Feliza Bursztyn, cat. expo., Museo de Arte Moderno, Bogota (mars 1974), Bogota, Museo de Arte Moderno, 1974
Las camas, Museo de Arte Moderno La Tertulia, Cali, 1974
→Feliza Bursztyn: Baila mecanica, Museo de Arte Moderno La Tertulia, Cali, 1979
→Feliza Bursztyn: Elogio de la chatarra, Museo Nacional de Colombia, Bogota, 2009
Sculptrice colombienne.
Feliza Bursztyn est née de parents juifs polonais immigrés en Colombie. Son père possède une fabrique textile prospère, ce qui permet à la jeune femme de faire des études, à Bogota d’abord, puis à l’Art Students League à New York et enfin à l’académie de la Grande Chaumière à Paris. En 1960, elle installe son atelier dans une des salles de la manufacture paternelle. Très tôt, à la suite de sa rencontre avec le sculpteur César (1921-1998), membre des nouveaux réalistes, elle travaille avec des chutes de métal et d’autres matériaux de rebut, faciles à obtenir. La présentation de la première de ses onze chatarras (sculptures faites de ferraille), en 1961, lui vaut un jugement acerbe de la part de Walter Engel, l’un des critiques d’art les plus influents de Colombie. Cependant, quand elle organise sa deuxième exposition en solo en 1964, W. Engel et ses collègues se sont ravisé·e·s et portent désormais un nouveau regard sur le rebut comme moyen d’expression artistique. En 1965, F. Bursztyn remporte le premier prix de sculpture au XVIIo Salón Nacional. En 1967, elle dévoile une nouvelle œuvre, en acier inoxydable et porteuse d’une dimension cinétique, qu’elle nomme Las Histéricas [Les hystériques]. Cet ensemble de sculptures motorisées trouve parfois place dans un environnement immersif qui inclut, outre un grand bruit mécanique, un court-métrage, intitulé Hoy Feliza [Aujourd’hui Feliza], réalisé par le cinéaste expérimental Luis Ernesto Arocha (1932-2016).
Dans les années 1970, F. Bursztyn embrasse pleinement les perspectives ouvertes par l’art cinétique et le multimédia avec deux œuvres majeures : la série Las Camas [Les lits, 1974] et La Baila mecánica [La danse mécanique, 1979]. Exposée pour la première fois au Museo de Arte Moderno de Bogota, Las Camas est composée de treize lits motorisés, où des formes étranges se meuvent de façon suggestive sous des draps de satin, sur une bande-son composée par la musicienne expérimentale Jacqueline Nova (1935-1975). Pour La Baila mecánica, F. Bursztyn conçoit sept hautes sculptures verticales, semblables à des corps couverts de tissus. Comme les lits, les figures « dansent » au son de la musique, tandis qu’un éclairage théâtral renforce l’effet de représentation. Certains ont alors vu dans ces créations un discours politique contre l’État et l’Église, ce qui ne présageait rien de bon pour F. Bursztyn. En 1981, après deux séjours à Cuba, elle est arrêtée et interrogée deux jours durant par l’armée. Une fois relâchée, elle demande l’asile politique au Mexique avant de s’installer à Paris, où elle meurt d’une crise cardiaque en 1982, dans sa quarante-neuvième année. Son œuvre est aujourd’hui conservée dans des collections privées ainsi que dans des musées, tels le Museo de Arte Moderno, le Museo Nacional de Colombia et le musée du Banco de la República, tous situés à Bogota, ou encore la Tate Modern, à Londres.
© Radical Women: Latin American Art, 1960-1985
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions