Dominique Blain vit et travaille à Montréal. Depuis le début des années 1980, elle développe son œuvre à partir d’images témoins de l’histoire sociale, politique et économique des cent dernières années, extraites du champ documentaire en raison des potentialités qu’elles continuent de présenter sous le regard contemporain. Forte d’un diplôme en beaux-arts de l’Université Concordia de Montréal et d’un apprentissage en cinéma à la New York Film Academy, la jeune artiste s’impose d’abord avec des œuvres telles que Stars and Stripes (1985), Sans titre (1987) ou Missa (1992), qui la confirment sur la scène nationale et internationale.

Avec les années, ses œuvres s’ouvrent aux enjeux d’une actualité universelle troublante, comme autant de moyens possibles d’envisager les ambivalences de l’humain aux prises avec le colonialisme, l’injustice sociale, les fléaux de la destruction. Mises en scène avec amplitude dans d’impressionnantes installations vidéographiques, d’ambitieuses constructions accompagnées de photographies, ou proposées au regard comme objets-concepts de taille plus modeste, elles exacerbent la distance entre le réel et sa représentation, mettent en tension le passé et le présent, nous confrontent au proche et au lointain. C’est ainsi que l’artiste expose les périls des œuvres d’art en temps de guerre et leur nécessaire protection, et qu’elle évoque tout autant les bouddhas de la vallée de Bâmiyân (Bamiyan, 2013) que les opérations de sauvetage lors des Première et Seconde Guerres mondiales (Monuments, 1998 et Monuments II, 2019) ; qu’elle s’attarde sur le destin inhumain des populations migrantes (Dérive, 2019) ; ou qu’elle rassemble les images de nombreux soulèvements ayant cours dans le monde en lien avec les injustices, les prisonniers et prisonnières politiques, le sort des femmes, la liberté d’expression (Émergence, 2015).

Le travail de D. Blain s’incarne autant dans des œuvres d’art public que dans des scénographies pour le théâtre (Lysis, 2021-2022, Théâtre du Nouveau Monde, Montréal) ou pour l’opéra (L’Orangeraie, 2021-2022 et The Trials of Patricia Isasa, 2016, Chants Libres, Montréal). Sa carrière a été couronnée de plusieurs distinctions, notamment le prix Paul-Émile-Borduas, décerné par le gouvernement du Québec, et le prix-hommage des Artistes pour la paix, tous deux en 2014. D. Blain expose dans plusieurs villes nord-américaines et européennes, notamment au Portland Museum of Art, au Contemporary Arts Museum de Houston, au LACMA de Los Angeles, à la Kunstverein de Francfort, au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Louisiana Museum of Modern Art de Copenhague. Trois rétrospectives majeures lui ont été consacrées : par le Centre d’art contemporain Arnolfini de Bristol (1997-1998), par le musée national des Beaux-Arts du Québec (1998) et par le musée d’Art contemporain de Montréal (2004). Ses œuvres font partie des collections de nombreuses institutions muséales telles que le MBAC à Ottawa, l’AGO à Toronto, la Galerie de l’UQAM, le MACM et le MBAM, tous trois à Montréal, le MNBAQ à Québec ou encore le LACMA à Los Angeles, le MAMAC à Nice et le musée de l’Europe à Bruxelles.