Janicot Françoise, Photographies, Issy-les-Moulineaux, Loques, 1984
→Janicot Françoise, L’Œil, la main, Romainville/Paris, Al Dante/Vilo, 2006
Artiste multimédia et performeuse française.
Françoise Janicot se fait connaître au début des années 1960 par ses peintures cachées, informelles, de teinte grise, recouvertes de bandes de sparadrap, qui font du tableau l’équivalent d’un corps blessé. Entre 1959 et 1967, elle expose en solo des toiles monochromes chez Paul Facchetti à Paris, puis en 1966, à la Sala del Prado del Ateneo à Madrid. Elle prend part à des expositions de groupe, où l’abstraction est privilégiée. L’année 1968 est une période charnière : elle délaisse son outil de travail traditionnel, le pinceau, au profit de l’appareil photo, qui permet davantage de mobilité et de spontanéité. Ses photographies en noir et blanc de pendules arrêtées, de panneaux d’interdiction ou d’escaliers aux marches érodées désignent le faux pas, l’usure, l’accident. Elle est alors proche de poètes et d’écrivains tels que William S. Burroughs, Jean-Jacques Lebel, Brion Gysin, Allen Ginsberg et John Giorno. En 1972, elle accomplit sa première performance, intitulée Encoconnage, qui consiste à s’entortiller d’épaisse ficelle, de la tête aux pieds, jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Elle utilise comme fond sonore un enregistrement composé par son époux, Bernard Heidsieck. Les photos de la performance, et particulièrement celle de la tête, présentée comme coupée, apparaissent, en période de résurgence féministe, comme une incitation à prendre conscience du bâillonnement des femmes autant que de leur invisibilité culturelle.
Au cours des années 1980-1990, F. Janicot poursuit son travail de dessinatrice, de photographe et de performeuse, en prenant toujours pour appui le caché et le montré, et, par extension, l’être et le néant. Elle expose Ficelles, caches et papier blanc dans la galerie Lara Vincy à Paris, en 1996. Dans Hommage aux femmes pakistanaises (1998), d’abord accroupie au sol et enveloppée d’un tas informe de chiffons, elle se redresse avec effort à la verticale, tente d’arracher son voile, puis s’effondre. À la fin de sa carrière, davantage dans la méditation, F. Janicot se consacre à la photographie, en partant d’une simple forme en continuel devenir sous l’ombre et la lumière, ou bien à partir d’un ciel en perpétuel mouvement, selon le jour et l’heure.