Karskaya, cat. expo., Hanover Gallery, Londres (4 octobre – 2 novembre 1962), Londres, Hanover Gallery, 1962
Karskaya, Hanover Gallery, Londres, 4 octobre – 2 novembre 1962
→Karskaya, Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, Paris, 17 juin – 14 août 1980
→Hommage à Karskaya pour le centenaire de sa naissance, abbaye de Beaulieu, Centre d’art contemporain, Centre des monuments nationaux, 5 juin – 2 octobre 2005
Peintre russe.
Née en Bessarabie, la jeune Ida Schreibman part en 1922 de cette région moldave, aux influences ukrainiennes, roumaines et judéo-slaves, pour la Belgique où elle étudie la médecine. En 1924, elle est à Paris et se spécialise dans la psychiatrie. Elle fréquente la bohème russe, est une proche amie du poète Boris Poplavski, amoureux de sa sœur Dina Grigorievna. En 1930, elle épouse le peintre et journaliste Serge Karsky. Dans les années 1930, elle se met à la peinture et, en 1936, expose au Salon des Tuileries. Elle est attentive aux débats intellectuels et philosophiques de l’émigration russe (les philosophes Berdiaev et Chestov, les soirées littéraires de « La Lampe verte » du couple Zinaïda Hippius-Mérejkovski), fréquente Soutine qui l’encourage à persévérer dans l’art pictural ; leur amitié durera jusqu’à la mort du peintre juif biélorusse. Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle peint des foulards et des écharpes. Jean Paulhan l’aide, en 1942, à trouver refuge dans le Sud de la France avec sa famille. Sa première exposition personnelle a lieu à Montpellier à la galerie Favier en 1943. Après 1945, elle se mêle aux milieux littéraires parisiens. En 1946, la galerie parisienne Pétridès organise une exposition dont le catalogue, Portraits de viande, est préfacé par Francis Carco. À la galerie Breteau en 1949, elle expose 20 jeux nécessaires – 40 gestes inutiles (le catalogue contient des textes de J. Paulhan, H. Calet, M. Bernard, F. Ponge et M. Nadeau). Ses tableaux sont alors abstraits ; elle les regroupe en cycles. Dans les années 1950, elle intègre sur les surfaces différents objets (fils de fer, feuilles, écorces, fragments d’objets).
À partir des années 1960, ce sont des morceaux de poupées qui occupent ses œuvres. Suivront des expositions portant des titres originaux : Gris quotidiens (1959, galerie La Roue), Peintures, collages, objets (1962, galerie Karl-Flinker – le catalogue contient des textes de J. Paulhan et de Geneviève Bonnefoi), Les Invités de minuit, en collaboration avec Esther Hess (1965, galerie La Roue). L’artiste a fait l’objet de deux rétrospectives, en 1972 à l’abbaye de Beaulieu, et en 1980 à la fondation des Arts graphiques et plastiques, à Paris. I. Karskaya a créé un monde pictural, une galerie de reliefs et de sculptures où se mêlent subtils raffinements et paroxysmes barbares. Cette manipulatrice annonce les « faiseuses » ultérieures, une Annette Messager, par exemple. Elle se passionne pour le bric-à-brac, les objets de rebut. Son prisme pictural est le gris, ce « gris quotidien » qui n’appartient qu’à elle, un gris de cendre où le noir et le blanc sont les acteurs principaux, un gris lumineux ouvrant sur des paysages métaphysiques, un gris de terre à la banalité sublime.