Letícia Pereira, A Iemanjá de Judith Bacci : um estudo sobre a conservação e a restauração da escultura da orixá em Pelotas-RS [La Iemanjá de Judith Bacci : une étude sur la conservation et la restauration de la sculpture de l’orisha à Pelotas], travaux de fin d’études, diplôme de conservation et de restauration des biens culturels mobiliers, ICH/UFPel, 2018.
→Letícia Pereira, A identidade representada, da espiritualidade à materialidade : a arte umbandista de Judith Bacci [L’identité représentée, de la spiritualité à la matérialité : l’art umbandiste de Judith Bacci], master en mémoire sociale et patrimoine culturel, ICH/UFPel, 2018.
→Letícia Pereira, Arte, realismo e religiosidade na obra de Judith Bacci : um patrimônio a ser preservado [Art, réalisme et religiosité dans l’œuvre de Judith Bacci : un patrimoine à préserver], UFPel, 2011.
Presença Negra no MARGS. Itinerância Sesc-RS, Museu de Arte Leopoldo Gotuzzo (MALG), Pelotas, septembre-octobre 2022.
→Presença Negra no MARGS [Présence Noire au MARGS], Museu de Arte do Rio Grande do Sul (MARGS), Porto Alegre, mai-août 2022.
→Retrospectiva de escultura da artista plástica Judith da Silva Bacci [Rétrospective de sculpture de l’artiste Judith da Silva Bacci], Projeto Kizomba – a Festa da Raça, Galeria Municipal de Arte da Fundapel, mai 1988.
Sculptrice brésilienne.
Judith da Silva Bacci est une sculptrice afro-brésilienne autodidacte. Gardienne de l’Escola de Belas Artes de Pelotas (EBA) depuis sa création en 1949, elle vit avec sa famille au sein de cette institution et y possède même un petit restaurant. Cette proximité physique avec le milieu artistique suscite chez J. Bacci un vif intérêt pour la sculpture. Au cours des années 1960, elle entreprend une production de petites assiettes décoratives en plâtre qu’elle vend afin de compléter ses revenus, base de la subsistance familiale. Peu à peu, elle perfectionne sa technique. Elle réalise des sculptures, principalement en plâtre, et développe des premiers bustes représentant des personnalités locales et nationales importantes, comme celui de Marina de Moraes Pires (non daté), fondatrice et première directrice de l’EBA de Pelotas.
Dans les années 1970, ses missions au sein de l’école dépassent sa fonction de gardienne et elle assiste des étudiant·e·s dans le modelage de leurs œuvres. Elle intègre finalement l’atelier de céramique de l’EBA en tant qu’assistante-professeure des cours de sculpture. En mars 1985, Tancredo Neves, président du Brésil tout juste élu, tombe malade. J. Bacci lui rend hommage en sculptant son buste à partir de photographies : cette création est diffusée dans la presse locale et la fait connaître au-delà des murs de l’école.
Pratiquant les religions afro-descendantes de l’umbanda et du candomblé, J. Bacci crée plusieurs sculptures à thématique religieuse. On peut citer notamment une sculpture de Iemanjá (sans date), mère de tous les orishas, reine du monde aquatique et protectrice des pêcheurs. Celle-ci est utilisée par la communauté des croyant·e·s lors des fêtes consacrées à la divinité au Balneário dos Prazeres, situé sur le bord de mer de Pelotas.
En 1988, J. Bacci bénéficie d’une rétrospective de ses trente ans de carrière à la Galeria Municipal de Arte de Pelotas. L’exposition rassemble trente-deux œuvres produites par l’artiste, dont Mãe Preta Amamentando Menino Branco [Mère noire allaitant garçon blanc, 1988], réalisée pour commémorer les cent ans de l’abolition de l’esclavage au Brésil.
Femme noire, pauvre et autodidacte, J. Bacci a défié les probabilités malgré l’anonymisation régulière de ses œuvres présentées lors d’événements artistiques ou son exclusion par certain·e·s professeur·e·s de l’EBA de leur salle de cours de peur qu’elle n’écoute trop attentivement leurs démonstrations. Figure de résilience, l’artiste a porté le poids d’une époque, d’une société et de ses préjudices tout en produisant des sculptures qui sont devenues marqueurs identitaires pour la ville de Pelotas. Ses bustes et ses images religieuses ont, depuis les années 2010, gagné en popularité au Brésil et une attention académique est désormais portée à son parcours exceptionnel.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
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