Biberman, Efrat (dir.), That is to Say: On the Art of Deganit Berest, Jérusalem, Y.L. Magnes, 2020 (en hébreu)
→Ginton, Ellen, Ginton, David, Biberman, Efrat, Dotan, Esther et Geldman, Mordechai, Deganit Berest: The Conspiracy of Nature, Works 1973-2013, cat. exp., musée d’Art de Tel Aviv, Tel Aviv (17 mai – 28 septembre 2013), Tel Aviv, Musée d’Art de Tel Aviv, 2013
→Zalmona, Yigal, Deganit Berest: Loch Ness Investigations, cat. exp., musée d’Israël, Jérusalem (1er janvier – 3 février 1990), Jérusalem, Musée d’Israël, 1989
Deganit Berest: The Conspiracy of Nature, Works 1973-2013, musée d’Art de Tel Aviv, Tel Aviv, 17 mai – 28 septembre 2013
→Deganit Berest: Four Chapters on Water, musée d’Art de Haïfa, Haïfa, 19 juillet – 21 novembre 2004
→Loch Ness Investigations, musée d’Israël, Jérusalem, 1er janvier – 3 février 1990
Photographe et artiste post-conceptuelle israélienne.
Deganit Berest, artiste de premier plan, pratique la photographie, la peinture, le dessin et le collage. Son art éclectique se distingue par sa démarche post-conceptuelle et ses œuvres très codifiées, qui ont recours aux principes scientifiques, aux systèmes géométriques ou aux formules physiques pour s’intéresser à ce qui détermine la vue, à la relation entre images et mots, et à la tension entre science et irrationalité.
D. Berest évoque souvent la grande influence qu’a eue sur elle Raffi Lavie (1937-2007), figure majeure de la peinture conceptuelle israélienne et l’un de ses professeurs au lycée. Après avoir choisi de faire des études de beaux-arts au détriment des sciences naturelles, elle obtient un bachelor de l’académie des arts et du design Bezalel de Jérusalem en 1973 et un master du Pratt Institute de New York en 1980. Parmi ses œuvres du début des années 1970, on citera des compositions photographiques conceptuelles dans l’air du temps, comme This Is to Say (1975), un assemblage de photographies représentant D. Berest prononçant une à une les syllabes de la phrase « The true artist helps the world by revealing mystic truths » [L’artiste véritable aide le monde en révélant des vérités mystiques]. Cette œuvre de jeunesse, qui traduit en syllabes mutantes la fameuse réalisation en néon (1967) de Bruce Nauman (1941-), témoigne de l’usage caractéristique que D. Berest fait de la décomposition pour explorer la tension artistique inhérente entre vérité et mysticisme, ainsi que d’un traitement subtil des questions de genre par une artiste qui a déclaré que, lorsqu’elle crée, son âme n’a justement pas de genre. Une autre série majeure de cette époque est composée d’agrandissements de cartes d’Israël tirées d’un vieil atlas très utilisé pour enseigner la géographie dans les écoles du pays (From Physical-Political-Economic Atlas, Dr. Moshe Brawer (ed.), 6th edition (Eretz-Israel), 1976). L’agrandissement est en effet une autre tactique employée par D. Berest pour perturber l’image et la pousser vers l’infini et la multiplicité. Des connotations politiques insaisissables caractériseront également les œuvres ultérieures de l’artiste.
Dans sa première grande exposition personnelle, Loch Ness Investigations (musée d’Israël, Jérusalem, 1987), D. Berest explore l’insaisissable surface de l’eau. Puisant son inspiration dans le voyage de l’artiste au loch Ness, l’exposition montre des représentations du mystérieux lac écossais s’appuyant sur des principes mathématiques. L’étude de l’eau se poursuit avec des séries typologiques d’agrandissements et de tableaux où figurent des silhouettes se baignant sur la plage de Tel Aviv et dans la mer Morte. Ces systèmes de taches déconstruits et pixelisés font apparaître des rapports de densité et d’obscurité entre les silhouettes et l’arrière-plan, tout en portant des qualités esthétiques de l’ordre du médico-légal, du pathologique ou du rapport au corps chrétien.
Le titre de la grande rétrospective consacrée à D. Berest, The Conspiracy of Nature : Works, 1973-2013, au musée d’Art de Tel Aviv en 2013, fait référence aux phénomènes naturels que la physique n’explique pas et évoque notre incapacité à observer et à connaître le monde. Dans son étude de la place de la digression, de la perversion et de l’aléatoire dans la logique, le système ou la série, l’artiste nous offre une variante unique, plus poétique et moins générative, de l’art post-conceptuel.
Parmi les nombreuses récompenses que D. Berest a reçues, citons le prix Rappaport de l’artiste israélien·ne estimé·e (2012), le prix de peinture et sculpture du ministère israélien de l’Éducation et de la Culture (1988 et 2005) et le prix Sandberg de l’artiste israélien·ne (1993). Ses œuvres figurent dans des collections majeures, notamment celles du Musée juif de New York, du musée d’Israël de Jérusalem et du musée d’Art de Tel Aviv.
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