Alicia Lin, Bridget Tracy Tan (dir.), Joie de Vivre : Chen Cheng Mei, cat. expo., Nanyang Academy of Fine Arts Art Galleries, Singapore (2014), Singapour, Académie des Beaux-Arts Nanyang, 2014.
→Chen Cheng Mei, Odyssey: Oil Works, Singapour, Landmark Books, 2008.
→Wang-Chen Cheng Mei, Lasting Impressions, Singapour, Landmark Books, 2004.
The Tailors and the Mannequins: Chen Cheng Mei and You Khin, Galerie nationale de Singapour, Singapour, octobre 2021-juin 2022
→Joie de Vivre : Chen Cheng Mei, galeries d’art de l’académie des Beaux-Arts Nanyang, Singapour, février 2014-mars 2014.
→Odyssey : Oil Works by Chen Cheng Mei, Bibliothèque nationale, Singapour, 2008.
Graveuse et peintre singapourienne.
« Je m’efforce de transmettre ce bonheur au public, en le mettant en lignes et en couleurs », expliquait Chen Cheng Mei lors d’un entretien en 2008. Ce « bonheur » éprouvé par l’artiste, également connue sous le nom de Tan Seah Boey, quand elle peint, grave ou vit sa vie, découle le plus souvent de périlleux voyages, du souci accordé aux moments du quotidien et de la proximité avec la nature. Elle couche ces ressentis sur des toiles et des lithographies pleines de couleurs, figuratives ou abstraites. Les œuvres de Chen C. M. révèlent les transformations du Singapour postcolonial dont elle fut la témoin ainsi que ses pérégrinations dans le Sud global et manifestent sa maîtrise des techniques de gravure.
Très jeune, Chen C. M. est proche de la nature : elle naît dans une région rurale de Singapour où son père, homme d’affaires accompli, cultive des orchidées et des durians. Sa mère est la nièce d’un proche de l’ancien président chinois Sun Yat-sen et fondateur de la branche singapourienne du Kuomintang. La luxuriance de la végétation tropicale et sa situation socio-économique relativement privilégiée marquent fortement Chen C. M., pour qui l’art ne représentera jamais la principale source de revenus et dont la première exposition personnelle se tiendra à Singapour en 2004, alors qu’elle est déjà âgée de 77 ans.
Chen entre à l’académie des Beaux-Arts Nanyang de Singapour en 1949. Elle y reçoit l’enseignement d’artistes pionniers, tels que Lim Hak Tai et Cheong Soo Pieng. En 1951, elle se fait embaucher comme traductrice du français à la Banque de Chine à Singapour, où elle travaillera à temps plein vingt ans durant, tout en élevant deux enfants. Elle poursuit ses études à temps partiel et obtient son diplôme en 1954. Elle reprend son éducation de manière informelle en 1969 lors d’un voyage à Paris : elle y apprend la gravure auprès de Stanley William Hayter au fameux Atelier 17, lieu de rencontre pour de nombreuses femmes et artistes des pays en voie de décolonisation.
En 1960, Chen C. M. organise un voyage en voiture en Malaisie péninsulaire, qu’elle entreprend avec trois autres artistes, dont son frère Tan Teo Kwang (né en 1941). Le collectif grandit et se baptise Ten Men. Chen C. M. propose que l’artiste Yeh Chi Wei (1915-1981) reprenne la tête du groupe à sa place. Tout au long des dix années suivantes, ils et elles voyagent ensemble en Asie du Sud-Est, notamment à Java, à Bali, au Cambodge, en Thaïlande, au Sarawak et à Bornéo. Chen et ses collègues rencontrent des artistes de renom dans bien des lieux qu’elles et ils visitent et, au retour de la plupart de leurs séjours, montent des expositions de leurs œuvres. Cette démarche a été précurseuse d’une approche régionaliste de la pratique artistique en Asie du Sud-Est.
Dans les années 1970, le collectif voyage en Chine et en Inde et Chen C. M. entame une longue période de voyages personnels, seule ou avec des proches. Au cours de dizaines de voyages sur plusieurs décennies, elle visite des centaines d’endroits en Asie, en Afrique et en Amérique latine, ainsi qu’en Europe et ailleurs. Chen C. M. réalise des croquis et des photographies sur place et les reprend dans son atelier ; elle représente aussi les plantes, les personnes et les lieux qu’elle voit à Singapour lors de cette période de rapide transformation socioculturelle.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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