spectateur, qui est invité à interagir avec ces objets différemment, au-delà de leur usage vestimentaire, dans un contexte géographique et historique. Faisant office de lignes dessinées, les fils brodés ont une fonction importante dans les robes de B. Abu Milhem. En plus d’être agrémentées de punaises, d’épingles et de points de couture, ces pièces sont pliées de manière très spécifique et parsemées de mots et de fils de différentes longueurs – dont on trouve un exemple éloquent dans la série The Needle Vanquishes the Tailor (2005-2018). Dans cette série, la robe devient une toile de fond pour ses souvenirs et expériences personnelles, ainsi qu’un reflet des récits historiques et politiques de sa culture. Le parcours artistique de B. Abu Milhem met à la fois en œuvre l’expression individuelle de l’artiste et le lien étroit qu’elle entretient avec le contexte plus vaste de la culture arabe et ses complexités.
Les créations artistiques de B. Abu Milhem renferment de profondes connotations et des symboles qui s’entremêlent de telle sorte que la robe et le corps ne fassent plus qu’un. Dans ses œuvres, la robe incarne une nostalgie du passé et des origines ancestrales et incarne les femmes, le corps, la terre et la transmission, ainsi que la fertilité. À travers ses découpes symboliques du tissu en forme de zones géographiques, elle met en scène les frontières mondiales, qu’elle souligne à l’aide de douloureuses agrafes qui symbolisent l’expérience humaine collective des conflits. À l’instar de son œuvre On the Table (2014), l’art de B. Abu Milhem transcende l’esthétique pure et donne à voir un récit puissant qui fait écho aux luttes culturelles, historiques et identitaires.
On notera, parmi ses nombreuses participations à des expositions collectives, son intervention lors de l’exposition Correspondence: Contemporary Arab Artists au Musée d’art islamique de Jérusalem en 2008. Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections internationales, dont celles du musée d’Israël à Jérusalem et du Museum Beelden aan Zee à La Haye.
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