Dilyara Kaipova: 20-21, cat. exp., Aspan Gallery, Almaty (23 septembre – 7 novembre 2021), Almaty, Aspan Gallery, 2021
→Shamukhitdinova Lola, IKATdna: Ikat Patterns of Central Asia, Norderstedt, Twentysix, 2021
→Kaipova, Dilyara, Gyul, Elmira, « “Captain Ikat”: Textile Fantasies of Dilyara Kaipova », Voices On Central Asia, 2019
Dilyara Kaipova: 20-21, Aspan Gallery, Almaty, 23 septembre – 7 novembre 2021
→Dilyara Kaipova, musée national de la Soie, Tbilissi, 2019
→Northern Lights of the South, Zero Line Gallery, Tachkent, novembre 2019
Artiste textile ouzbek.
La pratique artistique de Dilyara Kaipova fait la synthèse entre les procédés qu’emploient les arts plastiques et les techniques mises en œuvre dans la fabrication et le travail du tissu. D. Kaipova obtient son diplôme à l’Académie républicaine des arts de Tachkent (1986-1990). Les années 1990 marquent ensuite le début d’un long engagement dans le domaine du théâtre comme scénographe et créatrice de marionnettes. À cette même époque, D. Kaipova s’adonne aussi à la peinture et commence sa carrière d’artiste en 2001 avec une exposition de pastels au théâtre Ilkhom, fondé par Mark Weil à Tachkent. Depuis la deuxième moitié des années 2010, sa pratique artistique s’articule principalement autour du tissu et du textile. En 2016, elle présente son projet Kapitan Ikat [Capitaine Ikat], applaudi par la critique, à la foire internationale d’art contemporain de Tachkent. L’œuvre est composée d’un ensemble de robes – chapans ou khalats de tradition ouzbek – en tissu ikat (abr) spécialement conçu par l’artiste et développé en collaboration avec les tisserand·e·s de Marguilan (en 2022, la ville ouzbek est nommée capitale de la soie et de l’artisanat ikat par le Conseil mondial de l’artisanat).
La pratique de D. Kaipova se caractérise par une exploration et une reconceptualisation des formes traditionnelles de la culture matérielle ouzbek (motifs et tissus) à travers le prisme du présent et, plus spécifiquement, de la culture populaire moderne. Son œuvre incorpore l’iconographie de la culture de masse – comme, par exemple, des motifs de fleurs de coton (pakhta) juxtaposés avec le logo Adidas, le cosmonaute Youri Gagarine, Dark Vador et bien d’autres encore – dans la trame du tissu et, ce faisant, crée un nouveau mode d’expression ludique et en même temps représentatif de son pays. Car c’est là que s’exprime la singularité de l’approche de D. Kaipova : pour elle, le tissu, qu’il soit tissé ou imprimé, est à la fois l’objet et le sujet de sa pratique artistique, tandis que la forme qu’il prend – que ce soit une robe (chapan ou khalat), une veste (telogreika) ou une tapisserie brodée (suzani) – joue un rôle crucial dans la compréhension des significations multiples qu’il évoque.
En effectuant cette synthèse artistique des techniques de l’artisanat textile et de l’iconographie de la culture de masse, celle de l’ancien bloc soviétique et celle de la modernité capitaliste, D. Kaipova évoque la question de l’histoire et de ses fondements matériels et, par conséquent, politiques et idéologiques : comment comprendre l’histoire à travers les tissus et textiles ? Que nous disent ces derniers sur notre manière d’envisager l’époque contemporaine et comment la façonnent-ils ? Ces questionnements se dégagent du contexte particulier de l’Asie centrale actuelle, où l’hégémonie de la culture nationale fait écho à la domination mondiale du système capitaliste et vice versa, mettant ainsi en évidence la nature contradictoire du projet soviétique. Le travail de D. Kaipova a en cela quelque chose d’explicitement exploratoire. En effet, l’artiste est reconnue à l’international pour ses conférences et ses ateliers sur l’histoire et les techniques du textile en Ouzbékistan.
Les œuvres de D. Kaipova sont présentes dans de nombreuses collections : Herbert F. Johnson Museum of Art de la Cornell University, New York ; fondation Mardjani, Moscou ; MARKK Museum, Hambourg ; musée des Beaux-Arts d’Ouzbékistan, Tachkent ; RISD Museum, Rhode Island ; musée royal de l’Ontario, Toronto ; musée national de la Soie, Tbilissi ; Stedelijk Museum, Amsterdam ; George Washington University Museum et Textile Museum, Washington ; Victoria and Albert Museum, Londres.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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