Myrlande Constant

1968 | Port-au-Prince, Haïti
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Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant tenant son œuvre Danbalah et Aïda La Flambo, début des années 2000, © Photo : Katherine Smith

Artiste textile haïtienne.

Myrlande Constant naît à Port-au-Prince, en Haïti, où elle est élevée par sa mère, Jane Constant, qui travaille dans l’industrie textile. Adolescente, M. Constant brode des perles aux côtés de celle-ci dans une usine étrangère de robes de mariée. Elle y apprend la broderie au tambour, sa technique de prédilection. Elle considère l’influence de sa mère comme la plus importante de sa carrière. Alors qu’elle a une vingtaine d’années, M. Constant quitte la fabrique et entreprend de concrétiser ses propres visions artistiques. Elle ouvre un atelier avec sa mère, où elle est assistée par d’autres anciennes ouvrières. M. Constant se rattache à une tradition artisanale haïtienne, le drapo Vodou (oriflamme vaudou), jusqu’alors dominée par les hommes. Depuis cette époque, beaucoup de ses apprenti·e·s ont fondé leurs propres ateliers et forment à leur tour des élèves. De fait, M. Constant a ouvert cette discipline à tous et toutes.

M. Constant a grandi avec sa religion ancestrale, le vaudou haïtien, qui reste central dans son œuvre. Le vaudou a une approche non exclusive du divin : ses fidèles voient rarement de contradiction à pratiquer simultanément différents cultes. M. Constant s’inspire ainsi de nombreuses sources, en particulier du catholicisme. Dans sa représentation des lwas (ou loas, les esprits vaudous), elle tend vers des récits et des cérémonies de plus en plus complexes. Elle explore, dans son art narratif visuel, la relation entre l’humain et le divin dans des espaces intimes comme monumentaux. Beaucoup de ses tableaux sont à thématique morale : la réciprocité, la justice…

Les premières œuvres de M. Constant, parmi lesquelles Danbhalah Hwéd et Aïdah Wédo (années 1990), représentent les lwas dans des contextes relativement simples, mais avec un dynamisme corporel qui laisse entrevoir le potentiel narratif que l’artiste développera plus tard. Plus récemment, dans Pierre Danbalah pòt limyè oufò Voudoo [Pierre Danbalah, porte-lumière du temple vaudou, 2017], M. Constant montre les détails complexes de la mythologie, les offrandes privilégiées et les tenues cérémonielles des esprits Danbalah et Ayida Wedo et de leurs frères mystiques. Elle est aussi la première artiste textile à réfléchir explicitement aux récits historiques, comme on peut le voir dans des pièces telles que Anacaona (vers 1995), un hommage à la reine autochtone Taíno, et Haiti madi 12 janvye 2010 [Haïti, mardi 12 janvier 2010, 2012], qui commémore le tremblement de terre de 2010.

Les œuvres textiles de M. Constant sont largement collectionnées et exposées. Elle a participé à des expositions collectives, telles que In Extremis : Life and Death in Contemporary Haitian Art (2011), Pòtoprens : The Urban Artists of Port-au-Prince, Relational Undercurrents : Contemporary Art of the Caribbean Archipelago (2017), Faena Foundation, Art Basel Miami (2019) et la Biennale de Venise (2022). Son œuvre figure dans des collections publiques, notamment celles du Fowler Museum à UCLA, de l’Institute of Contemporary Art de Miami, du musée du Quai Branly – Jacques Chirac, du Pérez Art Museum, de l’American Folk Art Museum, de l’Art Institute of Chicago et d’autres encore. En mars 2023, M. Constant se voit consacrer sa première rétrospective, Myrlande Constant : The Work of Radiance au Fowler Museum de UCLA, qui constitue la première grande exposition muséale portant sur la carrière d’une artiste haïtienne. La publication qui l’accompagne est la première monographie majeure consacrée à une artiste haïtienne.

Katherine Smith

Traduit de l'anglais par Charlotte Matoussowsky.

Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others » en partenariat avec le Clark Art Institute.

© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Danbhalah Hwéd et Aïdah Wédo, début des années 1990, sequins, mousse, textile, perles, 68,6 × 84 cm, Collection de Nancy Josephson, Courtesy de Nancy Josephson, © Photo : Carson Zullinger, 2021

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Saint Patrick ou Pierre Danbalah pòt limyè oufò Voudoo. Yon gran poison nan cilti Voudoo. Metres Aidah Wèdo reprezantan metres Labanirne. Tout mètres Èzuli an jeneral [Pierre Danbalah, porte-lumière du temple Vaudou. Un grand poisson de la culture Vaudou. Maîtresse Ayida Wèdo représentante de maîtresse Labalèn [la baleine]. Et de toutes les maîtresses Èzili en général], 2017, sequins et perles sur textile, 188 × 167,7 cm, © Myrlande Constant, Courtesy du Central Fine, Collection de William Brandt, © Photo : Armando Vaquer, 2017

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Haiti madi 12 janvye 2010 [Haïti, Mardi 12 janvier 2010], 2012, textile, perles et sequins, 239 × 249 cm, Fowler Museum de UCLA

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Agoueh, 1995, 120 × 200 cm, textile, perles et sequins, Collection Reynald Lally, Béziers

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Guédés, 1999, 152 × 195 cm, textile, perles et sequins, Collection Reynald Lally, Béziers

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Milocan Tous Les Saints Tous Les Morts, vers 2000, perles et sequins sur textile, 106,7 × 142,24 cm, don de Robert Brenner, © Photo : Gavin Ashworth. American Folk Art Museum/New York, NY/USA

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Drapeau vaudou pour le Marasa Guinin, sans date, fil, paillettes, perles, satin. Etats-Unis, Chicago, The Art Institute of Chicago, © Art Institute of Chicago, Dist. RMN-Grand Palais / image The Art Institute of Chicago, © Myrlande Constant

Myrlande Constant — AWARE Women artists / Femmes artistes

Myrlande Constant, Représentation de Bawon ou Baron Samedi, représentation du lwa (ou esprit) des morts, 2005, 150 × 125 cm, bannière, textile, perles et sequins, © Photo : musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Claude Germain

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