Shish, Khen, Mirrors, Bruges, Die Keure, 2019
→Shish, Khen, I Didn’t Have the Heart to Wake you, cat. expo., Gordon Gallery, Tel-Aviv (octobre–novembre 2013), Tel-Aviv, Gordon Gallery, 2021
→Shish, Khen, I Was Kidnapped by Indians, cat. expo., The Art Gallery, Université de Haïfa, Haïfa (10 novembre – 22 décembre 2006), Haïfa, The Art Gallery, Université de Haïfa, 2006
Peintre gestuelle israélienne.
Fille d’immigrés tunisiens, Khen Shish grandit au sein d’une famille juive traditionnelle. Elle obtient une licence d’art à l’Oranim Academic College de Kiryat Tivon en 1995 et un master à l’académie d’art et de design Bezalel de Jérusalem en 1999. Elle vit et travaille à Tel-Aviv.
Dès le début de sa carrière, K. Shish insuffle à sa pratique une tonalité féminine puissante et extravertie, en y incorporant souvent des processus créatifs exigeants. Ses premières installations, Khen-Djamila (1999-2002), Birthday (2003) et Nerves Sing (2008), pour n’en citer que quelques-unes, prennent la forme d’environnements totaux qui associent peinture, dessin, papier collé, moniteurs et objets, tout en faisant usage de matériaux de papeterie et mercerie plus humbles : ruban de masquage, papiers d’emballage dorés, autocollants, photocopies et rubans rouges. Au départ, l’utilisation de ces matériaux répond à une absence de choix, à un désir de créer, peu importe ce qui se trouve à portée de main. Ce n’est que plus tard que ce choix deviendra conceptuel et esthétique.
La peinture expressionniste-baroque-romantique de K. Shish se caractérise par la répétition et la superposition de touches expressives, qu’elle étale directement à partir du tube ou au doigt. Cette spontanéité turbulente se développe en parallèle de dessins délicats et poétiques aux lignes épurées. Que ce soit sur papier, toile ou carton de récupération, ou à une échelle monumentale ou réduite, chacune des lignes et chacun des coups de pinceau de K. Shish sont imprégnés d’aspects autobiographiques. Au fil des années, K. Shish élabore un lexique visuel qui constitue dans le même temps son style caractéristique et une mythologie personnelle. Ses œuvres comportent des symboles récurrents et des formes et créatures à la fois humaines et animales qui configurent son langage pictural – œil-larme-feuille-bateau, cœur horizontal, fleur tordue, vase sans fond, oiseau gestant ou corbeau en pleurs. À travers ces éléments, elle aborde le thème de la beauté et invente une nouvelle syntaxe à la frontière du sublime et du banal.
L’œuvre de K. Shish met souvent en jeu ses origines juives mizrahim (Afrique de l’Est et du Nord), son identité et son féminisme. Outre le rouge, le rose, le doré et le blanc, son travail est le plus souvent associé à son usage de la couleur noire. Sa teinte de noir est profonde, brûlée, charbonneuse, à l’image des facettes à la fois manifestes et secrètes de sa vie. Son choix du noir n’est pas qu’esthétique : il s’agit également d’une prise de position politique subversive et émotionnelle. Dans ses autoportraits (collages photo), comme Gouging the Queen’s Eyes Out (2006), elle se représente les yeux crevés ou noircis et la bouche recouverte d’adhésif. Dans son tableau Rather Nice (2003), elle associe une image de la Première ministre Golda Meir à la phrase « Rather nice » en lettres rouges – paraphrase sarcastique du tristement célèbre commentaire de G. Meir sur les Black Panthers israéliens en 1971 : « Ils ne sont pas convenables ». Parmi les autres œuvres de K. Shish, on trouve également des tableaux à la peinture acrylique noire, ainsi que des collages sur papier et carton, attachés à des bâtons à la manière de drapeaux noirs ou de pancartes militantes, comme When the Sun Vanishes (2020). La couleur noire est omniprésente dans le discours politico-artistique de K. Shish, à la fois en tant qu’élément structurant et vecteur de questionnement profond.
K. Shish a reçu de nombreux prix au cours des années, notamment le Prix de peinture décerné par la fondation Landau en 2013. Ses œuvres sont exposées dans les musées et galeries du monde entier et sont présentes au sein de plusieurs collections publiques et privées.
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