Sandweiss, Martha A., Carlotta Corpron: designer with light, cat. d’exp., Austin, University of Texas Press, 1980
Photographe états-unienne.
Née dans le Minnesota, élevée en Inde dans des pensionnats britanniques, Carlotta Corpron retourne aux États-Unis à 19 ans, où elle entreprend des études artistiques avant de devenir elle-même enseignante, d’abord au Woman’s College of Alabama (1926-1928), puis à l’University of Cincinnati (1928-1935) et enfin à la Texas Woman’s University de Denton (1935-1968). Professeure de design, de publicité et d’histoire de l’art, elle y initie, dès 1936, un des premiers enseignements de « photographie créative », fondé sur une exploration expérimentale du médium : « Très tôt, ma mère m’a encouragée à penser à ma carrière plutôt qu’à me marier. […] Je ne me suis jamais mariée et je n’en ai jamais eu envie. J’étais libérée, bien avant le mouvement féministe […]. »
Si C. Corpron commence à pratiquer la photographie à des fins utilitaires (comme support de cours), elle s’intéresse très tôt à ses capacités expressives, et développe un intérêt particulier pour l’abstraction. Au début des années 1940, elle rencontre László Moholy-Nagy (1895-1946) et György Kepes (1906-2001), enseignants au New Bauhaus-Institute of Design de Chicago, qui encouragent et stimulent son approche expérimentale. Fascinée par la lumière, qu’elle travaille comme sa matière première, elle multiplie les solarisations, les dessins lumineux, les superpositions de négatifs dans l’agrandisseur, et utilise miroirs, prismes, papiers découpés, cubes de verre ou stores vénitiens pour réfracter, déformer et refléter la lumière sur les surfaces d’objets divers (coquillages, moulages, œufs…), avant de les photographier. Si C. Corpron reste isolée géographiquement, son œuvre, en phase avec les développements photographiques contemporains, bénéficie néanmoins d’une reconnaissance dès les années 1940. On lui consacre quelques expositions monographiques, et elle participe aux grandes expositions sur l’abstraction en photographie, notamment celles organisées au MoMA, telle Abstraction in Photography (1951). Ses photographies sont par ailleurs publiées dans des ouvrages majeurs de la période, tels The Language of Vision (1944) de Gyorgy Kepes, Vision in Motion (1947) de László Moholy-Nagy, Art Has Many Faces (1951) de Katherine Kuh ou Design for Point of Sale (1952) de Ladislav Sutnar (1897-1976). À partir des années 1970, elle est représentée par la galeriste Marcuse « Cusie » Pfeifer à New York et est incluse dans les expositions Women of Photography – an Historical Survey (San Francisco Museum of Art, 1975) et Recollections: Ten Women of Photography (International Center of Photography, New York, 1979).
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021