Caroline P. Murphy, Lavinia Fontana. A Painter and Her Patrons in Sixteenth-Century Bologna, New Haven, Londres, Yale University Press, 2003
→Maria Teresa Cantaro, Lavinia Fontana bolognese « pittora singolare » 1552-1614, Milan, Rome, Jandi Sapi Editori, 1989
→Romeo Galli, Lavinia Fontana pittrice 1552-1614, Imola, Galeati, 1940
Lavinia Fontana. Trailblazer, Rule Breaker, National Gallery of Ireland, Dublin, 6 mai-27 août 2023, sous la dir. de Aoife Brady
→Lavinia Fontana of Bologna, The National Museum of Women in the Arts, Washington, 5 février-7 juin 1998, sous la dir. de Vera Fortunati
→Lavinia Fontana 1552-1614, Museo civico archeologico, Bologne, 1er octobre-4 décembre 1994, sous la dir. de Vera Fortunati
Peintre italienne.
Lavinia Fontana est l’artiste italienne active à la fin de la Renaissance dont survivent le plus d’œuvres au monde. Son catalogue compte environ cent trente tableaux, conservés dans les institutions du monde entier et dans des collections particulières.
L. Fontana naît de l’union entre Antonia di Bartolomeo De Bonardis et Prospero Fontana (1512-1597), peintre de renom actif à Bologne et à Rome, au service du pape Jules III. Elle se forme auprès de son père dans les années 1560. Il l’éduque selon les principes moraux et les normes sociales imposés par la contre-Réforme et développés dans les réflexions du cardinal Gabriele Paleotti, dont il est proche. En 1577, la jeune femme épouse Giovan Paolo Zappi (1555-1615), un peintre mineur, élève de son père, issu d’une famille de marchands installés à Imola. Le contrat de mariage, signé par P. Fontana en présence de sa fille, établit que les époux doivent résider à Bologne, dans la maison paternelle, et que G. P. Zappi doit s’occuper de la gestion des revenus issus de l’activité de pittora [peintre] de son épouse. La jeune artiste peut donc officiellement continuer sa carrière après le mariage. À partir de cette date, L. Fontana ajoute souvent le nom Zappi à sa signature.
Mère de onze enfants nés entre 1578 et 1595, L. Fontana assure pendant cette période une intense activité artistique en tant que portraitiste, notamment de femmes des familles notables de la ville de Bologne, comme les Isolani, les Alidosi, les Boncompagni ou les Gozzadini (Portrait de la famille Gozzadini, 1584). Le Portrait de Costanza Alidosi (1595) montre la capacité de l’artiste à sublimer ces femmes dans des robes fastueuses. En parallèle à cette florissante activité, elle exécute des œuvres religieuses de petit et de grand format. En 1583, L. Fontana reçoit sa première commande publique, pour un retable destiné à la chapelle du magistrat dans le palais communal d‘Imola. Représentant l’Assomption de la Vierge avec saint Pierre Chrysologue et saint Cassien, cette peinture montre à quel point la tradition iconographique post-tridentine fusionne avec les nouveautés naturalistes expérimentées à cette époque dans l’atelier des Carrache, artistes bolonais de la même génération. Très attentive aux effets de lumière et à la description analytique des détails inspirés de la culture flamande, elle arrive à transformer certaines représentations sacrées en douces scènes de la vie quotidienne. La Naissance de la Vierge de l’église Santissima Trinità, à Bologne, et le dessin préparatoire appartenant aux collection du Louvre, exécutés vers 1590, illustrent son geste appliqué et les rendus de ces effets chromatiques.
L. Fontana est très appréciée par certains membres de l’université de Bologne, parmi lesquels Carlo Sigonio (Portrait, vers 1578), par des érudits, par des représentants du clergé et des théologiens comme Alfonso Chacón. Sa renommée s’étend au-delà de sa ville natale, sur les territoires toscans du Granducato de Florence, où elle travaille pour le cardinal Ferdinando de’ Medici et pour Alfonso Lorenzo Strozzi, et de Rome.
Après la mort de son père en 1597, le couple Fontana-Zappi est enfin libre de se déplacer. L. Fontana est ainsi documentée à partir de 1604 à Rome, où elle réside pendant les dix dernières années de sa vie. En 1611, on dédie à cette peintre de renom une médaille qui la représente de profil, très élégante et austère. Sur l’autre face, une figure allégorique personnifie l’artiste assise à son chevalet, saisie dans l’élan du geste créatif. En 1613, un an avant sa mort, elle réalise deux versions d’une surprenante Minerve nue en train de s’habiller, dont la blancheur de la peau contraste avec la lumière tamisée de la pièce et la luisance des armes posées aux pieds de la déesse.
Marcello Oretti est le premier auteur à lui dédier une biographie à part entière (Notizie de’ Professori del disegno, cioé dei pittori, scultori et architetti bolognesi e de’ forestieri di sua scuola, 1760-1780, Bologne, Biblioteca Comunale dell’Archiginnasio, Ms B 124, cc 9-18).
Une notice réalisée en partenariat avec le musée du Louvre.
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