Schmidt Margot, Elsa Thiemann, Fotografin : Bauhaus und Berlin, cat. expo., Bauhaus-Archiv Museum für Gestaltung, Berlin (25 février – 6 juin 2004), Berlin, Kupfergraben, 2004
100 Years German Bauhaus #1, Kleinschmidt fine fotographs, Wiesbaden, 29 mars – 26 avril 2019
Photographe allemande.
Elsa Thiemann (née Franke) est une Bauhausmädel : comme de nombreuses femmes allemandes durant la République de Weimar qui rêvent d’une carrière artistique, elle intègre en 1929 le Bauhaus de Dessau. Ce sont très probablement ses échanges avec sa professeure de dessin et artiste peintre Margarete Kubicka (1891-1984), qui donnent envie à la jeune Elsa Franke de se tourner vers une formation résolument moderne. En effet, M. Kubicka, épouse du peintre expressionniste Stanislaw Kubicki (1889-1942), est très proche des milieux avant-gardistes berlinois, notamment des dadaïstes. Lors de son premier semestre au Bauhaus, E. Thiemann suit les cours de Josef Albers (1888-1976) et de Vassily Kandinsky (1866-1944), puis de Paul Klee (1879-1942) et de Joost Schmidt (1893-1948) dans le département de la presse et de la publicité. En 1930, elle rejoint celui de la photographie dirigé par Walter Peterhans (1897-1950). Elle obtient en 1931 son diplôme, avec d’autant plus de mérite que les étudiantes parvenaient rarement au bout de cette formation biennale.
Dans les années 1930, son travail photographique abstrait se décline en deux rubriques. La première comporte des photographies s’inscrivant dans les codes esthétiques de la Nouvelle Objectivité. La seconde comprend des photogrammes devant servir de modèles pour les papiers peints produits par le Bauhaus et l’usine Gebrüder Rasch d’Hanovre. Leur esthétique rejoint davantage celle de la Nouvelle Vision.
Dans un cas, elle met en pratique l’enseignement rigoureux et l’approche scientifique de la photographie reçus par son professeur W. Peterhans ; de l’autre, elle abandonne l’appareil photographique pour mettre au point des compositions à visée ornementale dont elle retravaille les motifs à l’encre blanche, et dont une partie pouvait être colorée. Ses Rätselbilder [Images énigmatiques] présentent des objets du quotidien capturés par l’appareil grâce à un cadrage serré. Ces angles de vue audacieux sont à l’origine d’une esthétique surprenante qui rappelle les débuts de l’abstraction photographique : les objets sont présentés au spectateur sous un jour qui fait ressurgir la complexité de leurs textures et leur matérialité dans toutes leurs nuances et leurs contrastes. Pour ses esquisses de papier peint, l’artiste utilise des fleurs, des plumes, des tiges ou encore des fruits, dont l’agencement symétrique et régulier, pour répondre aux règles de composition d’un papier peint, constituait un véritable défi et le trait original des compositions.
L’artiste met fin à ses activités photographiques en 1960, lorsque son mari, le peintre Hans Thiemann (1910-1977), devient professeur à l’École des beaux-arts de Hambourg.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021