Mitter, Siddhartha, « An Artist Who Blends Secular and Sacred (With Sequins) », New York Times, 25 janvier 2023
→Smith, Katherine, Philogene, Jerry (dir.), Myrlande Constant: The Work of Radiance, Los Angeles, UCLA Fowler Museum, The University of Washington Press, 2022
→Gordon, Leah, Jelly-Shapiro, Joshua (dir.), Pòtoprens: The Urban Artists of Haiti, New York, Pioneer Works Press, 2021
Myrlande Constant: The Work of Radiance, Flower, Museum at UCLA, Los Angeles, 26 mars – 16 juillet 2023
→Myrlande Constant: Drapo, Fort Gansevoort, New York, 11 janvier – 11 mars 2023
→The Milk of Dreams, Biennale de Venise, Arsenal, Venise, 23 avril – 25 septembre 2022
Artiste textile haïtienne.
Myrlande Constant naît à Port-au-Prince, en Haïti, où elle est élevée par sa mère, Jane Constant, qui travaille dans l’industrie textile. Adolescente, M. Constant brode des perles aux côtés de celle-ci dans une usine étrangère de robes de mariée. Elle y apprend la broderie au tambour, sa technique de prédilection. Elle considère l’influence de sa mère comme la plus importante de sa carrière. Alors qu’elle a une vingtaine d’années, M. Constant quitte la fabrique et entreprend de concrétiser ses propres visions artistiques. Elle ouvre un atelier avec sa mère, où elle est assistée par d’autres anciennes ouvrières. M. Constant se rattache à une tradition artisanale haïtienne, le drapo Vodou (oriflamme vaudou), jusqu’alors dominée par les hommes. Depuis cette époque, beaucoup de ses apprenti·e·s ont fondé leurs propres ateliers et forment à leur tour des élèves. De fait, M. Constant a ouvert cette discipline à tous et toutes.
M. Constant a grandi avec sa religion ancestrale, le vaudou haïtien, qui reste central dans son œuvre. Le vaudou a une approche non exclusive du divin : ses fidèles voient rarement de contradiction à pratiquer simultanément différents cultes. M. Constant s’inspire ainsi de nombreuses sources, en particulier du catholicisme. Dans sa représentation des lwas (ou loas, les esprits vaudous), elle tend vers des récits et des cérémonies de plus en plus complexes. Elle explore, dans son art narratif visuel, la relation entre l’humain et le divin dans des espaces intimes comme monumentaux. Beaucoup de ses tableaux sont à thématique morale : la réciprocité, la justice…
Les premières œuvres de M. Constant, parmi lesquelles Danbhalah Hwéd et Aïdah Wédo (années 1990), représentent les lwas dans des contextes relativement simples, mais avec un dynamisme corporel qui laisse entrevoir le potentiel narratif que l’artiste développera plus tard. Plus récemment, dans Pierre Danbalah pòt limyè oufò Voudoo [Pierre Danbalah, porte-lumière du temple vaudou, 2017], M. Constant montre les détails complexes de la mythologie, les offrandes privilégiées et les tenues cérémonielles des esprits Danbalah et Ayida Wedo et de leurs frères mystiques. Elle est aussi la première artiste textile à réfléchir explicitement aux récits historiques, comme on peut le voir dans des pièces telles que Anacaona (vers 1995), un hommage à la reine autochtone Taíno, et Haiti madi 12 janvye 2010 [Haïti, mardi 12 janvier 2010, 2012], qui commémore le tremblement de terre de 2010.
Les œuvres textiles de M. Constant sont largement collectionnées et exposées. Elle a participé à des expositions collectives, telles que In Extremis : Life and Death in Contemporary Haitian Art (2011), Pòtoprens : The Urban Artists of Port-au-Prince, Relational Undercurrents : Contemporary Art of the Caribbean Archipelago (2017), Faena Foundation, Art Basel Miami (2019) et la Biennale de Venise (2022). Son œuvre figure dans des collections publiques, notamment celles du Fowler Museum à UCLA, de l’Institute of Contemporary Art de Miami, du musée du Quai Branly – Jacques-Chirac, du Pérez Art Museum, de l’American Folk Art Museum, de l’Art Institute of Chicago et d’autres encore. En mars 2023, M. Constant se voit consacrer sa première rétrospective, Myrlande Constant : The Work of Radiance au Fowler Museum de UCLA, qui constitue la première grande exposition muséale portant sur la carrière d’une artiste haïtienne. La publication qui l’accompagne est la première monographie majeure consacrée à une artiste haïtienne.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023