Dineke Blom est née à Paramaribo, au Suriname, d’un père surinamais et d’une mère néerlandaise. Entretenant pour le dessin et l’abstraction une affection toute particulière, elle vit et travaille à Amsterdam, où elle a construit la plus grande partie de sa carrière et où elle est par ailleurs professeure à la Gerrit Rietveld Academie. Elle a étudié les beaux-arts aux Ateliers ’63 à Haarlem de 1970 à 1973 (première école supérieure d’enseignement artistique fondée par des artistes aux Pays-Bas, aujourd’hui installée à Amsterdam sous le nom de De Ateliers) puis la littérature anglaise et américaine à l’université d’Amsterdam de 1977 à 1983. Fine connaisseuse de l’histoire de l’art et des lettres, elle nourrit pour les peintres flamands du XVII^e siècle une grande admiration dans laquelle elle puise la principale source d’inspiration de son travail. Si nombre de ses toiles sont « sans titre », une mention leur est souvent accolée qui précise « d’après Gérard Dou » (2003), « d’après Hendrick Avercamp » (2005), « d’après Pieter de Hooch » (2009) ou « d’après Gabriël Metsu » (2014-2015).

En grand et moyen format, au graphite, au charbon ou à l’aquarelle depuis les années 2010, l’artiste reprend les compositions et les constructions de toiles emblématiques du « Siècle d’or néerlandais », apogée du rayonnement culturel et colonial du royaume des Pays-Bas. Méticuleusement, elle en étudie les lignes de force, les manières et les astuces déployées par les peintres pour rendre compte d’une anecdote, d’une marine ou d’un paysage ; une « peinture du quotidien » dont l’histoire de l’art occidental a fait de ces hommes des « maîtres ». D’une scène fameuse comme le Country Cottage de Pieter de Hooch (1629-1684), elle observe la composition pour en extraire les ressorts narratifs, la répartition des masses et des couleurs qui imposent à l’œil une circulation et un sens de lecture. Dans les dessins épurés de D. Blom ne restent que ces grands mouvements venus guider le regard et composer l’histoire, qu’elle transforme en brume, en figures géométriques et en esquisses, en couleurs délavées et en tourbillons. Avec ses réappropriations et ses propres compositions, l’artiste mène en réalité une minutieuse exploration de la peinture elle-même et de ses capacités narratives et émotives. En creux de cette réflexion plastique pointe également la question de la persistance des images et des canons multiséculaires établis par l’histoire de l’art, qui continuent, par-delà les frontières et les conflits – ici, la colonisation du Suriname par les Pays-Bas –, d’imprimer leur influence à travers les âges.

L’œuvre de D. Blom a circulé essentiellement aux Pays-Bas et en Europe depuis les années 1980, notamment dans des expositions personnelles régulières à la galerie AdK Actuele Kunst, par exemple avec If All The Things That Exist Became Smoke en 2019, et dans des expositions collectives consacrées au dessin telles que All About Drawing au Stedelijk Museum Schiedam en 2011 ou Into Drawing : hedendaagse Nederlandse tekeningen, exposition itinérante de 2004 à 2007 passée par Limerick (Irlande), Apeldoorn (Pays-Bas), Paris (France), Florence (Italie) et Bedburg (Allemagne). Son travail a intégré les collections publiques nationales du Stedelijk Museum à Amsterdam, du Frans Hals Museum et du Teylers Museum à Haarlem, celles des fondations ABNAmro, Bouwfonds et du fonds de la NOG Collection, ainsi que des collections privées.