Catherine Viollet, Circulations, édition Ville de Vitry-sur-Seine, 2020
→Catherine Viollet, Suspens, édition Maison des Arts de Malakoff / Fondation Caisse d’Épargne Toulouse, 2005
→Catherine Viollet, Une figure libre, édition Aréa, 1996
Circulations, Galerie Jean Collet, Vitry-sur-Seine, 2020
→La ligne végétale, Musée Faure, Aix les Bains, 2001
→La trêve des héroïnes, Galerie Christian Cheneau, Paris, 1983
Peintre française.
Catherine Viollet s’inscrit dans une histoire de la représentation, avec, dès le début de sa carrière, la figure féminine au cœur de son travail. Tout au long de plus de quarante années de pratique – avec en contrepoint, de 1997 à 2019, la direction de la galerie municipale Jean Collet, à Vitry-sur-Seine –, l’artiste a toujours envisagé sa peinture comme projet, risque, aventure, passage. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques, dont le CNAP, le Centre Pompidou et le MAC VAL.
C. Viollet se forme à Nice, où règne alors Supports/Surfaces. Elle part ensuite à l’École des beaux-arts de Quimper. Elle y fait une rencontre déterminante, celle du critique d’art Bernard Lamarche-Vadel, qui l’invite à participer, en juin 1981 à Paris, à son exposition Finir en beauté. Elle est alors la seule femme à faire partie de la Figuration libre. Jeune artiste, elle pose déjà des bases assez précises, avec une attention au faire, un désir de représentation frontale sans narration, une peinture sur toile libre, travaillant au sol et recherchant des surfaces inédites.
Dès les années 1980, C. Viollet se concentre sur un travail très personnel dont le fil rouge est de fonctionner en séries : La Trêve des héroïnes, Les hommes se peignent, Égyptes, La Ligne végétale, Les Météores, Les Chemins d’eau… Chaque série résulte d’une rencontre avec d’autres cultures (Amazonie, Égypte ancienne, Japon), des livres (Descartes), des artistes (Pierre Bonnard 1867-1947, Henri Matisse 1869-1944, Aristide Maillol 1861-1944), voire des images du quotidien (les pages météo du journal Le Monde qui l’amènent à la série Les Météores d’après Descartes). Autant de variations sur un thème, de déclinaisons de motifs divers, mais avec en permanence la présence du dessin (dessins de petite taille, croquis où l’artiste teste la couleur, dessins de grand format d’un seul mouvement sur la toile, dans un geste décidé et concentré, sans repentir) et la recherche sur les supports et matériaux : toile libre ou enduite de pierre ponce, carton, lino décoré, envers de skaï, tissus de couleur, peinture à l’huile, acrylique, fusain, pastel… C. Viollet se distingue par une énergie vitale forte, n’hésitant pas à expérimenter différents médiums, dans une recherche permanente, allant aujourd’hui jusqu’à la performance et à l’attention au son du dessin.
L’un des autres principes fondateurs de sa création est ce qu’elle nomme la dé-liaison, quand les éléments perdent leur ancrage aux autres, quand la couleur se décale du trait et que les plans se disloquent et perdent toute échelle et mesure. Et l’idée de la strate qui, en reprenant des toiles déjà peintes, deviennent le soubassement d’une création originale. Les peintures sont partiellement recouvertes de fragments de toile ancienne monochrome et donnent à voir un assemblage d’images constitué de dessins, de peinture et de champs colorés découpés.
Assidue, patiente, C. Viollet se nourrit de formes d’inspiration singulière, avec toujours une porosité dans ses représentations. Elle réussit à assembler sur la toile des éléments hétérogènes en apparence, sortes de patchworks visuels de figures souples, fluides et rondes, végétales… toujours fortes et puissantes. On pense aux portraits, aux planètes dans l’espace, aux robes flottantes, aux études des masses d’air, des courants marins. L’idée de mouvement et de circulation irrigue son travail. C. Viollet est une artiste unique et son univers, qui peut sembler hybride, se soude autour de la notion de poésie, élément récurrent de son univers puissant. Elle fait partie du collectif la tangente, regroupant dix-sept plasticiennes et une poétesse, créé en 2016 afin de développer des échanges de parole sur leur pratiques respectives, les enjeux artistiques et le statut social et politique de l’artiste femme.
En 2024 elle est lauréate du Prix de peinture de la Fondation Simone et Cino Del Duca sur proposition de l’Académie des Beaux-Arts.