Yllia, María Eugenia, « Ensanchar las fronteras invisibles : las artistas indígenas, campesinas y rurales en Perú » [Repousser les frontières invisibles. Les artistes autochtones, paysannes et rurales au Pérou], in Miguel A. López (dir.), Hay algo incomestible en la garganta. Poéticas antipatriarcales y nueva escena en los años noventa [Quelque chose d’immangeable en travers de la gorge. Poétiques antipatriarcales et nouvelle scène des années 1990], Lima, ICPNA, 2021, p. 226-236
→Casaverde, María Belén Soria, « La Amazonia en el quehacer del Seminario de Historia Rural Andina (1977-2015) » [L’Amazonie dans la production du Séminaire d’histoire rurale andine], ISHRA. Revista del Instituto Seminario de Historia Rural Andina, vol. 1, no 1, juillet-décembre 2016, p. 101-128
→Canayo, Lastenia, Los dueños del mundo shipibo [Les dueños, maîtres du monde shipibo], Lima, Fondo Editorial de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos, 2004
Dar forma al tiempo. Miradas contemporáneas a la cerámica precolombina [Donner forme au temps. Regards contemporains sur la céramique précolombienne], Museo de Arte Contemporáneo, Lima, 5 avril – 25 août 2019
→Los dueños del mundo Shipibo/Conibo [Les dueños, maîtres du monde shipibo-conibo], salle d’exposition du Colegio Real, Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima, 2004
→Madres/Niñas. Exposiciones de pintura popular [Mères / filles. Expositions de peinture populaire], musée d’Art San Marcos, Lima, 2000
Artiste shipibo-conibo.
Lastenia Canayo García a également pour nom Pecón Quena, qui veut dire en langue shipibo « celle qui appelle les couleurs ». Comme beaucoup de femmes shipibos-conibos, c’est auprès de sa mère, Maetsa Rahua, qu’elle apprend l’art du kené sous forme de peinture, de broderie et de céramique. Le mot shipibo kené signifie « dessin » et renvoie aux innombrables motifs géométriques qui matérialisent l’énergie des plantes maîtresses et manifestent une vision du monde où la vie humaine, la nature, le territoire et les êtres spirituels existent de manière réciproque et complémentaire. Le kené ne s’apprend pas en copiant un dessin ; il surgit de visions nées de l’utilisation de boissons et plantes psychotropes comme l’ayahuasca et le piri-piri.
L. Canayo suit sa formation primaire et secondaire dans un collège de Yarinacocha, à l’extrémité orientale du Pérou. Son travail artistique rencontre la reconnaissance lorsqu’elle est invitée à participer au Séminaire d’histoire rurale andine (SHRA), fondé par l’historien Pablo Macera en 1966. L. Canayo est intégrée à un projet de recherche sur les traditions orales amazoniennes initié en 1997, qui propose des collaborations entre narrateur·rice·s et peintres autochtones. En 2000, elle participe à l’exposition Madres/Niñas [Mères / filles], qui met en valeur les courts récits partagés par les mères autochtones avec leurs filles, mode de préservation de la mémoire de leurs communautés. Dans ce contexte, elle développe de nombreux dessins de dueños [maîtres], esprits gardiens des animaux, des plantes et de divers objets du territoire amazonien. Ce travail est exposé au musée d’Art de San Marcos en 2004.
Par la suite, L. Canayo évoque à nouveau ses dueños dans des peintures, des broderies, des sculptures sur bois et des céramiques. Ces représentations témoignent par centaines du vaste répertoire des forces qui agissent sur le monde dans la vision des Shipibos. Avec le SHRA, elle présente des expositions et publie trois livres de ses récits, qui mettent en évidence les types de communication qui unissent formes humaines, animales et spirituelles et ont connu un fort écho dans le débat anthropologique, social, écologique, politique et artistique. En 2014, le ministère péruvien de la Culture lui a décerné le titre de « personnalité culturelle méritante ».
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023